Le président Macky Sall, au Ve Forum international de Dakar : « Parlons plus souvent de l’Afrique qui marche ! »
Dakar, de notre envoyé spécial Bruno Fanucchi
Les besoins d’investissement en Afrique représentent autant d’opportunités pour l’économie mondiale (…) faisons le pari d’une Afrique qui émerge ». En ouvrant la Ve édition du Forum international de Dakar consacré aux problèmes de Paix et de Sécurité en Afrique, le président sénégalais Macky Sall avait visiblement déjà en tête l’organisation de la IIe Conférence internationale sur l’émergence économique qui, après Abidjan l’an passé, doit en principe se tenir à Dakar du 17 au 19 janvier prochains. Un mois d’ailleurs avant l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu au Sénégal le 24 février 2019.
Après avoir rappelé à tous que « la paix, la sécurité et la stabilité sont les préalables au développement », le président du Sénégal a donc choisi de sortir de la rhétorique habituelle sur la nécessité et l’urgence de la lutte contre le terrorisme et ce qu’il appelle « les forces du mal » qui tentent de déstabiliser le Continent pour mettre l’accent – une fois n’est pas coutume – sur l’Afrique qui gagne et qui surprend.
« On parle souvent – trop souvent – de l’Afrique qui ne marche pas : l’Afrique des conflits, de la faim, des maladies et de la migration clandestine. Nous sommes conscients de ces défis, même avec leur part d’exagération », devait ainsi souligner le président Macky Sall, avant de lancer : « Mais pour soutenir la paix, la sécurité et le développement, parlons plus souvent de l’Afrique qui marche ! ». Car « de Mombassa à Dakar, du Caire au Cap, il y a une Afrique debout, qui marche, et dont les taux de croissance sont régulièrement supérieurs à la moyenne mondiale ».
Voilà un appel du pied aux investisseurs qui veulent profiter de la croissance et participer à leur manière à la réussite du Plan Sénégal Émergent, lancé dès le début du mandat de Macky Sall.
Et le chef de l’État de se lancer dans une véritable ode à l’Afrique : « Parlons de cette Afrique où les gouvernements sont à la tâche, où une jeunesse vibrante et créative innove, entreprend et réussit ; où des millions de travailleurs, hommes et femmes, se lèvent tôt et se couchent tard pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles à la sueur de leur front ; où des hommes et des femmes d’affaires prospères investissent, créent des emplois et de la richesse ».
Le président sénégalais Macky Sall en compagnie de Florence Parly, ministre française de la Défense, lors du Ve Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. © DR
« Mobiliser ses propres ressources
pour le financement de son développement »
« Parlons de cette Afrique qui réclame des contrats justes et équitables entre l’investisseur et le pays d’accueil ; qui demande le paiement de l’impôt là où la richesse est créée, qui lutte pour la bonne gouvernance, contre l’évasion fiscale et autres flux financiers illégaux, afin de mobiliser ses propres ressources pour le financement de son développement. Parlons de cette Afrique qui aspire à passer du paradigme de l’aide à celui de partenariats mutuellement bénéfiques ».
Car – assure encore le chef de l’État sénégalais, si l’on donne aujourd’hui la priorité à l’éducation et à la formation, l’Afrique sera demain – grâce à sa démographie et au dynamisme de sa jeunesse – « pourvoyeuse de compétences » dans bien des pays du monde et des secteurs économiques.
Et le président sénégalais de souligner que « pour gagner la bataille contre le terrorisme, la réponse n’est pas que militaire (…) C’est une réponse multiple pour le développement et la sécurité » qui, on le sait, sont intimement liés. Et Macky Sall de conclure : « Nous avons certes des forces du mal qui déstabilisent, mais nous restons confiants en l’avenir du Continent et de sa jeunesse ».
Par ailleurs, même si le Sénégal ne fait pas encore partie de l’Alliance pour le Sahel (regroupant les cinq pays du G5 Sahel que sont la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad) créée pour assurer le développement de cette vaste zone désertique ou semi-désertique, « nous soutenons cette initiative, car si notre voisinage est sécurisé, c’est bon pour nous », observe-t-il avec bon sens.
À l’approche de la grande échéance présidentielle du mois de février prochain, Macky Sall sait parfaitement qu’il sera jugé (réélu ou battu) sur son bilan à la tête du Sénégal depuis 2012 et ses réalisations pour améliorer la vie quotidienne de ses compatriotes. Sans le dire, il est donc déjà en campagne et profite de toutes les tribunes comme le Forum de Dakar - organisé par la CEIS (Compagnie européenne d’intelligence stratégique) et le CHEDS (Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité) – pour avancer ses pions en vue de sa réélEction.
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LIEN UTILE
Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique
www.dakarforum.org
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