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Le festival ciné d’AFLAM honore la Tunisie avec des extraits de « Dégage », de Mohamed Zran

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 6 juin 2011 | src.LeJMED.fr
Le festival ciné d'AFLAM honore la Tunisie avec des extraits de « Dégage », de Mohamed Zran
Marseille -

La IVe édition du festival « Écrans des Nouveaux Cinémas Arabes » (AFLAM), qui vient de se dérouler à Marseille (23 au 31 mai 2011) a mis un coup de projecteur sur tout l’arc des pays arabes, de la Syrie au Maroc. Avec des rendez-vous réguliers autour de la diffusion des cinémas arabes qui rythment l’année dans la cité phocéenne, les festivals d’AFLAM comptent parmi les événements culturels les plus représentatifs de la richesse cinématographique des pays et auteurs arabes en France. Cette IVe édition, à Marseille, avec des salles combles à chaque représentation, fut le reflet de cette juste notoriété, et l’occasion de rendre hommage à la Tunisie nouvelle, à laquelle la soirée d’ouverture fut consacrée.

Photo ci-dessus : le réalisateur tunisien Mohamed Zran a présenté des extraits de son long-métrage documentaire « Dégage », à paraître en janvier 2012, et qui comporte des prises sur le vif captées durant la révolution tunisienne de janvier 2011. © Nadia Bendjilali


L’affiche de « Vivre ici », un documentaire de fiction signé Mohamed Zran (également auteur de "Dégage") et tourné à Zarzis, la ville dont le réalisateur est originaire. © DR

Une édition « à la lumière des printemps arabes », selon les vœux de ses organisateurs, qui a collé au plus près de l’actualité et fourni des éclairages nombreux par l’alchimie créée par la diversité géographique des films proposés – de Tunisie et d’Égypte mais aussi de pays dont on a peu l’habitude d’en voir, comme la Libye ou l’Irak –, la nouveauté des thèmes abordés (l’inceste, le suicide, l’intimité d’une femme) et la variété des genres et des esthétiques présentées (fiction, documentaire, courts, humour, cinéma d’animation).

Une sélection de productions des années 2009 et 2010 dans les pays arabes, des films qui sont à la fois le reflet des préoccupations des sociétés dont ils témoignent et apportent des clefs de compréhension des révolutions en cours dans le monde arabe, voilà en somme « la recette » qui fait que ce festival est couru.

Le lundi 23 mai 2011, une soirée entière était consacrée aux courts métrages : huit courts-métrages représentant 5 pays étaient projetés, dont trois productions de réalisatrices. Si le court-métrage est un format privilégié pour l’économie de moyens qu’il requiert, la programmation de cette soirée nous a permis de découvrir un film d’animation égyptien « Guinée Wahed », genre que les jeunes arabes pratiquent de plus en plus. Mais aussi, avec « Condamnations » de Walid Mattar, quinze minutes d’une chronique délicieusement ironique d’un café tunisien, avec les réactions de ses clients au fil des événements, de la Coupe du monde de football à la guerre à Gaza – un court-métrage qui a remporté le prix du meilleur scénario au festival de courts métrage méditerranéen de Tanger, et le prix du jeune public au Cinemed de Montpellier (2010).

Autre découverte, le court-métrage tunisien « Tabou », de Meriem Riveill, qui traite avec délicatesse de la question de l’inceste, tandis que « Le dernier passager » de l’Algérien Mounes Khammar explore la détresse de la jeunesse et du suicide, sous la forme d’une élégie pleine de sensibilité.

La Tunisie à l’honneur

La soirée d’ouverture du festival, le mardi 24 mai 2011, était, quant à elle, dédiée à la Tunisie, avec notamment la présentation exclusive de l’une des premières productions réalisées pendant la révolution de janvier 2011.

Présentés par son auteur, des extraits du long-métrage documentaire « Dégage » du réalisateur Mohamed Zran, sous la forme de quelques prises réalisées « sur le vif » pendant la révolution tunisienne, ont été partagés avec une salle à la concentration très palpable. Nul doute que ce film, dont la sortie est prévue le 14 janvier 2012, date du premier anniversaire de la révolution, sera un témoignage de premier choix sur cette période où le vent de la liberté et la parole étaient au premier plan.

Les spectateurs ont pu également découvrir « Vivre ici », un documentaire de fiction qui propose un « film tourné à Zarzis, la ville dont est originaire Mohamed Zran, film dans lequel Zarzis est en somme comme un microcosme de la Tunisie », explique Michel Serceau, co-Président d’Aflam.

Pendant deux heures, nous suivons, par le biais d’une galerie de portraits sensibles, des Tunisiens dans leur quotidien de vie et leurs questionnements sur la société, autour de l’épicier Simon, de confession juive, qui est à la fois le confident, le guérisseur et la mémoire des habitants de Zarzis, on découvre la parole de Hédi, le peintre maudit, expulsé de France, artiste et intellectuel qui interroge le manque d’ouverture et partage son incompréhension de sa vie brisée par l’expulsion ; de Tahar, l’instituteur et frère de Mohamed Zran, qui partage devant la camera ses analyses sociopolitiques, nous suivons les rêves et les tentatives d’obtention de visa des jeunes gens, candidats au départ pour l’Europe etc.

Une série de questions traversent ces récits d’hommes et de femmes très attachants, des questions sur le sens de la vie, la relation avec le pouvoir, les rêves, la complexité du monde et la nécessaire ouverture à l’Autre, la modernité et la tradition. « Ce film, explique Mohamed Zran, est né de l’envie de montrer ce que l’on ne regarde pas, à partir du canevas de personnages que je connais depuis toujours comme Simon et Hedi, le premier étant de plus en plus vieux, et le second partant prochainement à la retraite. C’est la réalité qui a imposé le tempo du film et non des contraintes de forme, ni de production (...)
J’ai tourné pendant deux ans à Zarzis, et si ce film m’est particulièrement cher c’est parce qu’il s’est fait dans une démarche singulière : j’y invente l’instant même, rien n’est écrit, ni décidé à l’avance. Une seule prise à chaque fois. Une magie en somme se produit, dans la concentration, l’humain, avec chacune des personnes et dans l’espace ».

"Microphone" de l’Égyptien Ahmad Abdallah a marqué la soirée du vendredi 27 mai, placée sous le signe de la musique avec un prolongement de la soirée confiée au DJ Big Buddha. Soulignons que ce film a remporté le Tanit d’Or, récompense suprême des Journées cinématographiques de Carthage (lors de la 23e édition, en octobre 2010), la plus ancienne manifestation du cinéma au sud, et a été présenté à Cannes le 18 mai lors de la journée consacrée à l’Égypte.

Notons enfin la déprogrammation du film et de la venue du réalisateur syrien Joud Saïd par l’association Aflam suite à ses positions nationales de soutien à la politique du président Bachar al-Assad, et son remplacement par un hommage renouvelé au grand documentariste syrien Omar Amiralay, récemment disparu.


Nadia Bendjilali, LeJMED.fr
Marseille

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À propos d’AFLAM
Afam n’est pas un sigle, mais le pluriel du mot « film » dans la langue arabe, et le nom d’une association née en 2000 à Marseille qui œuvre à la promotion des cinémas arabes (leur histoire et la création contemporaine) à travers des cycles de projections réguliers. Donner de la visibilité et un espace à ces cinémas méconnus, encourager les échanges autour des films réalisés au Maghreb et au Moyen-Orient, favoriser une réappropriation nécessaire et une meilleure connaissance des cultures arabes à travers l’image et le cinéma, tel est le sens du travail de cette équipe de marseillaises et de marseillais.
Pour amplifier son action, Aflam est porteur d’un projet de création d’un Festival International des Cinémas Arabes (FICA) dans le cadre de Marseille Provence capitale européenne de la culture en 2013. Un festival auquel seront associés des ateliers à l’intention des professionnels de la production et de la diffusion du cinéma en Méditerranée


Les prochains rendez-vous de diffusion des cinémas arabes sont :

 Le 15 juin 2011 à 18 h, à la BMVR de l’Alcazar, Marseille : une projection/débat en présence de réalisateurs autour de courts métrages récents " Interrogations de cinéastes du monde arabe " (Entrée libre)
 Du 6 au 12 juillet 2011, à Marseille et dans six autres villes de la Région Provence-Alpes Côte d’Azur, un cycle « caravane en plein air » avec des projections sous les étoiles, gratuites : un choix de films pour tous les publics et dans tous les genres.
 En novembre 2011, un festival autour des Cinéma(s) d’Égypte.

En savoir plus :

 Site de l’AFLAM

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