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XIes Rencontres Internationales des PPP (Paris, 21-22 mars 2018)

Michel Sapin, ancien ministre et président d’honneur du Club G5 Sahel PPP : « Les PPP sont un outil économique et de paix en Afrique »

23 mars 2018
Michel Sapin, ancien ministre et président d'honneur du Club G5 Sahel PPP : « Les PPP sont un outil économique et de paix en Afrique »
Le Club PPP G5 Sahel a été lancé lors des XIes Rencontres Internationales des Partenariats Public Privé (LRIPPP) qui se sont déroulées mercredi 21 et jeudi 22 mars 2018 au Pavillon Dauphine à Paris, en présence de nombreuses délégations africaines (Maroc, Mali, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Mauritanie, Tchad, Guinée, Côte d’Ivoire, Congo, RDC, Mali, etc.).


Ce nouveau club est destiné à impulser et promouvoir, dans les cinq pays sahéliens, les bonnes pratiques inhérentes à ces partenariats associant capitaux publics et privés, et qui permettent d’accélérer les investissements.

Pour l’ancien ministre Michel Sapin, qui en est devenu le président d’honneur, il ne peut y avoir de paix durable au Sahel sans développement économique et les PPP peuvent y contribuer. Explications.

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Propos recueillis par Jean-Louis Alcaide, AfricaPresse.Paris
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Pourquoi les pays africains ont-ils intérêt à développer les PPP ?

Michel Sapin - Les Partenariats Public Privé, c’est un outil. Ce n’est pas un outil magique, ni miracle, mais il peut être pertinent dès lors que l’on réunit les conditions pour qu’il le soit. Il est pertinent parce que ces pays d’Afrique ont besoin de très grandes infrastructures, parce qu’il faut se déplacer dans des pays parfois immenses et qu’il faut désenclaver, au-delà des frontières. Les besoins sont considérables, tant pour les chemins de fer, les aéroports, de routes, les ponts…
Or les PPP, c’est un bon outil, classique, où un équilibre doit se faire entre ce que rapporte cet investissement et son utilisation. Mais il y a aussi un autre aspect : les PPP, ce ne sont pas que des grands investissements, de grandes infrastructures. Ils peuvent aussi permettre de financer de petites infrastructures décentralisées.

Je pense notamment à l’énergie : pouvoir créer des pôles décentralisés de production d’énergie, en particulier d’énergie solaire, c’est beaucoup plus important aujourd’hui en Afrique que de créer de grands réseaux de transport d’électricité qui sont coûteux et, au bout du compte, assez inefficaces. Les PPP c’est vraiment un outil adapté au développement, même si on ne peut pas tout faire avec et qu’il faut remplir des conditions indispensables.

Justement, au vu de votre expertise, quels conseils donneriez-vous aux pays africains pour éviter les écueils et les pièges ?

Michel Sapin - Le premier conseil que je donnerais, puisque l’on investit sur la longue durée et que l’on a un partenaire privé, c’est d’établir la clarté et la stabilité juridiques, indispensables dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.
Lorsque l’on accompagne le développement de ces pays, on parle souvent d’une modernisation, d’une stabilisation du climat des affaires. Cela signifie qu’il faut donner des perspectives à moyen et long terme à des investisseurs qui ne cherchent simplement pas à faire de l’argent en l’espace de quelques jours. Il y a donc un besoin de clarté et de stabilité juridique, mais aussi d’une harmonisation de ce cadre juridique entre les pays qui sont concernés.

Le cadre juridique et institutionnel dans les pays du Sahel vous semble-t-il aujourd’hui suffisant ?

Michel Sapin - Ce cadre est aujourd’hui très différent d’un pays à l’autre. Certains pays viennent de le mettre en place, et il n’est pas forcément encore connu par les acteurs. D’autres pays ont un cadre juridique plus ancien et il commence à être utilisé.
Mais, là comme dans d’autres domaines, il faut que les gens aient confiance dans le moyen et long terme. Il faut que les gouvernements – majorité, opposition, quels que soient les partenaires politiques car je crois que tout le monde est prêt à utiliser les PPP – s’engagent à cette stabilité qui est indispensable à la confiance et donc à l’investissement. C’est la première condition.

La deuxième – très importante à mes yeux – c’est que tout le monde doit avoir bien conscience, en particulier du côté des administrations et des gouvernements, que les PPP sont un outil de la mise en œuvre d’une politique publique. Ce sont en effet des services publics que l’on met à la disposition de la population.

Quand une administration conçoit un projet et pense au bien-être de son pays, elle ne doit jamais se sentir dessaisie de la mise en œuvre du projet en question. Elle a un partenaire privé, utile, compétent, confiant, qui va en particulier permettre des financements dans de bonnes conditions, mais la politique menée est, au fond, une politique publique quand il s’agit de construire des routes, des hôpitaux, des unités énergétiques, et il ne faut jamais perdre de vue cet intérêt général.

Une vue de la salle des participants aux XIes Rencontres Internationales des Partenariats Publics Privés (Paris, 21-22 mars 2018). © AM/AfricaPresse.Paris

Un des rôles des Club des PPP dans les différents pays ne devrait-il pas être de former des équipes pour être en position de négocier des PPP plus équilibrés, voire éviter les pièges ?

Michel Sapin - Vous avez tout à fait raison. Je parlais de la clarté juridique, mais il faut aussi avoir la compétence dans les négociations. Car – et c’est bien normal – le partenaire privé va chercher à avoir les avantages les plus importants pour ses investisseurs, sans que ce soit d’ailleurs dans des conditions scandaleuses. L’État doit être présent et il y a un besoin de formation, de compétence dans ce domaine-là. Au titre de la coopération, on peut d’ailleurs l’apporter sur un certain nombre de grands projets. Mais comme toujours, il faut que cela vienne des pays eux-mêmes. Cette nécessaire compétence des administrations concernées dans chaque pays est indispensable aux PPP.

Le Club G5 Sahel PPP vient d’être lancé, vous en êtes devenu le président d’honneur. Que va-t-il apporter à ces cinq pays, est-ce vraiment une priorité, aujourd’hui ?

Michel Sapin - Tous ces pays ont en tête le développement des PPP. Ce club va faire en sorte que les expériences soient échangées entre eux, qu’éventuellement il y ait une harmonisation juridique et pratique.
Un investisseur, lorsqu’il regarde l’Afrique, voit de grands pays mais il a plutôt envie d’investir sur une zone, pas forcément dans un seul pays.
Avec ce club, on va lui permettre d’avoir une vision plus large. Cela est très utile et un élément de confiance. J’ajoute que, du point de vue des infrastructures, celles-ci vont d’un pays à l’autre, car la question du désenclavement de ces pays du Sahel est fondamentale. Il faut donc avoir une vision transfrontalière, ce que peut permettre ce Club G5 Sahel PPP.

Mais tout de même… la première des priorités n’est-elle pas de ramener la paix, de sécuriser cette zone de l’Afrique ?

Michel Sapin - Évidemment, la sécurité est fondamentale, pas seulement pour le bien-être des populations, mais pour le développement économique. Celui-ci ne peut pas exister sans qu’il y ait une confiance et une sécurité minimale sur le territoire.
Chacun sait bien que cette sécurité peut s’obtenir dans un premier temps par la force armée, nécessairement. Mais elle ne s’obtient pas en profondeur et dans la durée par la force armée : il faut du développement économique, un certain bien-être, une jeunesse qui se trouve des perspectives. Or, pour répondre à ces besoins et à ces perspectives, les PPP peuvent être un outil et donc, au fond, un outil de paix.

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