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Miguel Angel Moratinos : « À ce jour, le bilan
de l’UPM est celui de notre échec collectif ! »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 29 janvier 2011 | src.LeJMED.fr
Miguel Angel Moratinos : « À ce jour, le bilan de l'UPM est celui de notre échec collectif ! »
Paris -

À Paris, où il participait vendredi 28 janvier au dîner du Comité de parrainage politique de l’IPEMED, en compagnie de nombreuses personnalités, l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères a commenté les malheurs de l’UPM, les retombées du « tunisami » sur les relations euromed, et esquissé les conditions du rétablissement de la crédibilité des Européens au regard des pays sud-méditerranéens.

Photo ci-dessus : Miguel Angel Moratinos durant son intervention devant le Comité de parrainage politique de l’IPEMED, à Paris, vendredi 28 janvier 2011. © LeJMED.fr - janvier 2011


Miguel Angel Moratinos durant son intervention devant le Comité de parrainage politique de l’IPEMED, à Paris, vendredi 28 janvier 2011. Autour de lui, on reconnaît notamment Hubert Védrine (à droite), ancien minsitre français des Affaires étrangères, et Georges Corm (au centre), ancien ministre libanais des Finances. © LeJMED.fr - janvier 2011

Pour l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, et quelles que soient les évolutions de la Révolution du Jasmin et de l’insurrection égyptienne, rien ne sera plus jamais comme avant dans les sociétés arabes, où « un vrai changement, que l’on ne savait pas identifier en Occident », est à l’œuvre, car, « grâce au courage des Tunisiens », les populations sont en train de faire tomber leur « mur de Berlin »…

Cette vague de fond, ce « tunisami » – selon le néologisme inventé ces jours-ci en Égypte et qui se répand rapidement sur Twitter (cf. : #tunisami) – bouleversera la géopolitique en Méditerranée, où un jour peut-être « on aura des démocraties, des interlocuteurs » pour (re)construire le partenariat Nord-Sud.

En attendant, constate Miguel Angel Moratinos, « au niveau politique, institutionnel, rien ne marche dans l’UPM ! » Idem côté Union européenne, où l’on n’observe « aucune initiative pour réagir à la situation nouvelle, stratégique pour l’avenir de l’Europe, née de ce qui se passe en Méditerranée ! »

Revenant sur l’espérance à ce jour déçue de l’UPM, Miguel Angel Moratinos rappela que outre les « projets concrets » si souvent mis en avant (et qui avancent plus ou moins, ndlr), deux nouveautés essentielles qu’apportait l’UPM au regard du précédent « processus de Barcelone » ont avorté : d’une part le dialogue politique au plus haut niveau, par la tenue de Sommets biennaux – or le IIe Sommet, prévu en juin puis novembre 2010 a été reporté sine die ; d’autre part la mobilisation de la société civile, quasi nulle à ce jour. « À ce jour, le bilan de l’UPM est celui de notre échec collectif ! » s’exclama Miguel Angel Moratinos.

Les conditions du rétablissement
de la crédibilité perdue de l’Europe

Évoquant brièvement la récente démission du diplomate jordanien Ahmad Massa’deh du poste de Secrétaire général de l’UPM, Miguel Angel Moratinos a considéré que « c’est peut-être mieux ainsi, car on trouvera peut-être quelqu’un qui fera mieux ». Mais, contrairement à la rumeur qui le désigne comme le futur SG de l’UPM, ce quelqu’un « ne sera pas moi », a assuré Miguel Angel Moratinos en réponse à une question de LeJMED.fr, rappelant qu’il a récemment présenté sa candidature à la Direction générale du FAO, vacante au 1er janvier 2012.

Plus disert sur le fond de l’actuel état d’échec de l’UPM, Miguel Angel Moratinos a considéré que, « Pour retrouver leur crédibilité perdue, les Européens, considérés au Sud comme trop silencieux, complices, incapables, impuissants… doivent faire beaucoup de choses ». Soit, notamment : accompagner les mouvements de démocratisation qui se font jour ; créer une Banque de la Méditerranée, ce « qui est une nécessité, une urgence » ; assurer la liberté de mouvement des personnes en « supprimant peut-être les visas », en tout cas en accordant aux citoyens maghrébins « au moins ce que l’on a donné aux pays Est-européens » ; réinventer une approche de la société civile qui permettrait de la faire participer puissamment à la construction euroméditerranéenne ; agir en matière culturelle, afin « d’éliminer les stéréotypes », d’un côté la peur des islamistes, de l’autre le refus de la laïcité ; accorder le Statut avancé aux pays partenaires du Sud ; et… reconnaître l’État palestinien.

« Si l’on fait tout cela, peut-être pourrons-nous gagner… Il faut en avoir la volonté politique », conclut Miguel Angel Moratinos, estimant qu’avec cette « crise », paradoxalement, « nous avons l’opportunité de rebondir » dans la nécessaire (re)construction de l’Euroméditerranée.

Alfred Mignot


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