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Les CBDC, monnaies digitales de banques centrales, un rempart face aux monnaies privées (BearingPoint)

31 août 2023
Les CBDC, monnaies digitales de banques centrales, un rempart face aux monnaies privées (BearingPoint)
Face à la montée en puissance des monnaies privées, la riposte « souveraine » des banques centrales, avec leurs monnaies digitales, a connu un succès fulgurant. Explication.

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Une contribution de Jean-Michel HUET
et Paul DELIVET, BearingPoint

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« La mission de Libra est de développer une devise et une infrastructure financière mondiale simple, au service de milliards de personnes ». En juin 2019, Marc Zukerberg annonçait un projet de création d’un stablecoin en partenariat avec plus de 20 géants de la Tech dont Visa, Mastercard, Spotify, Paypal, etc. Jamais un projet de monnaie privée n’avait suscité de levée de boucliers aussi virulente et unanime de la part des États. Une annonce qui a eu pour conséquence directe une accélération des projets de CBDC, car les monnaies digitales de banques centrales ont été créées et conçues comme une réponse des États à la montée en puissance des monnaies privées.

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La montée en puissance
des monnaies privées

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La légitimité des monnaies souveraines territorialisées est récente et fragile, notamment dans certains pays émergents et en développement. Une fragilité qui trouve ses origines dans de multiples phénomènes : dollarisation des économies, crises politiques et économiques, perte de confiance vis-à-vis des institutions, etc. À ces phénomènes s’ajoute l’instabilité de nombreuses monnaies nationales, ce qui renforce l’attrait pour les monnaies privées. Si les formes et la place que prennent ces monnaies privées dans les économies varient selon les contextes (détail, réserve, spéculation), leur diffusion croissante ne peut être vue comme anecdotique par les États.

La monnaie est en effet un symbole qui participe largement à construire et consolider la légitimité des États. Elle contribue à unir un territoire autour d’un référentiel commun et constitue un des piliers de la confiance des citoyens vis-à-vis de l’État. En jouant un rôle majeur dans l’intégration des économies nationales dans les échanges mondiaux et en influant sur les dynamiques économiques via son rôle d’accélérateur ou d’amortisseur en cas de choc, la monnaie est un des deux piliers des politiques économiques.

Tout en étant la conséquence de l’affaiblissement de la confiance envers les États et les institutions publiques, les monnaies privées font peser une menace sur la souveraineté monétaire.

Au Nigeria, 1er pays d’Afrique et 11e au monde en termes d’adoption des cryptomonnaies, un marché parallèle d’échange de monnaies privées s’est développé en réponse à la volatilité du Naira. Une trop forte pénétration de ces monnaies représente un risque non négligeable pour l’économie réelle, en affaiblissant l’efficacité de politiques publiques en cas de crise et en concentrant une partie des richesses sur des acteurs privés soumis au risque de faillite.

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Les CBDC comme réponse
aux monnaies privées

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 Les CBDC sont apparues rapidement comme un moyen particulièrement efficace pour freiner la pénétration des monnaies privées, en conjuguant le meilleur des deux mondes.
Elles permettent à la fois d’intégrer les innovations technologiques apportées par les monnaies privées, tout en offrant la garantie d’une institution centrale. Une régulation stricte des monnaies privées sans réflexion sur les innovations et bénéfices qu’elles portent ne peut être considérée comme une solution viable à long terme.
C’est pourquoi les CBDC ont connu un essor aussi fulgurant. Elles sont le moyen de faire bénéficier les acteurs économiques des innovations en termes de sécurisation des paiements, de transparence ou encore de coût des transactions, sans remettre en cause le rôle des monnaies nationales.

Les CBDC, en offrant un accès universel et à bas coût aux systèmes de paiements, pourraient renforcer les processus de digitalisation et offrir une voie de développement économique accéléré. Par ailleurs, tant sur le terrain de la lutte contre les activités illicites que sur celui de la transparence des politiques publiques, le suivi des transactions pourrait participer au renforcement de la légitimité des États. Une légitimité qui est au cœur de la confiance envers la monnaie et de l’efficacité des politiques monétaires.
Les CBDC apparaissent donc comme un rempart potentiel aux monnaies privées. Pour autant, c’est avant tout la bonne gouvernance et la protection des intérêts du grand public qui permettront d’apporter une réponse durable à la pénétration des monnaies privées.

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1 - Chainalysis. (2022, octobre). The 2022 Geography of Cryptocurrency Report

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