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Au Forum économique africain de Tunis (24 au 25 avril)

Khaled Igue, PDt du Club 2030 Afrique : « L’entreprise sera pour l’Afrique la solution du XXIe siècle »

1er mai 2018
Khaled Igue, PDt du Club 2030 Afrique : « L'entreprise sera pour l'Afrique la solution du XXIe siècle »
Khaled Igue, directeur des Affaires publiques Afrique de l’OCP (Office chérifien des phosphates) et président du Club Afrique 2030, a été distingué Young Leader AfricaFrance 2017. Un hommage mérité pour ce jeune homme brillant qui, d’Afrique en Europe, milite sans relâche pour l’émergence de l’Afrique. Entretien express et exclusif, en quatre questions.


Propos recueillis par Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris
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Le 24 avril, vous êtes intervenu au Forum économique de Tunis. Deux jours plus tard, vous voilà de bon matin dans la capitale française, intervenant à la conférence de presse de lancement Forum des diasporas de Paris, le 22 juin prochain… Pourquoi courir autant, Khaled ? Quel est votre message fondamental ?

Khaled IGUE – Ce qui me fait courir, c’est la conviction que l’Afrique a un rôle à jouer dans le concert des nations. L’Afrique se trouve à un moment déterminant de son histoire. Des progrès sont faits, mais il y a encore beaucoup de défis à relever.
Aujourd’hui, les politiques publiques que nous développons sur le Continent ne suffisent pas à atteindre l’émergence que nous souhaitons à l’horizon 2030. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai créé le Club Afrique 2030.

L’objectif de ce cercle de réflexion, c’est d’accompagner les acteurs du développement, notamment les gouvernements, la société civile et les entreprises dans le processus d’émergence.
Pour cela, il faut travailler sur les questions d’éducation, de santé, d’énergie et d’agriculture, avec le numérique en transversal, car ma génération ne conçoit plus la politique publique sans numérique.

« Les gouvernements et les institutions
ont atteint leurs limites »

Vous êtes aussi un fervent promoteur des PPP. Un de ces jeunes leaders qui ont compris que l’entrepreneur n’est pas a priori un ennemi du bien public, qu’il peut au contraire y contribuer…

Khaled IGUE – Je vais beaucoup plus loin : l’entrepreneur crée le bien public ! Que demande-t-on à l’État ? D’assumer son rôle régalien, de mettre en place l’écosystème favorable aux entreprises. Mais il doit leur laisser la place pour qu’elles créent la richesse et les emplois.

Je suis convaincu que l’entreprise sera pour l’Afrique la solution du XXIe siècle. Les gouvernements et les institutions ont atteint leurs limites, ils ne peuvent plus créer d’emplois. Seule l’entreprise va permettre aux 700 millions d’Africains de moins de 25 ans – plus de la moitié de notre population totale actuelle de 1,2 milliard de personnes – de créer leur propre activité, leur propre emploi. L’entreprise représente véritablement la solution.

« Je demande que les PME africaines se regroupent
par pays pour former des champions »

Quel message avez-vous adressé au Forum économique africain de Tunis, qui s’est tenu les 24 et 25 avril ?

Khaled IGUE – La question posée à l’une des conférences du Forum économique africain de Tunis, à laquelle j’ai apporté mon concours, était de voir quel rôle pouvaient jouer le BTP et les infrastructures dans la transformation de l’économie africaine.

C’est un point important car en 2017 l’Afrique a dépensé 65 milliards de dollars pour les infrastructures. Les études de McKenzie et de la BAD [Banque africaine de développement] montrent que l’Afrique devrait aujourd’hui investir au moins 120 milliards de dollars par an pendant dix ans pour répondre aux besoins en infrastructures, auxquels elle est confrontée.

Or aujourd’hui, très peu de l’argent investi en Afrique revient aux entreprises africaines. La plupart des grands projets sont remportés par les entreprises occidentales ou chinoises. On peut considérer que c’est normal, car il faut de la technologie et de l’expertise pour réaliser ces grands travaux, comme les autoroutes, les aéroports, ou autres grands ouvrages d’art…

Mais ce que je demande, c’est que les PME africaines se regroupent par pays pour former des champions sous-régionaux, ou régionaux. Ce n’est qu’à cette condition que les entreprises africaines pourront absorber une part des investissements dans les grandes infrastructures. Donc je milite pour une intégration économique et entrepreneuriale. C’est la solution.

"Appartenir à la diaspora est une chance !"

À la conférence de lancement du Forum des diasporas africaines qui se déroulera à Paris le 22 juin, vous avez dit vouloir vous investir personnellement, et aussi avec votre association Club Afrique 2030. Pourquoi ce nouvel engagement ?

Khaled IGUE – Exactement ! Je vais m’investir à titre personnel, et mon association Club Afrique 2030 également, car je trouve qu’aujourd’hui on ne fait plus rêver les nouvelles générations des diasporas africaines.

Trop de nos jeunes ont l’impression que lorsque l’on fait partie de la diaspora africaine, on est dans le doute permanent. On est d’ici, d’ailleurs, on se pose des questions. Non, pour moi appartenir à la diaspora est une chance car on a le choix : d’être ici ou ailleurs ; ou d’être ici et ailleurs. En même temps !

C’est une force incroyable, ce ne sont que des opportunités qui se présentent à nous. Mais si l’on n’arrive pas à montrer des exemples de réussites des diasporas africaines aux nouvelles générations, elles ne pourront pas en rêver. C’est pourquoi je suis heureux que ce forum rende hommage aux diasporas africaines, qu’il montre des exemples de réussite pour que la nouvelle génération soit encouragée à prendre enfin des initiatives.

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