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Jawad KERDOUDI, Président de l’IMRI :
« Le Maroc a intérêt à renforcer ses relations avec l’Union européenne »

3 mars 2019
Jawad KERDOUDI, Président de l'IMRI : « Le Maroc a intérêt à renforcer ses relations avec l'Union européenne »
Malgré ses performances économiques mitigées, conjuguées à la montée de l’euroscepticisme et des populismes, l’Union européenne demeure un partenaire stratégique de premier rang pour le Maroc. Jawad Kerdoudi explique ici pourquoi.

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Une contribution de Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI

(Institut Marocain des Relations Internationales)

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Les relations du Maroc avec l’Europe sont surtout concentrées sur l’Union européenne. Rappelons que cette dernière est une Association de 28 États qui délèguent par Traités l’exercice de certaines compétences à des organes communs. L’Union européenne a une superficie de 4,5 millions de km2 et une population de 512 millions d’habitants. Son PIB est de 19 076 milliards de dollars et son PIB par habitant, 44 076 $. C’est la première puissance commerciale du monde, et elle est très active au niveau des IDE, les investissements directs étrangers : elle absorbe 36 % du stock mondial d’investissements entrants, et recueille 43 % des investissements sortants.

La construction européenne a duré plus d’un demi-siècle, avec l’élaboration successive de plusieurs Traités fondateurs. La Traité de Rome de 1957 a institué la Communauté économique européenne, tandis que l’Acte unique de 1986 a supprimé toutes les entraves à la libre circulation des marchandises. Le Traité de Maastricht, en 1992, a institué l’Union européenne, et celui d’Amsterdam en 1997 une politique commune en matière de justice, politique étrangère, santé et environnement. Enfin, en 1999 a été adopté l’Euro, la monnaie unique maintenant utilisée par 19 États membres de l’Union.

Les institutions européennes ont joué un grand rôle dans la construction européenne : Commission de Bruxelles, Conseil européen (Chefs d’État), Conseil de l’Union européenne (Ministres), Parlement européen, Comités spécialisés et organismes financiers. L’Union européenne a mis en place plusieurs politiques communes dont la plus emblématique est la politique agricole commune.

Bilan économique mitigé,
Euroscepticisme et Brexit

On peut considérer l’Union européenne comme l’union économique la plus élaborée dans le monde, qui à l’origine était composée de 6 membres et qui compte actuellement 28 États membres. Cependant, le bilan économique de l’Union européenne est mitigé, car son taux de croissance est inférieur à celui des autres continents (Afrique, Asie, Amérique).
De plus, l’Union européenne a beaucoup souffert de la crise économique 2008-2009 notamment la Grèce, l’Espagne, l’Irlande et l’Italie. D’où la montée des mouvements "eurosceptiques" qui militent pour une diminution des pouvoirs de l’Union.

À partir des années 2000, une véritable crise frappe l’Union européenne avec la montée du populisme dans plusieurs pays : Autriche, Italie, Hongrie, Pologne. Sur plusieurs sujets internationaux, l’Europe est divisée et notamment sur la question de l’immigration clandestine, qui a donné lieu à de grandes divergences parmi les pays membres. Pour parachever cette situation préoccupante de l’Union européenne, le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Union lors du Référendum du 23 juin 2016 (Brexit).

C’est la première fois de son histoire que l’Union européenne enregistre le départ volontaire d’un État membre. Il est prévu que le Royaume-Uni quitte l’Union le 29 mars 2019, mais aucun accord de sortie n’a encore été signé à ce jour. Les élections européennes de mai 2019 vont être décisives pour l’avenir de l’Union, d’autant plus que le couple franco-allemand, qui a toujours été le moteur de l’Union, est actuellement affaibli : Emmanuel Macron est aux prises avec les « Gilets jaunes », et Angela Merkel a annoncé son départ prochain de la Chancellerie.

Les relations Maroc-Union européenne sont très anciennes, puisque le premier accord commercial date de 1969, suivi par l’accord de Coopération de 1976, l’accord d’Association de 1996, et enfin le Statut avancé de 2008. Ces accords prévoient un dialogue politique, une zone de libre-échange pour les produits industriels (effective depuis 2012) une aide financière, et une coopération économique et culturelle approfondie.

Statut avancé
et reconnaissance des Provinces sahariennes

Le Statut avancé permet au Maroc de bénéficier de toutes les attributions d’un pays membre, excepté la participation aux institutions politiques de l’Union. L’objectif du Statut avancé est de permettre au Maroc d’intégrer le marché unique européen, à condition de rapprocher sa législation de l’acquis communautaire. Le Maroc est aussi habilité à participer aux Agences et programmes de l’Union européenne.

Pour ce qui est des produits agricoles et de pêches, les différents accords ont prévu des restrictions de part et d’autre, afin de préserver les intérêts des agriculteurs et des pêcheurs nationaux. Cependant, les derniers ccords agricole et de pêche entre le Maroc et l’Union européenne ont prévu une plus grande libéralisation des échanges, et surtout l’inclusion des Provinces sahariennes. En effet, le Parlement européen a ratifié le nouvel accord agricole le 16 juin 2019, et le nouvel accord de pêche le 12 février 2019. Ceci constitue un précédent et une grande victoire pour le Maroc en ce qui concerne la question du Sahara.

Pour ce qui est des services, les négociations sont en cours entre le Maroc et l’Union européenne dans le cadre de l’ALECA (Accord de libre-échange complet et approfondi). D’autre part, le Maroc accorde une large coopération à l’Union européenne en matière de lutte contre le terrorisme, l’immigration clandestine, et le trafic de drogues.

En conclusion, le Maroc a intérêt à renforcer ses relations avec l’Union européenne pour des raisons politiques (question du Sahara), économiques (échanges commerciaux, IDE, tourisme, transferts des MRE), culturelles et sociales (importante communauté marocaine vit en Europe).

Cependant, il doit mieux tirer parti de sa coopération avec l’Union européenne sur le plan sécuritaire. Il doit aussi diversifier ses échanges à l’intérieur même de l’Union européenne pour équilibrer l’importance de l’Espagne et de la France. Il doit entamer des négociations pour un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni, dès que ce dernier aura quitté l’Union européenne. Enfin, cela ne doit pas l’empêcher de diversifier ses relations en dehors de l’Europe, notamment vis-à-vis de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique.

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