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J.-M. Huet et B. Ollivier, Bearing Point : « Les registres biométriques : un autre saut quantique africain ? »

3 mai 2023
J.-M. Huet et B. Ollivier, Bearing Point : « Les registres biométriques : un autre saut quantique africain ? »
La crise de la Covid-19 a montré l’importance en Afrique de disposer de données bien organisées des citoyens, les pays qui en disposaient ayant pu faire parvenir facilement les filets sociaux proposés, notamment par le FMI. Disposer d’un état civil servira aussi pour les papiers d’identité, les systèmes électoraux, etc. C’est la base même des actions des administrations pour leur État.

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Une contribution de Jean-Michel Huet
et Bastien Ollivier, BearingPoint

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Les grands bailleurs de fonds (Banque Mondiale, AFD, etc.) l’ont bien compris en finançant des projets de mise à niveau de ces états civils. Un peu comme avec le téléphone mobile, l’Afrique prend alors un chemin d’accélération en passant en quelques années des états civils en papier aux techniques les plus modernes, avec la biométrie et la blockchain notamment. Enjeu multiple avec la croissance démographique du continent, l’enjeu démocratique lié aux élections et la juste redistribution des aides des États. Enjeu clé pour le continent : en effet, selon une estimation de la Banque mondiale, le continent compte à lui seul la moitié du 1,1 milliard de personnes dans le monde dans l’incapacité de prouver leur identité.

La partie clé de la constitution d’un état civil est la procédure d’inscription ou d’enrôlement qui consiste à un premier enregistrement dans une base de données d’une caractéristique physique, biologique voire comportementale. Par exemple, les empreintes digitales, iris et l’ADN figurent parmi les caractéristiques biométriques les plus couramment utilisées. Cette procédure est particulièrement utilisée en cas d’élection, par exemple, ou de recensement de la population. Elle se compose de plusieurs étapes bien identifiées dont la capture des données concernant le citoyen et la production des documents telle la CNI ou la carte électorale.

Les pays africains ne se contentent pas comme historiquement en Europe dès les années soixante d’informatiser les données, mais les enrichissent données avec les éléments biométriques. La biométrie regroupe l’ensemble des techniques informatiques permettant d’identifier un individu à partir de ses caractéristiques physiques, biologiques, voire comportementales. Un grand nombre de caractéristiques biométriques peuvent être très distinctives : il n’y aura peu ou pas de concordance de ces données d’une personne à une autre, si bien qu’une identification certaine est assurée.

Les empreintes digitales, l’iris et l’ADN figurent parmi les caractéristiques les plus distinctives, tandis que les traits du visage peuvent être partagés entre deux ou plusieurs personnes. Certains attributs physiques, comme les empreintes digitales et l’iris, ont aussi tendance à demeurer inchangés au fil des ans et à être difficiles à modifier, au contraire de la voix et des traits du visage.

Le principe est simple. Prenons l’exemple de l’empreinte digitale. La comparaison d’une empreinte digitale à une base d’empreintes permet l’identification de l’auteur. Il faut pour cela qu’il ait au préalable enregistré son empreinte auprès de la base, dans une procédure appelée l’inscription. La comparaison de cette même empreinte à celle de référence, cette fois stockée dans un document d’identité, permet d’authentifier à coup sûr l’auteur comme le titulaire du document : c’est l’authentification. Les technologies actuelles permettent de numériser bien plus que l’empreinte digitale mais aussi l’iris de l’œil par exemple.

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Un marché à 1,4 milliard d’euros

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En Afrique, le seul marché des papiers d’identité biométriques et numériques est estimé à 1,4 milliard d’euros par le cabinet spécialisé Acuity Market Intelligence. Sur le continent, le marché de l’identification biométrique est essentiellement détenu par les géants historiques du secteur que sont Thalès, Idemia, Veridos, Zetes et Semlex, présents depuis le début des années 2000.

Outre les géants du secteur, les bailleurs de fonds restent également un acteur majeur dans la région. Au total avec des budgets de centaines de millions d’euros qui ont été alloués par les bailleurs de fonds aux technologies d’identification biométrique (le projet au Nigeria est estimé à 400 millions d’euros). Que ce soit pour mettre en place des registres biométriques, des titres sécurisés ou pour organiser un scrutin complet, les concessions du marché atteignent une valeur comprise entre 50 et plusieurs centaines de millions d’euros. BearingPoint estime que l’enrôlement biométrique représente un investissement en première année entre 3 et 4 dollars, soit 4 à 5 milliards de dollars pour tout le continent.

Cependant, ce sont réellement les évolutions technologiques de ces dernières années – et non la multiplicité des acteurs – qui contribuent à la transformation et à la disruption du marché de la biométrie en Afrique. Or, si dans certains pays l’Afrique avait déjà commencé à prendre un temps d’avance en ayant entièrement biométrisé leur état civil (Gabon, en 2014), les évolutions technologiques continuent.

La nouvelle frontière des projets biométrique en Afrique est l’ajout de la technologie blockchain – ce sera le sujet de notre prochain article.

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RETROUVEZ ICI LE REPLAY de notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CMAAP 8) du 12 avril 2023

Les personnalités du panel et quelques autres ayant participé à notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (de gauche à droite sur le photo) : S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP ; S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; Mme Lucia PETRY, Présidente de BPL Global France ; M. É tienne GIROS, Président du Cian ; Mme Læticia BALOU, Présidente de LB Global Consulting S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; M. Zied LOUKIL, Associé Mazars France ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Emmanuel PEZÉ, Vice-Président Afrique et Moyen Orient de TINUBU. © F. Reglain

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TOUS NOS ARTICLES SUR LA CMAAP 8

CMAAP 8 / S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte : « Notre gouvernement veut désormais donner la priorité au secteur privé »

CMAAP 8 / S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA : « Pays des mille collines, le Rwanda est aussi devenu le pays des mille opportunités »

CMAAP 8 / Zied LOUKIL, Associé MAZARS France : « L’Afrique doit se donner plus de moyens pour financer ses PME »

CMAAP 8 / Lucia PETRY, Présidente BPL Global France : « En Afrique comme dans le reste du monde, on trouve toujours des solutions pour sécuriser les contrats internationaux face aux risques politiques »

CMAAP 8 / Emmanuel PEZÉ, VP TINUBU : « L’assurance-crédit est un pilier fondamental à la confiance et à l’essor des PME africaines »

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