AfricaPresse.Paris

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

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Apparemment, son passage à la primature béninoise, et sans doute plus encore sa campagne présidentielle malheureuse en 2016, n’ont pas laissé que des souvenirs agréables à Lionel Zinsou… C’est en tout cas ce qu’ont pu penser les nombreux membres du Club Efficience – par ailleurs heureux de se retrouver pour une soirée conviviale au Grand Hôtel Intercontinental Opéra de Paris, haut-lieu habituel des agapes de l’association –, car l’ancien patron du méga-fonds PAI Partners (18 milliards d’euros) et maintenant de Southbridge, banque d’affaires panafricaine qu’il a créée en 2017 avec Donald Kaberuka, rapporte en effet que lors de sa campagne présidentielle, le reproche à lui le plus fréquemment adressé était de ne pas créer assez d’emplois…

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Pourquoi l’Afrique peine-t-elle
à créer plus d’emplois ?

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Une « question » pressante et récurrente à laquelle sont soumis tous les dirigeants de tous les pays ou presque, en Afrique comme ailleurs, s’empresse de souligner Lionel Zinsou.
En Afrique cependant, le défi est encore plus difficile à relever : par exemple, tandis qu’une croissance de 1,2 % suffit en France à créer de l’emploi, un tel résultat ne s’obtient en Afrique qu’à partir de 6 % de croissance !…

Pourquoi ? En ancien professeur qu’il fut – c’était son tout premier métier – Lionel Zinsou a visiblement pris plaisir à expliquer par le détail à l’auditoire comment l’Afrique dévore aujourd’hui son capital pour financer des infrastructures indispensables – eau, énergie, transports… un pays comme le Bénin, par exemple, a besoin de 3 milliards de dollars pour financer la construction de routes, alors même que son PIB ne s’élève qu’à 12 M^d$ – mais qui ne sont que peu génératrices d’emplois directs et immédiats, alors qu’elles constituent l’étape incontournable pour que, dans un second temps, les emplois puissent finalement se créer.

Pour illustrer son propos, Lionel Zinsou a pris en exemple l’agriculture, un secteur d’activité qui fait aujourd’hui consensus dans les projections de développement. Mais le problème, explique Lionel Zinsou, c’est que dans un premier temps l’agriculture est une activité éminemment intensive en capital – pour ses besoins en eau, énergie et routes pour acheminer les récoltes, les chaînes de froid, les équipements de stockage… – alors qu’elle ne produit que des matières premières à bon marché, et que plus elle devient productive, moins elle crée d’emplois directs, comme on peut le constater dans les pays avancés.

Élie Nkamgueu , Président du Club Efficience, a rappelé l’importance du projet « Efficience Africa Fund » pour lequel l’association et ses partenaires experts se mobilisent à nouveau, maintenant que la crise sanitaire s’est atténuée. © AM/APP

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En revanche, c’est dans la multiplication des emplois corrélés – agro-industrie, services… – que le développement de l’activité agricole se révèle finalement génératrice d’emplois… Mais encore faudra-t-il réussir à abaisser très considérablement les taux réels d’emprunt qui s’affichent actuellement autour de 15 % pour les entreprises.

Aujourd’hui en Afrique, explique Lionel Zinsou, on en est donc encore à la première phase du cycle, celle où la réalisation d’infrastructures consomme beaucoup de capital mais crée peu d’emplois. Cependant, se revendiquant toujours « afroptimiste », Lionel Zinsou estime qu’à court-moyen terme – cinq à dix ans – les fruits des efforts accomplis aujourd’hui seront mûrs, la création d’emplois ira s’accélérant.

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Quelques vérités
contre-intuitives…

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Par ailleurs, comme il se plaît à le faire régulièrement, Lionel Zinsou aura encore surpris son auditoire en égrenant quelques vérités contre-intuitives, dont il a le secret.

Par exemple : alors que des consultants bien intentionnés mais un tantinet naïfs exhortent sans cesse l’Afrique à s’industrialiser… saviez-vous que « la contribution de l’industrie manufacturière au PIB en Afrique est partout supérieure à 10 % du PIB et monte jusqu’à 15 %, voire 18 % dans certains pays », alors qu’elle n’est plus que de 11 %… en France ?!

Et aussi, alors même que l’on se focalise sans arrêt sur l’importance des IDE, saviez-vous que le premier investisseur en Afrique est… l’Afrique elle-même, à hauteur moyenne de 20-25 % du PIB, tandis que les IDE ne représentent qu’un « petit quart », dit Lionel Zinsou ?

Et encore, saviez-vous qu’au lieu de diminuer durant la crise sanitaire, ce à quoi tous les observateurs s’attendaient, les transferts de fonds de la diaspora vers l’Afrique ont augmenté en 2020 ?
Lionel Zinsou explique pourquoi : « C’est la première fois que dans une crise, on observe une forte progression des flux de la diaspora. Cela tient en partie au fait que l’on a eu une crise très particulière, pendant laquelle le revenu des ménages en Europe s’est maintenu partout, grâce à des aides publiques massives. Cela tient aussi au fait qu’en Amérique du Nord, la diaspora a bénéficié d’une augmentation en 2020 de 6 % du revenu disponible, comme l’ensemble des ménages. C’est l’effet de l’hélicoptère-monnaie de Trump, qui s’est avéré efficace ! Il est suivi par l’hélicoptère-monnaie de Biden… donc, on aura des chiffres du même ordre sur 2021 ».

Plusieurs pays – par exemple le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Cap-vert, etc. – ont en effet vu l’afflux de fonds de la diaspora croître de 10 %. « Face à la crise, la diaspora a exprimé sa solidarité avec l’Afrique », relève Lionel Zinsou.

Fondateur en 2013 des Journées nationales [annuelles] des diasporas, Pierre de Gaëtan Njikam a annoncé que les prochaines JNDA se tiendront à Bordeaux, du 24 au 26 mars 2022, autour du thème « Vers de nouveaux partenariats avec l’Afrique ». © AM/APP

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Le projet
« Efficience Africa Fund »

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Ainsi le rôle la diaspora dans le devenir du développement de l’Afrique s’affirme-t-il toujours plus d’une importance décisive, souligne l’ancien Premier ministre du Bénin, et c’est pourquoi il a accepté, à la demande du président Élie NKamgueu, de présider le Conseil de surveillance de « Efficience Africa Fund », qui fera appel à l’épargne de la diaspora afin de soutenir les entreprises africaines – les PME surtout, car a priori plus créatrices d’emplois.

Mais à ce jour, satisfaire aux critères requis par l’Agence des marchés financiers (AMF) pour autoriser l’appel à l’épargne publique s’avère un véritable marathon, pour lequel le Club Efficience a d’ailleurs su mobiliser des bonnes volontés de haut niveau, ainsi que nous l’expliquait le Président Élie NKamgueu dans un précédent entretien : outre Lionel Zinsou, le Club Efficience, porteur du projet, est en effet accompagné par les expertises nécessaires, notamment du Cabinet d’avocats Orrick, de SGSS, E&Y, All Invest, Data Tryb ainsi que d’Investisseurs & Partenaires – dix-huit ans d’expertise sur l’investissement à impact social en Afrique –, qui assurera la gestion financière d’Efficience Africa Fund.

Nul doute cependant que l’issue ne soit proche, et que l’aréopage de talents qui accompagne le projet ne décroche bientôt l’agrément de l’AMF. À partir de là, un premier appel à contribution pour Efficience Africa Fund sera rapidement lancé, avec un ticket d’entrée volontairement très modique, à la portée du plus grand nombre – possiblement fixé à 50 euros par mois…

Une vue de la salle du Grand Hôtel Intercontinental Opéra de Paris, où le Club Efficience organise ses soirées. © AM/APP

EN SAVOIR PLUS :
https://club-efficience.com/fr/accueil-2/

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Cliquez sur ce titre ou l’image ci-dessous et accédez au REPLAY de notre
DU WEBI 2 DU CAPP : « L’état de la coopération économique
Europe-Afrique et comment la dynamiser » (15 06 2021)

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