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Lauréat du premier Prix littéraire du Quai d’Orsay : «  L’Arabe qui sourit   » d’Omar Youssef Souleimane, roman du retour impossible

12 juin 2025
Lauréat du premier Prix littéraire du Quai d'Orsay : « L'Arabe qui sourit » d'Omar Youssef Souleimane, roman du retour impossible
Omar Youssef Souleimane, premier lauréat du nouveau Prix littéraire du Quai d’Orsay pour « L’Arabe qui sourit ». © Flammarion – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
C’est dans les salons du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères que le 4 juin 2025, Omar Youssef Souleimane a reçu le tout premier Prix littéraire du Quai d’Orsay pour « L’Arabe qui sourit » (Flammarion), un roman qui s’impose déjà comme l’un des récits les plus marquants de l’année sur l’exil, la mémoire et la quête d’identité.

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par Desk AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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Dans ce texte à la fois intime et haletant, l’auteur syrien, exilé en France depuis 2012, imagine le retour de son double littéraire, Salim, sur sa terre natale. De La Rochelle à la Syrie en passant par Beyrouth, le roman s’ouvre sur la disparition d’un ami, Naji, qui pousse Salim à entreprendre une dernière aventure  : rapatrier le corps du défunt pour l’enterrer dans sa patrie d’origine, malgré les dangers et les frontières infranchissables.

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Un retour fantasmé, entre
enquête, deuil et poésie

Ce voyage devient le prétexte d’une enquête clandestine, où la poésie de Souleimane se mêle à la tension du roman noir. Un livre d’Ibn Khaldoun annoté à l’encre jaune, une suite de chiffres mystérieuse, la figure d’une photographe italienne solitaire à Beyrouth  : autant d’indices qui transforment le récit en une quête à tiroirs, sur fond de trafic de captagon, cette drogue qui gangrène la Syrie contemporaine.

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L’exil, la résistance
et la mémoire

« L’Arabe qui sourit » est aussi une méditation sur l’exil et le deuil. Salim, comme l’auteur, a fui la Syrie pour échapper à la répression du régime de Bachar al-Assad. Le roman, écrit avant la chute du régime, anticipe le retour du narrateur dans un pays dévasté, où la dictature a laissé place à la violence islamiste et à la perte des libertés individuelles.

Le sourire du titre, énigmatique, devient un acte de résistance  : «  Être arabe, c’est être triste. Être un “Arabe qui sourit”, c’est être un résistant contre cette ambiance de malheur  », confie Souleimane. Le livre explore la difficulté de renouer avec une terre natale qui n’existe plus que dans la mémoire, et la nécessité, pour l’exilé, de «  vivre ce deuil  » afin de s’inventer une nouvelle appartenance.

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Un roman d’aventure
et de transmission

Sur 240 pages, Souleimane livre un récit picaresque, porté par une langue précise et sensible, où la nostalgie se mêle à la lucidité. Les scènes de passage de frontière, les rencontres avec la police syrienne, la peur d’être arrêté, rappellent la réalité tragique d’un Proche-Orient devenu «  cimetière de rêves  ». Mais le roman est aussi traversé par l’espoir  : celui de transmettre, à travers la littérature, la mémoire d’un monde perdu et la force de continuer à sourire.

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Un prix littéraire pour
le dialogue des cultures

En couronnant « L’Arabe qui sourit », le Quai d’Orsay salue un roman qui incarne l’aspiration à comprendre l’autre et à dialoguer avec l’étranger. Le jury, présidé par Pierre Haski, a récompensé un texte qui fait le lien entre la France, terre d’accueil, et un Proche-Orient blessé mais toujours vivant dans l’imaginaire de ses enfants.

« L’Arabe qui sourit » est un roman poignant, à la croisée de l’autofiction, du roman d’enquête et du récit de voyage, qui interroge la possibilité du retour, la fidélité à la mémoire et le courage de sourire face à la tragédie. Un livre essentiel, désormais distingué par le tout premier Prix littéraire du Quai d’Orsay.

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