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L’Algérie veut lutter contre l’inflation
par des subventions et le contrôle des prix

Algérie | 1er mars 2010 | src.Magharebia.com
L'Algérie veut lutter contre l'inflation par des subventions et le contrôle des prix
Alger - De nouvelles mesures visant à lutter contre la hausse des prix alimentaires pourraient alléger la charge qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs algériens. L’Algérie subventionnera quinze produits alimentaires de base et limitera leur prix pour tenter de contrôler l’inflation galopante, a expliqué le ministre du Commerce El Hachemi Djaâboub la semaine dernière.

Photo ci-dessus : une vue de l’entrée du port d’Alger © Malo Omar


« Nous avons découvert que certains négociants tournent le système et profitent de leur position de domination », a-t-il expliqué à la radio nationale le 13 février.

« La police est au courant de ces pratiques mais ne peut rien faire. Nous avons décidé d’intervenir pour mettre de l’ordre sur le marché. » Des prix plafonds seront fixés pour les légumes secs, le sucre, le thé et le café, ainsi que pour d’autres produits d’épicerie dont les prix se sont envolés ces derniers mois, a-t-il ajouté.

Les lentilles, qui assurent la base de l’alimentation de nombreuses familles, ont atteint 140 dinars le kilo, tandis que le prix des sardines passait de 250 à 400 dinars le kilo.

« L’État peut intervenir et fixer les prix de certains produits » en accord avec l’actuelle loi sur la concurrence, a déclaré le ministre Djaâboub à l’agence APS le 10 février. « Des augmentations injustifiées » dans le prix de produits essentiels comme le lait et la farine autorisent le gouvernement à intervenir, a-t-il ajouté.

Une loi élargira la liste des produits subventionnés

« Actuellement, un groupe de travail est en train de préparer un projet de loi pour modifier, amender et compléter la loi sur la concurrence », a expliqué le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Hamid Boukahnoune, lors d’un colloque organisé le 4 février.

La révision de cette loi permettra à l’État d’intervenir dans des situations de hausses de prix injustifiées, pour garantir la régulation et prévenir toute formation de monopole.

« Il faut savoir que la loi actuelle permet à l’État d’intervenir pour fixer seulement les prix de certains produits… Le nouveau projet de loi permettra à l’État… d’intervenir [et] de fixer les marges bénéficiaires et les prix de tous les produits, notamment de ceux qui posent actuellement problème, tels les produits de la filière fruits et légumes », a ajouté Boukahnoune.

Aux termes de ce projet de loi, le ministère du Commerce aura l’autorité de fixer les marges de profits et les prix des produits et des services par décret exécutif, sur la base des marges de prix suggérées par des experts en la matière et le Conseil de la concurrence qui doit encore être mis en place, a déclaré Djaâboub à l’agence APS.

Réactions mitigées…

Hamid Soltani, un importateur de produits alimentaires, se dit outragé par ces nouvelles mesures et affirme que l’Algérie revient à l’époque du dirigisme économique.

« Cette histoire des marges bénéficiaires est une façon déguisée de nous empêcher de travailler librement », a-t-il déclaré à Magharebia le 14 février.

« Moi, j’importais des légumes secs de Turquie, et ils étaient vendus à des prix abordables (moins de 80 dinars le kilo) », explique-t-il. « Mais les Turcs ont décidé de planter autre chose que les légumes secs, d’où la rareté et la cherté des légumes secs en ce moment. Si le sucre est cher sur le marché mondial, est-ce la faute des commerçants algériens ? »

Said Kharroubi, un détaillant, se dit également frustré par la réponse du gouvernement à la hausse des prix.

« Au lieu d’encourager les Algériens à cultiver ces produits chez nous, le gouvernement veut nous imposer des prix pour avoir la paix sociale », a-t-il déclaré à Magharebia le même jour. « Nous n’allons pas vendre à perte, quand même. »

Pour Halim, un étudiant, le problème de la réglementation des prix des produits alimentaires ne pourra se résoudre par la simple fixation d’un prix-plafond.

« Le gouvernement réagit toujours par des lois qui ne sont jamais appliquées. Les commerçants trouvent toujours des excuses aux hausses des prix… Je pense que le gouvernement n’a pas la volonté politique d’en finir avec l’économie parallèle qui fait vivre, quand même, des millions d’Algériens laissés pour compte par le gouvernement. »

Nazim Fethi pour Magharebia
Alger – 24/02/2010


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