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Jawad Kerdoudi, Pdt IMRI

- L’onde de choc tunisienne et les risques d’instabilité dans les pays arabes

Maroc | 15 février 2011 | src.IMRI - Maroc
- L'onde de choc tunisienne et les risques d'instabilité dans les pays arabes
Casablanca - Si Jawad Kerdoudi, Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales, Casablanca), estime que « l’onde de choc, née de la révolution tunisienne du 15 janvier 2011, et qui s’est poursuivie en Égypte, aura certainement des effets sur les autres pays arabes », ceux-ci ne sont pas pour autant également exposés aux risques d’instabilité. Revue de détail…


Titre original

La chute de Moubarak
Quel impact sur les pays Arabes ?

par Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
Institut Marocain des Relations Internationales


Ainsi il a fallu a peine 18 jours pour que Moubarak qui a gouverné l’Egypte pendant 30 ans quitte le pouvoir le 11 Février 2011. On ne peut que saluer avec fierté le courage et la détermination du peuple égyptien, qui a réussi malgré les attaques de la police, et les conditions matérielles déplorables, à tenir jusqu’à la victoire. On peut saluer également le comportement digne de l’armée égyptienne qui a refusé de tirer sur la foule. La communauté internationale a réagi favorablement au départ de Moubarak, avec une mention particulière pour le Président américain Obama qui a salué chaleureusement la victoire du peuple égyptien.

Ce qu’il faut espérer maintenant, est que l’institution militaire égyptienne à qui a été dévolu le pouvoir, puisse préparer au mieux la transition vers les élections présidentielles de Septembre 2011, afin qu’enfin le peuple égyptien puisse bénéficier de la démocratie qu’il a amplement méritée.

Cette onde de choc, née de la révolution tunisienne du 15 janvier 2011, et qui s’est poursuivie en Égypte, aura certainement des effets sur les autres pays arabes.

Cependant le monde arabe n’est pas monolithique, et chaque pays a ses propres spécificités.
Trois pays ont le plus de similitudes avec la Tunisie et l’Egypte : il s’agit de l’Algérie, la Libye et la Syrie. En effet ces trois derniers pays partagent les mêmes maux : dictature, pauvreté et corruption. Cependant l’Algérie et la Libye disposent de la manne pétrolière et gazière qu’ils peuvent faire jouer pour calmer le peuple. Ils peuvent aussi, ainsi que le régime syrien, réagir plus brutalement en cas de soulèvement des masses pour empêcher les manifestations.

Des risques d’instabilité existent également au Yémen, en Mauritanie et en Jordanie, où le Roi Abdallah a changé de premier ministre suite à une contestation tribale dénonçant la corruption. Il y a moins de risques pour les pays Arabes producteurs d’hydrocarbures (Arabe Saoudite, Emirats du Golfe) du fait que les peuples de ces pays profitent plus largement de la richesse pétrolière, et que les jeunes n’y jouent pas encore un grand rôle dans des sociétés restées très traditionnistes. Cependant, l’onde de choc née de la révolution tunisienne aura à des degrés divers des conséquences sur tout le monde arabe.

Le cas du Maroc est également à part.

Notre pays depuis une dizaine d’années a connu des grandes avancées sur le plan politique, économique et social. Multipartiste depuis l’indépendance, le champ des libertés s’y est considérablement élargi, et les associations de la société civile se sont multipliées. Les élections s’y déroulent d’une façon régulière et avec plus de transparence que dans le passé. Sur le plan économique, de grands chantiers ont été ouverts, et des politiques sectorielles ambitieuses ont été mises en œuvre avec succès. Enfin sur le plan social, la compensation des prix pour les produits de première nécessité, l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH), et la politique de proximité menée par le Roi en personne, contribuent à sortir les classes défavorisées de la pauvreté.

Cependant il ne faut pas se satisfaire de la situation actuelle. Afin que le pays puisse évoluer dans la sérénité, il faut accélérer les réformes pour parfaire notre démocratie, lutter contre l’économie de rente, et réduire les inégalités sociales qui restent flagrantes.

Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI
Institut Marocain des Relations Internationales

Du même auteur :
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