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Modibo Keita, PDG de GDCM et l’un des premiers opérateurs agricoles du Mali : « Ceux qui veulent s’associer sont les bienvenus ! »

24 décembre 2017
Modibo Keita, PDG de GDCM et l'un des premiers opérateurs agricoles du Mali : « Ceux qui veulent s'associer sont les bienvenus ! »
PDG de GDCM (Grand Distributeur de Céréales du Mali) après avoir fondé en 2006 les Moulins modernes du Mali, Modibo Keita se définissait lui-même il y a quelques années comme « un simple vendeur de riz qui travaille du matin au soir et qui crée des emplois pour son pays ». Présent et actif dans l’agriculture comme le transport, l’industrialisation ou le commerce, cet autodidacte est aujourd’hui l’une des plus grosses fortunes du pays. Pour attirer les investisseurs au Mali, il constitue donc un bel exemple de réussite professionnelle et économique.

Propos recueillis à Bamako par Bruno FANUCCHI et Florence PAQUE

Le parcours de Modibo Keita témoigne qu’il est possible de réussir dans les affaires et de changer le visage du Mali si l’on s’en donne les moyens. Et l’agriculture, où il convient de passer de l’exploitation familiale traditionnelle à en une industrie agro-alimentaire rentable, est assurément une priorité pour l’économie du pays. D’où ce focus sur Modibo Keita, qui en est l’un des principaux acteurs.

Comment avez-vous commencé dans l’agriculture ?

Modibo Keita - À la suite de la crise mondiale et alimentaire en 2008, les Moulins modernes du Mali avaient arrêté l’exportation du riz. En Afrique, tout le monde était inquiet et le Mali a pris l’initiative d’augmenter sa production de riz, cherchant à atteindre l’autosuffisance.

Au Mali, nous avons un potentiel agricoleimportant, avec plus de 2 millions d’hectares. Depuis 2008, nous sommes dans l’agriculture, on fait des recherches et on développe. Et – Dieu merci ! – les résultats sont là : nous faisons 30 à 50 tonnes à l’hectare pour la pomme de terre, 80 à 100 tonnes pour la carotte et 5 à 7 tonnes pour le blé.

Et en termes de marché extérieurs ?

Modibo Keita - On ne fait que 30.000 tonnes et c’est encore insuffisant pour le marché malien. On exporte certes quelques camions vers le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, les pays voisins, mais – pour l’instant – notre capacité de production agricole ne suffit pas pour le Mali. Nous sommes en train de trouver d’autres solutions pour faire plus.

Car nous ne cultivons que 1.000 hectares de pommes de terre, ce qui nous donne 30.000 à 50.000 tonnes. L’agriculture, cela rapporte, mais il y a de gros risques. On verse des milliards dans la terre et on attend ! En espérant de bonnes récoltes...

On dit que vous êtes l’une des principales fortunes du pays ?

Modibo Keita - Au Mali, il y a beaucoup de fortunes... (rires), on travaille beaucoup. Et, vu l’enclavement du Mali, nous avons créé une société de transport, car sans cela on ne peut rien faire. Comme j’importe beaucoup, je dois développer le transport… Mais on fait aussi la farine, la tomate concentrée, les sucres à Gao, les pâtes, l’aliment pour le bétail. Nous sommes dans la production et le commerce.

Pour quel chiffre d’affaires ?

Modibo Keita - C’est confidentiel. Au minimum, c’est 100 milliards de francs CFA, mais je ne vous en dirai pas plus...

Votre but n’est-il pas aussi de créer des emplois ?

Modibo Keita - Notre groupe fait travailler plus de 800 personnes en emplois directs, auxquels il faut ajouter quelque 400 saisonniers lors des différentes récoltes. Chaque année, on crée de nouveaux emplois – on en prévoit 500 de plus en 2018 – car on étend notre activité.

Quels seraient les investissements prioritaires pour le Mali ?

Modibo Keita - En dehors de l’agriculture, je pense bien entendu à l’énergie car nous avons besoin de 500 megawatts au moment des pics. Or l’énergie du Mali n’augmente que de 40 à 50 megawatts par an. Il faut donc investir dans ce secteur.

Quels sont vos besoins en termes d’investissements et de partenaires étrangers ?

Modibo Keita - On se débrouille seuls. J’ai eu 40 milliards de FCFA auprès de la BAD, de la BOAD et de la Banque Atlantique, mais j’ai mis le reste sur mes fonds propres, en apport personnel. Mais le secret de ma réussite, c’est de bien étudier les dossiers.

Quels sont vos nouveaux objectifs d’ici à cinq ans ?

Modibo Keita - Je veux me consacrer au développement de ce qui existe, car il y a encore beaucoup à développer. L’État m’a donné 20.000 hectares à l’Office du Niger. On va donc y produire ce que l’on fait déjà : pommes de terre, blé, maïs, carottes, oignons et riz bien sûr.

Seriez vous intéressé par des entreprises étrangères voulant investir à vos côtés ?

Modibo Keita - Ceux qui veulent s’associer sont les bienvenus. On a toujours besoin d’aide pour la formation de spécialistes et d’agronomes, que l’on n’a pas sur place et qui viennent enrichir la filière. Au Mali, il y a plus d’un million d’hectares d’espaces irrigables, où rien n’a été fait depuis 1920 et l’époque de la colonisation.

Un message pour conclure ?

Modibo Keita - Je veux dire aux Maliens que seul le travail paie ! La valeur travail n’est pas suffisamment ancrée, c’est cela le problème. Or il nous faut développer le Mali et son économie. La connaissance est sous nos pieds, mais pour la mettre en valeur il faut que les investisseurs viennent pour que nous puissions faire face à la démographie, qui représente une véritable bombe, et à la pauvreté... en essayant de donner du travail pour tous.

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