#MondeEnCommun / Comment l’AFD suit très attentivement les négociations COP et accompagne les projets Climat
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par Denis DESCHAMPS
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Aussi, l’AFD fait part de ses perspectives au regard des COP (conférence des parties signataires à la CCNUCC – convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique) et autres sommets (comme le « One Water Summit ») auxquels l’Agence est très étroitement associée.
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Un contexte global
plus tendu
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Le budget de l’AFD est en baisse sensible (diminution de 400 millions d’Euros), avec 25 % d’aide publique au développement (APD) en moins en 2024. Cependant, cette baisse, qui va nécessairement impacter la capacité d’action de l’Agence – avec des conséquences réelles sur le financement des projets en Afrique, en particulier ceux qui bénéficient de dons plutôt que de prêts, parce correspondant plus à des secteurs sociaux (santé, éducation) qu’économiques (eau, énergie…) – et également sa contribution aux organisations internationales, doit être rapportée à la forte augmentation, les années précédentes, des financements de l’AFD consacrés au développement et au climat.
Comme les autres banques du développement (en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède...), l’AFD est ainsi à la recherche de nouvelles ressources (comme l’augmentation du rendement des recettes de la taxe sur les transactions financières), sachant qu’elle est de plus en plus orientée sur le financement de projets de coopération « non bancables ». C’est pourquoi, comme le souligne Rémy Rioux, elle a besoin qu’un « cadre clair » lui soit effectivement redéfini dans le contexte des débats budgétaires à l’Assemblée nationale.
Aussi, s’agissant du climat et alors que le prix de la tonne de crédit carbone doit pouvoir encore augmenter pour être vraiment rentable, l’AFD comme les autres banques de développement (Banque mondiale, KFW…) doit pouvoir investir les marchés carbone jusqu’ici réservés aux investisseurs privés, pour financer des projets émetteurs des crédits carbone (par exemple, restauration de la mangrove…) et également contribuer à définir de nouveaux standards (une vigilance étant nécessaire sur l’intégrité de certains acheteurs), ainsi que des politiques publiques adaptées dans les pays hôtes des crédits carbone.
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Le rôle moteur
de la France et de l’AFD
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Même en l’absence d’accord sur le climat lors des COP et les conférences prévues en 2025, la France prendra toute sa part de responsabilités dans ce domaine, ne serait-ce que parce que, comme le précise Rémy Rioux, « la contribution de l’AFD d’un montant de 7,5 milliards (sur les 100 milliards auxquels les pays se sont engagés pour financer les climat) permet d’avoir un réel effet de levier sur la décarbonation (avec 3 milliards pour l’adaptation, 1 milliard pour la biodiversité…), en comparaison avec d’autres actions comme celles de la Banque islamique de développement ou de l’US Aid, qui sont plus axées sur les dons ».
Dans un contexte international devenu sensiblement plus difficile (avec une possible nouvelle sortie des États-Unis des Accords de Paris et une compétition des puissances pour l’imposition de standards sur la décarbonation et la transition), l’AFD joue un rôle indéniable en matière de financement de projets pour le climat (par exemple, l’accompagnement des territoires charbonniers en Afrique du Sud, moyennant le renforcement du dialogue entre parties prenantes) et de suivi des discussions sur le Climat.
Aussi, comme le rappelle Rémy Rioux, l’AFD joue un rôle indéniable dans la mise en œuvre de la Finance en commun, avec 50 % de son aide publique au développement (APD) qui est consacrée à 200 organisations internationales intervenant au niveau multilatéral.
En tout état de cause, l’AFD conserve, en lien avec l’équipe France, sa capacité de mobilisation de financements pour accompagner des projets de transition / transformation écologique (comme la lutte contre les déchets plastiques, le développement de parcs naturels en Éthiopie, une action partenariale sur le bassin du Congo…) dans le cadre de sa feuille de route axée sur le climat, la nature, la biodiversité et la planète
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Une, deux, trois COP…
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Les COP rassemblent des parties prenantes qui peuvent avoir des profils très différents et des intérêts distincts entre émetteurs de carbone et récepteurs de financements climat. Ainsi, la Russie participe bien aux travaux et est également signataire des accords sur le climat (comme à Dubaï), alors même que ses intérêts nationaux sont largement axés sur l’énergie fossile. La Russie est ainsi un émetteur de carbone, mais n’est pas pour autant un pays émetteur de financements climat (sachant toutefois qu’elle n’en reçoit pas non plus…).
On a également du mal, selon Thomas Melenio, Chef économiste de l’AFD, à faire la part des choses entre pays catégorisés comme vulnérables (à partir de critères qui sont relativement anciens) et ceux qui sont bénéficiaires de financements au titre du climat. Pour ne citer que cet exemple, les Émirats Arabes Unis (EAU) sont considérés comme un pays vulnérable, au même titre que le Sénégal et d’autres pays africains dont les recettes minières sont aujourd’hui en croissance sans que cela ne bénéficie vraiment aux populations et aux États concernés…
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Les COP devront ainsi se poser des questions sur la nécessaire actualisation de la liste des pays vulnérables (parmi lesquels on compte la Chine, la Turquie, Singapour…), et également sur les trajectoires de financement du climat (avec une définition des activités visées, qui sont souvent dans des domaines sociaux, considérés comme « non bancables »).
Comme le souligne Mathilde Bord-Lauans, Directrice du département Climat et Nature de l’AFD, on aura avec trois COP en 2025, trois rendez-vous successifs avec des ambiances très différentes à prévoir à Cali, Bakou et Ryad, pour ce qui devrait normalement contribuer à renouveler l’architecture de la finance mondiale du développement et de la transition (avec une nouvelle politique mondiale sur le climat) d’ici à la COP30 de Belem.
À Cali (Colombie), où plus de 196 pays participent actuellement (21 octobre au 1er novembre) à la COP16 sur la biodiversité, les discussions portent sur la finalisation du cadre défini à partir des engagements de financement (20 milliards promis d’ici à 2025), avec la création de nouveaux fonds et également le développement de nouvelles ressources tierces additionnelles pour financer le climat, au-delà de la contribution des États dont les ambitions doivent être affirmées. Mais on notera que seulement 20 pays se sont engagés depuis la dernière COP organisée à Montréal et ont fourni des plans nationaux pour la Biodiversité.
À Bakou, la COP29 Climat traitera du financement de la transition (pour rappel, 100 milliards) et de l’effort supplémentaire qui sera demandé aux contributeurs par rapport à leurs engagements.
À Ryad, la « petite COP » devrait porter sur la désertification, autrement dit le problème de la sécheresse et le plan d’action qui lui sera dédié.
Après cela, il y aura un « One Water Sumit » et une Conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC). Aussi, avant cela, un cinquième Sommet de la Finance en commun se tiendra au Cap en février 2025, avec l’ensemble des 530 banques de développement dans le monde, en même temps que le réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banques centrales du G20, en préparation de la quatrième conférence internationale sur le financement du développement, prévue à Séville en juin 2025.
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LA XVe CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS se tiendra le MARDI 26 NOVEMBRE 2024, à partir de 17 h, au Conseil supérieur du Notariat, 60 boulevard de La Tour-Maubourg, 75007 Paris, sur le thème :
« Les réalisations et projets de réseaux ferrés,
infrastructures d’avenir pour l’Afrique »
infrastructures d’avenir pour l’Afrique »
> SEM Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte
> SE Mme Samira SITAÏL, Ambassadeure du Maroc
> SEM Mohamed Yahya TEISS, Ambassadeur de Mauritanie
> SE Mme Guilhermina PRATA, Ambassadeure de l’Angola
ont déjà confirmé leur participation au panel.
Candidats panélistes experts et entreprises sponsors souhaitant participer, faites-vous connaître auprès de : contact@africapresse.paris
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