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Le marché de la sécurité attire les PME françaises au Salon ShieldAfrica d’Abidjan

13 juillet 2017
Le marché de la sécurité attire les PME françaises au Salon ShieldAfrica d'Abidjan
La sécurité est la condition première du développement. Assurer la sécurité des villes et des transports, la protection des grands événements sportifs comme la CAN génère un véritable marché pour les grands groupes, mais aussi pour les PME et TPE. Reportage au Salon ShieldAfrica d’Abidjan, à la rencontre d’entreprises françaises.

Photo - La quatrième édition du Salon ShieldAfrica dédié à la sécurité vient de se tenir à Abidjan (Côte d’Ivoire), du 24 au 26 janvier. (Crédits : ShieldAfrica)

par Bruno Fanucchi, à Abidjan | 01/02/2017, 18:22 | 936 mots


« L’Afrique est en train de se transformer, si l’on n’y prend garde, en épicentre du terrorisme international », soulignait Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères (2000-2009) et président de l’Institut panafricain de stratégies, en ouverture de la Conférence internationale « Protégeons notre développement » précédent la quatrième édition du Salon ShieldAfrica qui vient de se tenir à Abidjan (Côte d’Ivoire) du 24 au 26 janvier. « L’Afrique doit prendre en main sa sécurité et devenir le vrai bouclier de l’Afrique », ajoute Cheikh Tidiane Gadio, rappelant que « la sécurité est la première condition du développement ». Et cette réalité devrait avoir bien des conséquences économiques pour le Continent.

Un salon de l’armement et de la sécurité

Fondateur et commissaire général du Salon ShieldAfrica, l’Ivoirien Stephane Konan (spécialiste reconnu de la cybersécurité) est plutôt satisfait que celui-ci change de dimensions et s’installe dans la durée et le paysage économique lié aux nouvelles menaces. « Créé par des Africains pour des Africains », ce Salon dédié à la sécurité et à la défense attire en effet nombre d’opérateurs économiques et d’industriels européens - dont des entrepreneurs français bien sûr -, africains, israéliens ou même coréens.

Mis à part Rosoboronexport, le géant russe de l’exportation d’armement, dont c’est la première participation, ShieldAfrica est tout sauf un salon de l’armement. C’est une plateforme économique, où les industriels viennent proposer des solutions pratiques pour développer la sécurité sous toutes ses formes : sécurité des personnes et des biens, sécurité des transports, des ports, des aéroports, protection des grands événements sportifs comme la CAN (Coupe d’Afrique des Nations), sécurisation des opérations bancaires, cyber sécurité, etc.

Patron d’Eurosatory, le général Patrick Colas des Francs en a repris toute l’organisation pour l’installer définitivement dans le calendrier des grands salons et monter en puissance. « ShieldAfrica va s’imposer à toute l’Afrique comme un rendez-vous incontournable », affirme-t-il en faisant un premier bilan de l’édition 2017 : 130 exposants, des délégations venues de 64 pays (dont plus d’une trentaine africains) et plus de 3 000 visiteurs. Un carrefour des affaires qui draine aussi bien des grands groupes comme Nexter, Renault Trucks, Thales, ou Atos, leader européen du big data et de la cybersécurité, mais aussi et surtout de nombreuses PME qui sont de plus en plus attirées par ce nouveau marché de la sécurité, en pleine expansion.

Des PME et TPE françaises bien placées

Ainsi, les exemples d’entreprises qui savent s’adapter aux nouveaux marchés et trouver parfois des « niches » dans des secteurs technologiques de pointe ne manquent pas : Hologram Industries (rebaptisée en 2015 Surys) se présente comme « le grand spécialiste des documents infalsifiables » (Monnaie, passeport, etc.), selon Benoît Des Places, qui parcourt l’Afrique en long et en large, et a collaboré en Côte d’Ivoire à la réalisation de l’e-visa.

Autre exemple : Rivolier (basée près de St-Etienne), spécialisée dans l’équipement du fantassin de la tête aux pieds, est une entreprise employant 200 personnes pour un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. Bien implanté depuis quatre ans en Côte d’Ivoire, où il vient de fournir 8 000 pistolets SigSauer à la police ivoirienne (le même modèle qui équipe la Gendarmerie nationale en France), Rivolier a « vocation à rayonner dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone », selon son vice-président, le général Olivier de Bavinchove, qui veut faire bénéficier les pays africains de son expérience opérationnelle en Afghanistan.
L’entreprise s’est lancée dans le déminage (avec robot d’intervention et tenue de protection) et c’est bien évidemment un marché qui - terrorisme oblige ! - peut rapidement intéresser plusieurs pays de la sous-région. En France même, Rivolier envisage de relancer une filière de production de munitions de petit calibre (comme la 12,7 ou 7,62) avec la création d’une centaine d’emplois à la clé, alors que la France ne produit plus aucune mution.

« On ne touche pas au létal », explique en revanche le contre-amiral Antoine de Roquefeuil, ancien officier lui aussi reconverti dans les affaires et la sécurité en Afrique, où il représente MagForce, une petite boîte de négoce qui emploie une trentaine de personnes pour un chiffre d’affaires de 20 à 30 millions d’euros, selon les années. « Notre métier d’origine, c’est la confection des uniformes et des tenues de combat, mais nous avons élargi et assurons l’équipement individuel du soldat... Pour une petite PME, observe-t-il, ce Salon est une aubaine car cela nous évite une dizaine de voyages de prospection dans les pays de la sous-région ».

Sur le même créneau des uniformes, tenues de combat et de protection (comme les gilets pare-balles) pour toutes les armées ou forces de sécurité, MagForce est concurrencée par l’entreprise familiale Marshall Equipement (seul stand marocain du Salon) qui « abrite l’essentiel de son activité industrielle au Maroc », selon son président Majid Boutaleb, même si sa société a aussi des bureaux en Suisse.

Spécialisées dans le renseignement, plusieurs firmes israéliennes ont fait également le déplacement d’Abidjan pour proposer des mini-drones aux armées africaines.

Autant d’efforts de sécurité et de projets de développement qui pourraient cependant être rapidement balayés si soldats et gendarmes ivoiriens redescendaient dans la rue - comme début janvier - pour réclamer le paiement de primes impayées !

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Ce texte a été publié une première fois sur le blog EuroMed-Afrique d’Alfred Mignot, sur LaTribune.fr, le 1er février 2017.

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