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Jérôme Cohen, DG de YML

- « Les événements au Sud doivent permettre de refonder la relation euromed »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 14 février 2011 | src.LeJMED.fr
- « Les événements au Sud doivent permettre de refonder la relation euromed »
Paris -

YML, Young Mediterranean Leaders, est un réseau méditerranéen, né en 2008, et dont l’objectif est « d’œuvrer au rapprochement des deux rives de la Méditerranée, à travers des projets concrets portés par des jeunes décideurs dynamiques du Nord et du Sud ». Son prochain grand événement annuel, le IIIe YML Forum, se tiendra en mars à Marrakech. L’occasion de faire un tour d’horizon des activités de l’association, et de sa vision méditerranéenne. Entretien avec Jérôme Cohen, Directeur Général des YML.

Photo ci-dessus : Jérôme Cohen, Directeur général de YML (Young Mediterranean Leaders). © YML


LeJMED.fr – Comment se présente votre YML Forum 2011 ?

Jérôme Cohen – Il se tiendra à Marrakech, du 10 au 12 mars, autour d’une thématique que nous avions arrêtée de longue date, « Construire les modernités méditerranéennes ». L’actualité ne nous laisse certes pas indifférents, et nous remanions le programme en fonction des événements historiques qui secouent la région.

Nous souhaitons travailler sur ce qui va se passer maintenant, car après les révolutions, notre responsabilité est de nous impliquer dans les réformes fondamentales qui doivent être mises en œuvre dans ces pays. Nous accueillerons cette année un panel de personnalités représentant toutes les sphères de la société civile : politique, économique, sociétal, culturel.


LeJMED.fr – Quelle est votre analyse des événements historiques actuels, en Tunisie comme en Égypte ?

Jérôme Cohen – La révolution de jasmin constitue un tournant dans l’histoire de la Tunisie, du Maghreb, de la Méditerranée et du monde arabe. Elle donne l’espoir d’une vie plus respectable pour chacun, crée les conditions d’une modernité partagée et bouleverse beaucoup des représentations et clichés qui prévalaient hier encore sur le monde arabe.

Dans le sillon de cet élan inespéré qui a renversé des régimes dictatoriaux et castrateurs, il est urgent que nous, méditerranéens convaincus, nous accompagnions la prochaine reconstruction. Après l’euphorie des premiers jours vient la phase des responsabilités. Les nouveaux dirigeants doivent envoyer sans tarder les signaux montrant que les revendications sont écoutées, que la volonté est réelle d’impliquer la société civile dans son ensemble. Aussi, les événements actuels doivent permettre de refonder la relation euro-méditerranéenne.


LeJMED.fr – Revenons à YML… Jusqu’à quel âge est-on encore « Young », selon vous ?

Jérôme Cohen – ll n’y a pas d’âge pour être jeune !… Mais, pour être plus précis, la classe d’âge des YML se situe parmi les 30 – 45 ans, et la moyenne autour de 40. Et puis, selon le pays auquel on se réfère, cette question de l’âge est perçue très différemment. En Algérie, par exemple, on est (encore) jeune quand on a moins de 70 ans, alors qu’au Maroc, c’est quand on a… l’âge du Roi ! 47, je crois…
Sur le fond, on aurait d’ailleurs pu tout aussi bien s’appeler les NML, soit les « new » ML, c’est-à-dire « la génération d’après », expression qui désigne selon nous des gens porteurs d’un état d’esprit, d’idées et de solutions nouveaux. Expression dont on a d’ailleurs pu constater qu’elle est souvent reprise par les jeunes tunisiens porteurs de la Révolution du Jasmin.


LeJMED.fr – Est-il exact que parmi les ministres de l’actuel gouvernement provisoire tunisien, plusieurs seraient membres de YML ?

Jérôme Cohen – Absolument ! Trois Young Mediterranean Leaders sont membres de l’actuel gouvernement tunisien : Elyes Jouini, ministre de l’Economie ; Mehdi Houas, ministre du Commerce et du tourisme ; Sami Zaoui, Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie et de la Technologie, chargé des technologies de la Communication. Ils symbolisent, parmi d’autres, la nouvelle génération qui veut incarner une nouvelle gouvernance.


LeJMED.fr – Certes ! Mais, au-delà des circonstances exceptionnelles du moment, quels sont vos critères pour évaluer la capacité d’influence de YML, « en temps normal », si l’on peut dire… ?

Jérôme Cohen – D’abord, sachez qu’à ce jour nous sommes autour de 450, présents dans tout le Bassin méditerranéen, ou peu s’en faut, et avec une plus forte représentation en Méditerranée occidentale, mais aussi en Turquie, sans doute due au fait qu’elle fut notre pays invité d’honneur lors du Forum de Séville en 2010.

Je pense que notre capacité d’influence se concrétise aussi par les projets nés de rencontres plus ou moins informelles, entre des gens qui se sont connus au YML. C’est un effet induit réel, et peu mesurable.
L’influence vient aussi tout simplement du fait d’être constitué, d’être un réseau. Par exemple quelque 400 articles de presse ont déjà été consacrés à YML depuis notre création en 2008, chaque article supplémentaire faisant progresser l’idée du projet euro-méditerranéen portée par YML.

Il faut relever que ces derniers mois, il fut assez difficile de se faire entendre ! En fait, après la vague d’enthousiasme générée par la création de l’UPM en 2008, la situation délicate induite notamment par le double report sine die du Sommet UPM initialement prévu en juin 2010, [encore dégradée par la démission de son Secrétaire général, fin janvier, et par la chute de Hosni Moubarak, qui était son co-Président sud, ndlr] a généré à la fois désintérêt et désenchantement. Le focus médiatique s’étant détourné du sujet, cela a aussi entrainé une désillusion dans les milieux économiques.
Cela dit, les événements historiques actuels pourraient raviver l’intérêt pour l’UPM, et aboutir in fine à un renversement des postures. Car si la démocratie s’établit au Sud, la coopération entre les deux rives y puisera un surplus de légitimité. Peut-être aussi les investisseurs réagiront-ils positivement à la perspective de l’émergence de gouvernements plus responsables et respectueux du droit. Jusqu’ici, il faut bien le dire, beaucoup ont été confrontés à des pratiques mafieuses qui freinaient ou empêchaient les investissements de la part d’entreprises qui ne voulaient pas se soumettre à ces pratiques. Tout cela pourrait changer maintenant…


LeJMED.fr – En septembre dernier, vous avez signé un partenariat avec IPEMED. En quoi consiste-t-il ?

Jérôme Cohen – C’est simple : nous allons dans la même direction, même si nous intervenons dans des sphères assez différentes. C’est pourquoi il nous a semblé utile et logique de nous rapprocher. Parce que l’on est plus forts si l’on est plusieurs, parce qu’il y a ce projet de Maison du monde méditerranéen qui pourrait nous rapprocher dans les prochaines années [http://www.maisondumondemediterraneen.org/index.php]
auquel nous adhérons pleinement. IPEMED est plus institutionnel, nous plus indépendants ; IPEMED a une vocation exclusivement économique, la nôtre est multidisciplinaire… Nous participons et contribuons aux événements respectifs – YML Forum et Entretiens de la Méditerranée, notamment – mais, nous demeurons deux associations distinctes.


LeJMED.fr – Vous venez aussi de signer un autre accord de partenariat, avec Maroc Entrepreneurs

Jérôme Cohen – Oui ! Cela procède de la même logique de mise en synergie au service de notre cause commune. Maroc Entrepreneurs est une association importante, qui compte quelque 10 000 membres, et dont le but est de contribuer au développement économique marocain. Aussi, comme l’a déclaré Naoufal Serghini, son Secrétaire général, nos réseaux sont tous les deux composés de personnes qui cherchent à avancer concrètement, à faire bouger les choses. Il s’agit donc de mutualiser ces énergies proactives pour nos actions de terrain. La participation de Maroc Entrepreneurs à notre YML Forum de Marrakech sera une première concrétisation de notre convergence dans l’action.


LeJMED.fr – Outre votre grand événement fédérateur annuel qu’est le YML Forum, quelles sont vos initiatives « de terrain » ?

Jérôme Cohen – Nous organisons des rencontres dans l’un ou l’autre pays. Par exemple en 2010 nous avons organisé un forum à Milan, un autre à Bruxelles. Actuellement nous avons en projet une rencontre à Alger, dans les prochains mois, en coopération avec IPEMED… Mais, notre vocation étant pluri-nationale, notre idée est que les entités nationales de YML déploient de plus en plus leurs propres initiatives, indépendantes, et que le siège du réseau, à Paris, leur serve de tête de pont, d’appui éventuel.


LeJMED.fr – Au début de notre entretien, vous avez évoqué un projet de plate-forme Internet. En quoi consiste-t-il ?

Jérôme Cohen – Cette plate-forme, à laquelle nous travaillons, le YML Lab, vise à être non pas un think tank, mais un lieu d’expression de contributeurs membres du YML – aussi bien économistes, artistes, scientifiques, entrepreneurs… – qui ont sur certains sujets une expertise, des idées nouvelles, et qui trouveraient donc une vitrine où les exposer. Encore une fois, nous cherchons à faire émerger des idées neuves, des solutions nouvelles. C’est en cela que nous sommes « la génération d’après »…


Entretien réalisé par Alfred Mignot – LeJMED.fr


Visiter le site de YML – Young Mediterranean Leaders


Mini-bio
Jérôme Cohen : le DG de YML est aussi
chef d’entreprise et… artiste lyrique !

C’est « en plus » de ses autres activités que Jérôme Cohen assume la charge de Directeur général de YML depuis sa création en 2008.

En fait, très éclectique jeune homme de 37 ans, Jérôme Cohen est aussi, depuis 2009, le Président-fondateur de L’Imagination Factory, éditeur multimédia « qui vise à rapprocher la réflexion, l’action et la création sur des sujets de sociétés urgent. Nous participons à la génération et à la mise en avant d’idées, d’initiatives ou de solutions nouvelles. Cette multidisciplinarité doit permettre la naissance d’une innovation sociale et culturelle. Nous avons traité la publicité, nous traiterons prochainement les thèmes de l’environnement, du vivre ensemble. Ces activités s’incarnent dans des expositions, des forums créatifs, différentes publications on-line ou off-line » affirme Jérôme Cohen.

« Aujourd’hui, nous sommes dans l’absolue nécessité de réinventer nos modèles. L’idée de L’Imagination Factory, souligne encore Jérôme Cohen, est de regrouper et de mettre en avant des intellectuels, des artistes, des femmes et hommes d’action, et que ces gens nouveaux interviennent ensemble afin de faire émerger les nouveaux modèles, par la rencontre et l’interactivité de leurs disciplines. »
L’Imagination Factory (IF) produit aussi des expositions et « happenings » destinés au grand public.

Passionné de musique classique et d’opéra, Jérôme Cohen a également produit et participé à de nombreux concerts, festivals et tournées d’opéra.
Il vient d’écrire et de mettre en scène un spectacle pluridisciplinaire (chant, vidéo, danse), « Hors Cadre », sur Schumann, et parmi ses nombreux talents figure encore celui de… chanteur lyrique !

Bref, imagination et créativité, voilà la marque de fabrique de JC !


Visiter le site de L’Imagination Factory


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