Le ministre Franck RIESTER devant les entrepreneurs du CIAN : « Pour moi la priorité, c’est l’Afrique ! »
.
par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse
.
Comment expliquer le déficit très important de la balance commerciale de la France, et depuis de si nombreuses années ? Pour le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, une partie de la réponse est à chercher dans une certaine « vertu » française : « la volonté, depuis des années et notamment avec l’Afrique, de s’installer sur place, de créer des filiales sur place et donc de créer de la richesse et de l’emploi sur le long terme dans les pays qui sont nos partenaires. »
Le refus d’un certain court-termisme prédateur pratiqué par d’autres compétiteurs en Afrique s’ajouterait donc à une défaillance devenue structurelle – la désindustrialisation de la France – pour expliquer ce déficit abyssal. Mais ces choix augurent des lendemains bien meilleurs, croit-on comprendre à l’écoute du ministre…
.
Les marqueurs positifs « différenciants »
des entreprises françaises
Les marqueurs positifs « différenciants »
des entreprises françaises
.
Car en fait, des voix commencent à s’élever en Afrique pour dénoncer les abus de certaines puissances, tandis que l’attention portée à la RSE, à l’empreinte sociale et environnementale, ainsi que la logique volontariste de partenariat, s’affirment chaque jour davantage comme des marqueurs positifs « différenciants des entreprises françaises, qu’il faut continuer à cultiver ».
Selon Franck Riester, c’est aussi dans cet esprit qu’il faut apprécier l’initiative du Président de la République d’accompagner le financement des économies africaines, lors du sommet de Paris du 18 mai dernier, organisé dans le but de remettre à plat les pratiques d’un certain nombre de financeurs des pays africains, pratiques aux conséquences parfois très difficiles à assumer. On s’en souvient, la France a alors proposé de porter les DTS de l’Afrique de 33 à 100 milliards de dollars, et annoncé qu’elle abandonnait ses propres DTS au bénéfice du Continent – une initiative largement saluée par nombre de pays africains.
Le grand intérêt porté aux questions de formation des jeunes est un autre caractère « différenciant » de l’engagement français en Afrique. Ainsi le ministre a-t-il affirmé prendre en considération « toutes les propositions d’innovations en matière de formation, parce que l’on est convaincu que l’une des clés du succès économique de l’Afrique est la capacité de cette jeunesse à avoir une qualification et un métier, donc un emploi. »
Alexandre Vilgrain, Président du CIAN, et le Président délégué Étienne Giros accueillant le ministre Franck Riester. © AM/APP
.
Des dispositifs de soutien
plus nombreux et précis
Des dispositifs de soutien
plus nombreux et précis
.
« Pour relever tous ces défis (…) nous mettons donc beaucoup de moyens, à la fois en termes d’investissement solidaire avec AFD – plus de 6,5 milliards d’euros en 2019 – mais aussi par l’accompagnement de projets précis, avec des financements du Trésor, avec les financements et les crédits export et notamment le récent dispositif d’assurance accompagnement de Bpifrance, dédié aux PME désireuses d’implanter des filiales en Afrique, ou encore le doublement de l’enveloppe du Fonds d’études et d’aide au secteur privé (FASEP) à hauteur de 50 M€, pour soutenir davantage les exportateurs qui se positionnent sur les projets d’infrastructures dans les pays émergents. Et le ministre de citer aussi le volet dédié à l’export du Plan de relance présenté le 3 septembre dernier par le Gouvernement, et doté de 250 millions d’euros.
Reconnaissant qu’il y a « des concurrences plus agressives sur le financement d’infrastructures » le ministre insisté sur la volonté française de continuer dans « cette relation de bâtir des partenariats dans le long terme avec chaque pays, d’une façon très mobilisée, avec volontarisme, mais en même temps aussi très honnête sur ce qu’on peut faire. »
Au rang des initiatives assez récentes de soutien aux entreprises actives à l’international, Franck Riester s’est félicité de la création de EFE International, structure privée soutenue par le gouvernement, et par laquelle les Entreprises françaises à l’étranger – environ 100 000 dans le monde – pourront bénéficier de plusieurs milliers de VIE (Volontariat international en entreprise), Franck Riester regrettant toutefois que ce dispositif de soutien – les VIE sont pris à 100 % en charge par l’État français – soit encore trop mal connu.
Par ailleurs, des réflexions sont en cours pour trouver des solutions d’aide au financement de ces entreprises françaises relevant du droit local, et qui de ce fait n’ont pu accéder que marginalement aux dispositifs de soutien – 50 millions d’euros mis à disposition des ambassades – durant la crise pandémique, et pas directement à ceux du plan de relance économique.
Vue d’une partie de la salle. © AM/APP
.
Communiquer positivement
sur les entreprises françaises
Communiquer positivement
sur les entreprises françaises
.
Il a ainsi invité les uns et les autres à communiquer, à assumer aussi la « fierté d’être Français », et particulièrement à faire savoir bien plus ce que les entreprises françaises accomplissent de bien en Afrique – formation, partenariats, engagement de long terme, partage des chaînes de valeur, actionnariat salarial, etc. – , à la différence de certains acteurs désormais bien identifiés pour leur caractères essentiellement tourné vers la prédation.
Le ministre s’est également déclaré favorable à l’idée de fédérer un collectif d’opérateurs – entreprises et autres entités – afin de riposter aux campagnes de dénigrement anti-français déployées sur le continent par certaines puissances connues et partis politiques rentiers du ressentiment, et élaborer ensemble un narratif refondé de la relation Afrique-France.
Une idée avancée par moi-même dès 2018, au plus fort de la campagne de dénigrement subie par Danone en Afrique, lors d’une conférence de presse avec Medef International, et que Philippe Perdrix, dirigeant cofondateur de l’agence de communication 35° Nord, a opportunément formulée à son tour à l’occasion de cette rencontre.
« Face à ces campagnes de désinformation et de dénigrement, a commenté le ministre, le plus important est de travailler ensemble, secteur privé et pouvoirs publics, à de la communication positive » sur tout ce que nos entreprises font de bien dans les différents pays d’Afrique.
Ce « sentiment d’un collectif français », le ministre essaie aussi de l’inculquer par la création de l’« Équipe France Business », annoncée à la mi-septembre – à ne pas confondre avec la Team France Export de Business France –, pour dynamiser les réseaux de soutien aux entreprises à l’international, en incitant notamment les dirigeants de grands groupes à travailler plus avec les PME et ETI françaises.
.
Afrique francophone,
French Tech et CIAN
Afrique francophone,
French Tech et CIAN
.
Répondant à une question sur la promotion des entreprises françaises en Afrique anglophone et lusophone, le ministre a évoqué ses nombreux voyages déjà faits dans ces pays, et d’autres à venir, ainsi que des initiatives comme la création du Club avec des entrepreneurs nigérians qui veulent investir en France. Il a toutefois souligné qu’il ne s’agit pas pour autant de délaisser l’Afrique francophone, où l’on bénéficie de l’avantage de la langue et de la culture communes, mais où rien n’est pour autant gagné d’avance.
Franck Riester s’est également félicité de la relance de l’initiative Digital Africa, considérant cependant qu’aujourd’hui nos pépites de la French Tech – dont 18 licornes, avec des records européens de levées de fonds, comme tout récemment 1,2 milliard de dollars collectés par trois entreprises – ne se projettent pas plus vers l’Afrique.
Le ministre a aussi souligné l’importance du rôle des diasporas pour la création de valeur localement, ainsi que pour le partage des chaînes de valeur entre la France et l’Afrique, citant notamment en exemple l’entrepreneure franco-mailienne Aïssata Diakité,
qui a monté une fabrique de jus de fruits et autres produits issus de l’agriculture bio. « Les diasporas africaines en France sont des traits d’union et des acteurs majeurs, à mon avis, pour l’avenir de ce renforcement du partenariat entre la France et l’Afrique », a-t-il ajouté.
À une tout autre échelle, l’accord entre Biovac et Sanofi-Pasteur pour produire des vaccins anti-Covid en Afrique du Sud, est un autre exemple de partage de chaîne de valeur que le ministre a également cité.
Après avoir annoncé la tenue d’un BIG ivoirien au printemps, et d’une « importante conférence » Europe-Afrique en février prochain à Marseille, durant la présidence européenne de la France, le ministre a conclu ses interventions en déclarant que « Pour moi, la priorité, c’est l’Afrique » et en remerciant vivement le CIAN, « auquel nous apportons vraiment tout notre soutien, et exprimons notre reconnaissance pour ce que vous faites depuis quarante-deux ans. C’est absolument essentiel et nous voulons continuer de nous appuyer sur ce que vous faites. Bravo et merci pour votre action au service du déploiement de nos entreprises en Afrique ! »
.
.
CLIQUEZ ICI OU SUR L’IMAGE POUR ACCÉDER AU REPLAY
DU WEBI 2 DU CAPP :
« L’état de la coopération économique
Europe-Afrique et comment la dynamiser »
(15 06 2021)
.
.
CLIQUEZ ICI OU SUR L’IMAGE ET ACCÉDEZ AU REPLAY DU WEBI 1 DU CAPP
« LES OUTILS DE LA CONFIANCE POUR ENTREPRENDRE EN AFRIQUE »
(21 04 2021)