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L’interopérabilité des moyens de paiement digitaux, un enjeu primordial pour l’inclusion financière en Afrique (Rapport Bearing Point, 1/4)

11 mars 2021
L'interopérabilité des moyens de paiement digitaux, un enjeu primordial pour l'inclusion financière en Afrique (Rapport Bearing Point, 1/4)
À l’heure où l’inclusion financière est reconnue comme un vrai catalyseur de développement et de réduction de la pauvreté, de nombreux acteurs du monde financier ont mis l’accent sur l’importance de la réduction de l’utilisation de moyens de paiement scripturaux au profit de moyens de paiement digitaux. Le point sur cette question… avec le rapport de Bearing Point à paraître en avril : « Les switchs nationaux de paiement ».

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Une contribution de Jean-Michel HUET,
Associé Bearing Point,

avec
Olivier Darondel, senior manager,
Marouane Znagui, manager,
Chloé Chevrand, consultante BearingPoint
Extrait du rapport de Bearing Point à paraître en avril :
« Les switchs nationaux de paiement »

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Les moyens de paiement digitaux permettent en effet de réduire un certain nombre de risques liés à l’utilisation du cash, tels que le vol ou la perte, et d’ouvrir à la population l’éventail de services liés aux moyens de paiements digitaux (transferts d’argent, e-commerce, accès aux crédits, à l’épargne etc.).

C’est dans ce cadre que se développent de manière rapide de nouvelles offres financières digitales avec l’arrivée sur le marché de nouveaux types d’acteurs. On peut citer bien sûr les Établissements de Monnaie Électronique (EME), souvent affiliés à des opérateurs télécoms, mais également un tissu de startups et fintechs, qui se développe sur l’ensemble du continent africain.

Dans ce contexte de multiplication des initiatives et des acteurs, l’enjeu d’interopérabilité devient primordial, dans un souci de mise en commun des infrastructures, des réseaux de distribution et, de manière générale, des canaux d’accès à ces services financiers. Le tout s’inscrit dans un objectif global de proposition de valeur forte pour les populations, tant sur l’offre elle-même que sur la couverture géographique des services financiers.

En effet, l’interopérabilité des transactions permet aux acteurs d’offrir un panel bien plus large de cas d’usage d’une part (transfert d’une banque à une autre, retrait d’argent sur un distributeur d’une autre banque par exemple), et d’étendre drastiquement leur périmètre géographique d’intervention d’autre part. Ce point est d’autant plus pertinent que le monde rural reste aujourd’hui encore largement exclu des services financiers.

Dans cette logique et afin d’instaurer une interopérabilité des paiements digitaux à l’échelle nationale, de nombreux gouvernements ont opté pour la mise en place d’un switch et éventuellement d’un schème national de paiement.

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Le schème définit la norme globale
d’interopérabilité

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Ces dispositifs, mis en place au niveau du Système national de paiement d’un pays, permettent à tout acteur de l’écosystème de paiement (banque, institution de microfinance, établissement de monnaie électronique, fintechs, etc.) d’acheminer une transaction financière digitale vers un autre acteur de cet écosystème.

Le schème définit la norme globale d’interopérabilité, qui comprend, sans s’y limiter, les règles commerciales, les normes techniques, les répartitions des revenus entre les participants, l’image de marque commune et les règles relatives aux litiges et à la protection des clients.

Le schème est donc plus que la plateforme informatique/technologie elle-même, car il définit les règles et les normes qui déterminent la manière dont le système de paiement est gouverné, géré et exploité.

Concrètement, le schème permet de donner une visibilité au système à l’échelle du grand public. À titre d’exemple, on peut citer le schème national monétique français « Carte Bleue » qui instaure une interopérabilité des transactions financières digitales à l’échelle du territoire français et son équivalent marocain CMI.

Le switch fait référence plus étroitement à la technologie qui est au cœur du système de paiement. Ce dernier est souvent accompagné d’un schème qui en définit les règles et normes, mais peut parfois être implémenté seul. L’entité en charge de la gestion du switch instaure généralement des règles relatives aux litiges et à la protection des clients ou encore des normes techniques : elles permettent simplement aux participants d’interagir entre eux de la meilleure façon qu’il soit.

À l’inverse, le schème va plus loin en ajoutant à ces différents éléments initiaux d’autres règles et normes, permettant de proposer une expérience plus ou moins unifiée aux clients, tant en termes de proposition de valeur, d’image de marque, que de prix.

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Les variantes de switchs : l’exemple
du Rwanda, de la Gambie, du Nigeria…

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Enfin, il est important de noter qu’il existe deux grandes catégories de systèmes de switching, en fonction de leur vocation à instaurer une interopérabilité au sein du monde monétique ou une interopérabilité des moyens de paiement financiers mobiles.

Là où les switchs monétiques font intervenir principalement des acteurs du monde financier « traditionnel » comme les banques, les switchs mobiles permettent d’instaurer une interopérabilité entre les établissements de monnaie électronique. De plus, certains modèles « hybrides », ou étendus, permettent de faire une passerelle entre les mondes monétique et mobile.

À titre d’exemple, là où le switch rwandais R-Switch instaure une interopérabilité des paiements uniquement au sein du monde monétique, le switch gambien GamSwitch est un modèle hybride permettant de faire une passerelle entre les mondes monétiques et mobiles.

À la suite d’une étude de modèles de switching existants dans le monde, BearingPoint a décelé qu’une grande majorité des switchs ont été instaurés à l’initiative du gouvernement et sont pour la plupart mis en place par l’entité de gestion d’autres systèmes nationaux de paiement de détail (la chambre de compensation notamment).

C’est le cas notamment du switch nigérian, dont l’entité de gestion (Nibbs) détient également le système de compensation automatisée NACS. L’objectif premier de tels projets est en effet pour ces gouvernements d’augmenter l’inclusion financière du pays, tout en limitant les risques liés à l’utilisation du cash et en instaurant une meilleure transparence dans les paiements.

Ainsi, la mise en place d’un tel système et l’instauration d’une interopérabilité des moyens de paiement digitaux ont un impact direct sur l’inclusion financière du pays, en facilitant l’utilisation des services financiers sans agence (Branchless Financial Services) pour chaque citoyen résidant n’importe où dans le pays.

Cela engendre également une accélération de la mise en place d’un système de paiement sûr, sécurisé et fiable dans le pays, en contribuant au développement de l’utilisation des moyens de paiement électroniques et en réduisant l’utilisation d’espèces. La mise en place d’un tel système permet également de réduire les coûts associés aux paiements électroniques pour les parties prenantes et pour les clients finaux, de promouvoir le concept d’efficacité et de concurrence dans le pays et d’offrir une meilleure transparence pour le client. Enfin, s’il est implémenté de manière adéquate, un tel système permet également d’offrir une meilleure protection des droits des utilisateurs à travers le renforcement des politiques et du cadre légal, réglementaire et institutionnel.

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