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Le ministre Mohamed Salia Touré : « Pour le Mali, l’emploi et le capital humain sont plus importants que les ressources naturelles et minières » (1/2)

7 février 2021
Le ministre Mohamed Salia Touré : « Pour le Mali, l'emploi et le capital humain sont plus importants que les ressources naturelles et minières » (1/2)
À la tête du ministère stratégique de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mohamed Salia Touré s’active pour tenter de redonner un peu d’espoir et des emplois à la jeunesse malienne. Entretien exclusif – en deux volets – avec le benjamin du gouvernement de la Transition, qui s’est donnée dix-huit mois pour réussir le retour du pays à un régime élu.

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Propos recueillis à Bamako par Bruno FANUCCHI
@africa_presse

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Ancien Président du Conseil National de la Jeunesse, vous étiez très engagé l’an passé dans la contestation populaire qui est venue à bout du régime IBK et vous vous retrouvez aujourd’hui ministre chargé d’un secteur clé, l’emploi ! Une tâche très lourde, car elle implique une évidente obligation de résultat ?

Mohamed Salia Touré – J’ai bien évidemment une obligation de résultat dans ce domaine de l’emploi et de la formation professionnelle, mais je ne suis pas le seul ministre dans ce cas. Dans tous les secteurs aujourd’hui au Mali, nous avons l’obligation d’impulser une nouvelle dynamique. C’est la mission principale qui a été assignée à cette Transition de dix-huit mois. Une transition qui est courte puisque quatre mois sont déjà passés. Il faut donc aller vite, aller à l’essentiel dans un contexte où tout est priorité. Parmi les priorités, il faut en choisir quelques-unes à réaliser vite.

Justement, quelles sont vos priorités ?

Mohamed Salia Touré – Nous sommes venus dans un contexte de transition, et qui dit transition dit rupture constitutionnelle, avec bien des problèmes. Au Mali, beaucoup de difficultés et de dysfonctionnements ont conduit à la chute du régime IBK. Nous sommes arrivés aux affaires dans un pays en grande majorité jeune : 75 % de la population a moins de 35 ans et 50 % a moins de 15 ans. On a ainsi un taux de déperdition scolaire très important.

Il y a quelques années, il était autour de 40 % de jeunes quittant le système scolaire de façon précoce sans avoir acquis la moindre compétence. Les alternatives d’éducation-formation manquent cruellement et il y a une inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail.

Les attentes de la jeunesse sont très fortes. Elle est dans un tel désespoir que la plupart des jeunes n’aspirent qu’à quitter le Mali à la recherche du salut. Et pourtant la jeunesse malienne est une jeunesse talentueuse, connectée, une jeunesse qui a envie de prendre son avenir en main. Mais c’est une jeunesse qui, toutes ces dernières années, a été mise à l’écart, découragée, brimée, brisée dans ses élans et dans ses rêves. Elle a cependant envie de faire quelque chose pour participer à la transformation du Mali. C’est elle qui en détient la clé.

Priorité à l’ouverture de centres
de formation qui soient opérationnels

Et vous avez déjà conçu un véritable plan de redressement…

Mohamed Salia Touré – Nous avons construit, mon équipe et moi, notre action autour de deux axes essentiels.

D’abord, le suivi de tous les projets que l’on a trouvé à notre arrivée ici et qui étaient en souffrance. Ce n’étaient pas de mauvais projets, mais ils ont manqué de suivi quotidien et de volonté politique pour aller à leur terme. Si l’on veut mobiliser la jeunesse pour qu’elle participe à la transformation du pays, il faut apporter une réponse adéquate à la formation professionnelle.

Nous avons trouvé ici des centres de formation déjà construits et équipés à coups de milliards de francs CFA, mais qui n’étaient pas ouverts et opérationnels. Comme un centre chinois à Senou qui porte sur les métiers du BTP, et un autre construit par les Marocains à Sébénikoro, consacré aux BTP et à la restauration. Il fallait donc les rendre opérationnels pour qu’ils accueillent tout de suite des jeunes et puissent les former en chaudronnerie, construction métallique, carénage, sanitaire.

Le deuxième axe porte sur les réformes nécessaires pour assainir le secteur et toutes ces structures placées sous la tutelle de ce ministère. Certaines de ces structures comme l’APEJ (Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes) ont fait la fierté du Mali dans un passé très récent et des pays comme le Bénin, le Burkina ou le Niger sont venus s’inspirer de l’exemple du Mali en matière d’emploi des jeunes.

Or, toutes ces structures sont malheureusement en perte de performance car il y avait de véritables problèmes de gouvernance. Il convient de faire des réformes que nous avons engagées avec nos partenaires canadiens et suisses. Nous faisons un diagnostic de l’ensemble de ces structures qui va nous permettre de déceler les insuffisances qu’il nous faut corriger pour l’accompagner d’un plan robuste de renforcement des capacités.

Le ministre Mohamed Salia Touré lors de son entretien avec Bruno Fanucchi, pour AfricaPresse.Paris. © Baba Cissé

À la tête de ce ministère stratégique, l’un de vos objectifs est aussi de vaincre les pesanteurs et la corruption de l’administration ?

Mohamed Salia Touré – C’est en effet un département stratégique, un département clé, car la mission qui nous est confiée ici c’est la formation du capital humain qui est encore plus importante que les ressources naturelles ou les ressources minières. Car pour bien exploiter ces dernières et en tirer profit pour le bien-être de la population, il faut d’abord avoir les ressources humaines hautement qualifiées et bien formées.

Les ressources minières du Mali sont pourtant importantes, avec les mines d’or…

Mohamed Salia Touré – Très importantes, j’en conviens, mais les ressources humaines sont la première ressource sur laquelle un pays doit s’adosser pour amorcer son développement. Pour m’entourer ici, j’ai le choix d’une équipe jeune car je fais confiance au dynamisme et à la compétence de la jeunesse. Ils sont tout le temps là, du lundi au dimanche. Ils sont engagés pour que l’on puisse ensemble atteindre les objectifs qui nous sont assignés.

En recevant la semaine dernière à l’Élysée le Président Bah N’Daw, le Président Emmanuel Macron lui a demandé d’accélérer la transition politique pour remettre le pouvoir à des autorités civiles démocratiquement élues. Comment avez-vous interprété ce message ?

Mohamed Salia Touré – Depuis que le Mali a été plongé dans cette crise en 2012, il faut saluer cette solidarité internationale formidable qui s’est manifestée et constituée autour du Mali. Les partenaires du Mali, les amis du Mali – la France en tête – veulent que le Mali se stabilise et amorce son développement. Ils ont un rôle très important dans cet accompagnement et, au nom de cette amitié, il convient de se dire certaines choses et de se donner des assurances.

Mais aucun signe n’a été donné par cette Transition, à laquelle j’appartiens, de ne pas aller vite pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés : organiser des élections transparentes et crédibles pour passer le pouvoir à un régime élu. Je ne vois aucun signe de fébrilité et je l’interprète de la bonne façon.

Le ministre Mohamed Salia Touré lors de son entretien avec Bruno Fanucchi, pour AfricaPresse.Paris. © Baba Cissé

« C’est toujours un honneur d’être
appelé à ce niveau de responsabilités »

Quand on vous a proposé, le 5 octobre dernier, ce ministère de l’Emploi, comment cela s’est-il passé ?

Mohamed Salia Touré – Je n’ai pas hésité un instant, mais j’ai pris quelques minutes de réflexion et d’échange avec les miens. C’est toujours un honneur et un bonheur d’être appelé à ce niveau de responsabilités pour servir son peuple. Tout mon engagement est dédié au Mali depuis mon parcours dans les associations citoyennes dans lesquelles j’ai milité comme le mouvement Amadou Hampâté Bâ.

Il faut bien sûr mesurer l’ampleur et le poids des responsabilités que l’on vous propose, mais on ne peut pas refuser une telle charge quand on aime le Mali. J’ai tout de suite répondu présent car, dans le cadre de cette transition, nous sommes tous appelés à sauver le bateau Mali pour que le pays puisse amorcer son développement.

Vous venez de parrainer la VIe Nuit de l’Entrepreneuriat, qui s’est déroulée à Bamako du 28 au 30 janvier. Celle-ci a-t-elle comblé toutes vos espérances et quels en sont les résultats concrets ?

Mohamed Salia Touré – Il faut d’abord saluer l’engagement de ce jeune, Bouba Traoré, qui depuis des années se bat pour promouvoir l’entrepreneuriat avec ce magnifique rendez-vous qu’il organise chaque année. Cette fois encore, dans un contexte particulièrement difficile marqué par la crise sanitaire, il a pu tenir cette VIe édition.

Il fallait que mon ministère se porte à ses côtés car ce qu’il fait facilite notre travail. Nous avons une Agence pour faire la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) et nous ne pouvions pas ne pas être à ce rendez-vous incontournable et montrer ainsi aux jeunes entrepreneurs que notre porte leur est grande ouverte pour les accompagner. J’ai eu l’occasion de participer aux débats et à un panel. Ce sont des moments d’échanges qui permettent d’expliquer le travail difficile que nous menons ici, au sein de ce ministère stratégique pour la réussite de la transition.

……

Le volet 2/2 de cet entretien exclusif sera publié mardi 9 février.

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