XIes Rencontres Internationales des PPP (Paris, 21-22 mars 2018)
Mohamed El Hamed, Directeur exécutif de la Banque nationale de Mauritanie : « Nous proposons à nos amis du G5 Sahel PPP de les accueillir à Nouakchott »
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Propos recueillis par Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris
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En Mauritanie, les PPP sont déjà une réalité, ainsi que vous l’avez souligné lors de votre intervention. Quelle fut la genèse de la création de votre Club PPP Mauritanie ?
Mohamed El Hamed - Il faut savoir que les membres fondateurs du Club PPP Mauritanie sont les dirigeants de notre Banque nationale. C’est d’abord notre président Mohamed Ould Noueigued qui en a eu l’idée, ayant constaté qu’il n’y avait malheureusement pas de cadre de concertation entre l’État et les acteurs économiques privés.
Parallèlement à notre démarche pour créer le Club, l’État mauritanien menait un travail afin d’élaborer une loi ad hoc, avec la volonté de promulguer rapidement les décrets. Tout cela a été réalisé dans des délais raisonnables, mais il s’est trouvé que nous avons créé le Club avant même la promulgation de la loi ! Tout s’est cependant bien passé.
Vous avez aussi affirmé votre grand intérêt pour les petits projets…
Mohamed El Hamed - En fait, dans cette partie de l’Afrique, les PPP sont surtout perçus comme un moyen de financer les infrastructures très importantes. Or, avant même la création du Club, nous avions organisé des rencontres, des ateliers d’échange avec de jeunes porteurs de petits projets, auxquels nous avons proposé de bénéficier de ce type de financement.
Ce fut une réussite bien concrète ! De ce fait, nous avons prouvé que le modèle PPP, au-delà de la vision habituelle, est également opératoire pour des projets certes modestes, mais socialement très utiles.
Cette démarche fructueuse a abouti en 2016 à la création du Club dont l’ancien ministre français de l’Économie et des Finances, Michel Sapin, nous a fait l’amitié d’accepter bénévolement la présidence d’honneur , ce dont toute l’équipe du Club PPP Mauritanie est particulièrement reconnaissante.
J’ajouterai que l’esprit d’ouverture à la société civile, qui a nourri notre démarche depuis le début, perdure aujourd’hui encore par la possibilité qui est toujours ouverte, aux citoyens qui le souhaitent, de proposer des projets de PPP spontanés, de leur propre initiative.
Des exemples de « petits projets » que vous avez soutenus en PPP ?
Mohamed El Hamed - Dans le domaine de la pêche, nous accompagnerons par exemple la mise en place d’une chaîne du froid par des véhicules frigorifiques à l’échelle des villages, afin que les produits halieutiques ou agricoles puissent garder leur fraîcheur.
Un autre bel exemple est celui de deux jeunes qui portaient un projet de distribution et de gestion d’eau et d’électricité dans les villages, sans aucune rupture d’approvisionnement. Un projet d’ailleurs épaulé par l’Agence française de développement [AFD], et qui a pleinement satisfait les villageois, car tous mettent un point d’honneur à s’acquitter de leur facture. Cela mérite d’être souligné !
De gauche à droite : Mohamed El Hamed, Directeur exécutif de la Banque nationale de Mauritanie ; SE l’Ambassadeur Jean-Marc Châtaigner, Envoyé spécial pour le Sahel ; Marc Teyssier d’Orfeuil, DG du Club PPP. © AM/AfricaPresse.Paris
Quels sont les grands projets PPP prévus, ou en chantier ?
Mohamed El Hamed - Certains projets importants visent la mobilisation de centaines de millions d’euros. Parmi ceux-ci, je citerai en particulier celui portant sur le stockage des hydrocarbures en Mauritanie. Un PPP à plusieurs dizaines millions de dollars, dont l’implantation se fera sur Nouadhibou, notre capitale économique, avec une extension à Nouakchott. Un autre grand projet en PPP est celui de la route qui doit relier Nouakchott à la ville de Boutilimit, sur près de 200 km. Ces projets sont déjà « dans le pipe » comme on dit ! et sont consultables sur le site du ministère des Finances.
Et vous, la Banque nationale de Mauritanie, en quelle manière êtes-vous actif sur les PPP ?
Mohamed El Hamed - Bien sûr, nous serons présents et actifs dans les projets PPP. À ce sujet, il faut noter que notre banque a investi pour 80 millions de dollars dans la construction de l’aéroport international de Nouakchott-Oumtounsy, qui est en exploitation depuis juin 2016.
Certes, le financement s’est produit avant la création officielle du Club PPP Mauritanie et la promulgation de la loi relative. Ce n’est pas un projet PPP à proprement parler… mais cela lui ressemble beaucoup : nous avons en effet opéré à l’époque un montage assez original et profitable, l’État mauritanien n’ayant pas eu à débourser un seul centime ! Il a seulement donné du foncier.
Votre dispositif légal et réglementaire sur les PPP est-il à maturité ou faut-il encore l’optimiser, comme on sait que c’est le cas dans certains pays ?
Mohamed El Hamed - Je crois que nous avons une bonne loi et de bons décrets d’application. Cela dit, bien sûr nous savons que nous en sommes au début, et tout cela est appelé à mûrir.
L’idée nouvelle que je trouve très intéressante, c’est de vouloir fédérer les pays du G5 Sahel en un seul Club G5 Sahel et avoir à l’esprit qu’il faut encore aller au-delà. Cela demande du temps. Nous sommes au début d’un processus dont nous devons poser des fondations solides pour garantir les réussites futures.
Nous disposons actuellement de tous les moyens juridiques pour aller vers le concret. Et pour briser cette défiance qui a toujours existé entre les secteurs public et privé, le mieux est de faire en sorte que les PPP soient des réussites !
Vous vous projetez comme un partenaire très actif du G5 Sahel PPP, vous invitez vos amis chez vous… Et quelles autres implications ?
Mohamed El Hamed - D’abord, nous croyons beaucoup à ce G5 Sahel PPP que nous percevons comme un accélérateur pour le développement de notre région, ce qui est une nécessité extrêmement importante.
D’autre part, la Mauritanie a fait de grands efforts en matière de sécurité, et notre pays est maintenant sécurisé.
Enfin, ces dernières années la Mauritanie a acquis une réelle expérience en matière de PPP, nous devons le reconnaître, sans fausse modestie.
Pour toutes ces raisons, il me paraît légitime que nous proposions d’accueillir dans notre capitale nos amis de la région, dont certains sont encore au tout début du processus des PPP, y compris pour élaborer une loi.
Partager notre expérience de club PPP avec nos voisins proches nous permettra à tous d’aller de l’avant plus vite, et ensemble.
Vous serez donc le chef de file naturel de ce G5 Sahel PPP ?
Mohamed El Hamed - Si vous le dites…
Une vue de la salle des participants aux XIes Rencontres Internationales des Partenariats Publics Privés (Paris, 21-22 mars 2018). © AM/AfricaPresse.Paris
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