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Jean-Louis Guigou, président de l’Ipemed : « Avec plus de clusters et de coproduction avec le Sud, la réindustrialisation de la France est possible ! »

3 mars 2019 | src.AfricaPresse.Paris
Jean-Louis Guigou, président de l'Ipemed : « Avec plus de clusters et de coproduction avec le Sud, la réindustrialisation de la France est possible ! »
Quelle que soit la conjoncture, les déclinistes de tous bords se complaisent à ressasser les contre-performances économiques de la France, présentées comme autant de raisons de désespérer, de se résigner. Pour certains essayistes, c’est devenu un filon, et même une rente ! Loin de partager leurs options, le président de l’Ipemed plaide ici contre la résignation et esquisse des pistes pour impulser le redressement de l’industrie française.

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Une contribution de Jean-Louis GUIGOU
Président fondateur de l’Ipemed

(Institut de prospective du monde méditerranéen)

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La presse a rendu compte de la publication récente du rapport annuel de Trendeo, le cabinet dirigé par David Cousquer et spécialisé dans la veille sur la conjoncture économique. La dominante en est claire : l’industrie française a de nouveau souffert en 2018. Le déclin de l’industrie manufacturière semblerait inévitable…

Je récuse ce pessimisme ambiant (impôt, prélèvements sociaux…) car « Il n’y a pas de secteurs condamnés, il n’y a que des activités mal organisées » comme aimait à le répéter Jacques Chérèque, qui fut notre ministre délégué à l’Aménagement du Territoire dans le gouvernement Rocard, de 1988 à 1991.

Deux arguments, d’ordre géographique, justifient cette prise de position positive en faveur de la réindustrialisation de la France.

1- La création de clusters et d’écosystèmes, insuffisamment déployés sur le territoire national, constitue une bonne réponse.

Les faits sont là : MecateamCluster, réseau français spécialisé dans la conception, la réalisation et la maintenance d’engins de travaux ferroviaires (région de Creusot-Montceau, en Saône-et-Loire), regroupe une centaine d’entreprises et partenaires publics et privés. Riche de sa plateforme technique de 12 hectares, équipée d’infrastructures mutualisées sur voies ferrées et embranchées au réseau SNCF et qui attire les donneurs d’ordre du monde entier, MecateamCluster stimule les compétences de ses adhérents et 88 % des étudiants accompagnés par Mecateamcluster trouvent un emploi.

La Cosmetic Valley (Chartres) présente également le visage de l’excellence : les 1 500 adhérents, répartis sur le territoire national mais regroupés « géographiquement » par grands domaines d’excellence stratégique, bénéficient d’économies extérieures abondantes (mutualisation de la formation, qualification de la main-d’œuvre, disponibilité des services administratifs, start-up, laboratoires, prospections, ensemble de marchés extérieurs…).

Son fondateur Jean-Luc Ansel, également Président de France Clusters qui anime depuis vingt ans la « clusterisation » des territoires industriels français, en témoigne régulièrement : « Plus de 80 000 PME sont impliquées dans les clusters ; ce sont 80 000 entreprises qui innovent, se diversifient, créent des produits nouveaux et ancrent ainsi plus d’un million d’emplois sur nos territoires. »

Le Cluster Nogentech, historiquement spécialisé dans l’usinage des métaux et notamment des objets coupants, regroupe aujourd’hui 50 entreprises industrielles de Haute-Marne, dont la plus grande forge automobile de France, Forges de Courcelles (groupe SIFCOR) à Nogent, ainsi que la plus grande forge aéronautique de France, Manoir Aerospace-forges de Bologne, groupe LISI à Bologne, et la plus grande forge du médical d’Europe, les Établissements Maurice Marle, à Nogent.

Partout dans le monde, les clusters et les zones économiques spécialisées (à la chinoise) résistent et se développent.

La mondialisation impose la spécialisation des territoires. Le regroupement géographique par secteur des activités manufacturières, clusters, écosystèmes… est nécessaire pour survivre et se développer. Toutes les entreprises isolées sur le territoire seront par contre souffrantes et à terme condamnées.

2 – La coproduction Nord/Sud avec des pays proches géographiquement constitue un bon « lifting » pour les PME et les ETI.

L’internationalisation des entreprises, quelle que soit leur taille, est un facteur de dynamisme (innovation, niche, adaptabilité, productivité…).

En incluant dans leur chaîne de production des pays de l’est de la Méditerranée et d’Afrique du nord – alors même qu’elles ne peuvent pas et ne savent pas aller jusqu’en en Chine ou aux États-Unis – nos PME et ETI peuvent trouver dans ces pays des partenaires qui eux aussi recherchent la complémentarité avec des entreprises de la rive nord de la Méditerranée. En coproduisant, les entreprises françaises adaptent en fait leur production aux marchés locaux.

Un nouvel espace économique est ainsi en train de naître dans la Méditerranée Occidentale. Le Sommet de chefs d’État du 5+5, à Marseille le 24 juin 2019, devrait en sécuriser la vision et tout mettre en œuvre pour accélérer cette intégration.

Dans cette coproduction Nord/Sud avec partenariat, transfert de technologie et partage de valeur ajoutée, les entreprises françaises pourraient se rajeunir et se redynamiser, comme avec un « lifting »…

En définitive, la création de clusters en France et la coproduction avec des partenaires de la rive sud de la Méditerranée – et demain avec l’Afrique - constituent deux motifs d’être optimiste sur les possibilités de garder en France un tissu industriel dynamique de PME et ETI.

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LIEN UTILE

Site de l’Ipemed : http://www.ipemed.coop/

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