La CGPME et les patrons du Sud croient à l’UPM
Photo ci-dessus - Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État en charge du Commerce extérieur, et Jean-François Roubaud, Président de la CGPME. © leJMED.fr
À cette occasion, les dirigeants de la CGPME ont dévoilé les résultats encourageants d’une enquête IPSOS – KPMG menée auprès de 933 patrons de PME de six pays riverains (Algérie, Espagne, France, Italie, Maroc, Tunisie) sur leur perception du projet UPM. C’est une première, une telle enquête n’ayant jamais été réalisée jusqu’ici, et ses résultats sont édifiants : 79% des patrons de PME des 6 pays attendent avec « espoir » ou « confiance » la création de l’Union pour la Méditerranée.
A y regarder de plus près, il apparaît cependant que seuls 59 % des patrons français partagent ce point de vue, et certains intervenants maghrébins, notamment Nizar Baraka, ministre marocain délégué auprès du Premier ministre, n’ont pas manqué de souligner une certaine « frilosité » des PME françaises à traverser la mer, comme le démontrent a contrario les Espagnols, qui ont créé quelque 1 000 entreprises au Maroc, au cours de ces dix dernières années.
Reste que 59 %, c’est tout de même une belle majorité, comme le soulignait Jean-François Roubaud, Président de la CGPME : "C’est beaucoup, même si c’est moins que leurs partenaires. La CGPME partage cet optimisme : l’Union pour la Méditerranée constitue un potentiel de croissance majeur pour nos entreprises. La CGPME travaillera donc à aider les entrepreneurs à s’approprier ce grand marché d’avenir."
82 % d’avis favorables au Maghreb
Au Maghreb, les réponses favorables des entrepreneurs culminent à 82 %, l’UPM leur apparaissant une perspective créatrice d’emplois pour leurs pays et de croissance pour leur propre entreprise.
En se fondant sur ce chiffre, on peut considérer que les entrepreneurs maghrébins ont bien intégré la nouvelle donne des pôles compétitifs régionaux coordonnés pour affronter la compétition mondialisée, à l’instar de ce qu’ont déjà su faire les grands ensembles de l’Asean (Chine-Japon-Corée du Sud), de l’Alena (Amériques du nord et latine) ou encore l’Allemagne avec sa zone de chalandise privilégiée de l’Europe centrale – ce dernier fait expliquant à lui seul bien des réticences de l’Allemagne eu regard du projet UPM !
Malgré les réticences allemandes et plus largement européenne, l’engagement des PME en faveur du projet UPM augmente les chances de réussite de celle-ci car, ainsi que le relevait en assemblé plénière Anne-Marie Idrac, secrétaire d’État en charge du Commerce extérieur, « 30% des échanges sur la Méditerranée sont le fait de PME, ce qui est plus que dans toutes les autres régions du monde ».
Lui faisant écho, Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la BEI en charge de la FEMIPE, déclarait quant à lui que le matin même, à Luxembourg, le Conseil des gouverneurs de la BEI avait décidé de renforcer sa stratégie PME, notamment vers le Sud. « Nous allons proposer aux pays du Sud la même gamme de services que celle que nous avons déployée pour les PME en Europe, précisait-il. Ils ont besoin de produits de garanties, car les banques y prennent peu de risques, la perception de celui-ci étant surévaluée. »
Reste que, contrairement à ce qui avait été annoncé comme probable il y a quelques mois, la création d’une banque d’investissement dédiée à la Méditerranée n’est plus à l’ordre du jour en Europe…
Comment mieux réguler
les flux de capitaux nord-sud ?
Chaque année, les émigrés en Europe originaires des neuf pays partenaires de la PEV ((Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité palestinienne, Syrie et Tunisie), envoient quelque 16 à 18 milliards d’euros chez eux, soit autant que les recettes du tourisme.
« Mais, souligna Philippe de Fontaine-Vive, cet argent sert essentiellement à aider les familles ou à acheter une résidence secondaire. Moins de 10 % des fonds vont à l’entreprise. Dans l’autre sens, quelque 30 milliards d’euros quittent chaque année le Sud méditerranéen pour s’investir en Europe. Il faut que cet argent reste dans les pays du Sud et soit davantage investi dans ces économies. »
Pour y arriver, le vice-président de la BEI en charge de la Femipe (qui prête environ 2 milliards d’euros par an aux neuf pays cités) estime que trois leviers peuvent être utilement actionnés : favoriser les coopérations bancaires transnationales ; bancariser les migrants et leurs familles ; ouvrir les marchés des capitaux locaux à des non-résidents, afin de moderniser le marché et fixer l’épargne.
Alfred MIGNOT