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Jawad KERDOUDI (IMRI) : Plaidoyer pour la levée des brevets des vaccins anti-Covid

12 mai 2021
Jawad KERDOUDI (IMRI) : Plaidoyer pour la levée des brevets des vaccins anti-Covid
Tandis que seulement 4 % de la population mondiale est vaccinée à ce jour, les disparités sont criantes entre pays riches et pauvres. Ainsi, pour stopper la pandémie, la levée des brevets des vaccins apparaît comme l’une des solutions efficaces, car elle permettrait d’augmenter considérablement la production mondiale des vaccins. Plaidoyer…

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Une contribution de Jawad KERDOUDI
Président de l’IMRI

Institut Marocain des Relations Internationales

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La pandémie de la Covid-19 qui est née à Wuhan en Chine en décembre 2019 s’est propagée dans le monde entier. À ce jour 10 Mai 2021, le bilan est lourd : 158 millions de contaminations et 3,28 millions de décès.
Le virus Covid-19 était inconnu lors de son apparition et se caractérise par la rapidité de la contagion et une létalité élevée. Il a également muté dans plusieurs pays (Afrique du Sud, Brésil, Royaume-Uni et Inde) en devenant à chaque fois plus dangereux.

Après avoir essayé plusieurs traitements plus ou moins appropriés, les laboratoires pharmaceutiques ont pu, grâce à des efforts gigantesques qui ont duré une année, mettre au point des vaccins dont certains ont été validés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : Pfizer-Biontech (États-Unis/Allemagne), AstraZeneca (Britannique), Moderna (États-Unis), Sinopharm (Chine). La plupart des vaccins nécessitent deux doses, alors que le Johnson/Johnson (États-Unis) en nécessite une seule. Certains vaccins doivent être conservés à très basse température (- 80° C pour Pfizer-Biontech).

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Fortes disparités de vaccination
entre pays riches et pauvres

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À ce jour, la vaccination complète (2 doses) n’a concerné que 311 millions de personnes, soit 4 % de la population mondiale. De plus, elle est très différenciée entre les pays riches et les pays démunis.
En effet, la production des vaccins contre la Covid-19 est concentrée dans les pays développés, alors que les pays en voie de développement sont obligés de les importer à des prix élevés. À titre d’exemple et à ce jour, la vaccination atteint 33,8 % de la population totale aux Etats-Unis, 25,2 % au Royaume-Uni, 11,7 % en Italie et 11,2 % en France.
La vaccination n’atteint que 2,4 % de la population totale en Inde, et 0,7 % en Afrique du Sud. Le Maroc fait exception en Afrique puisqu’il a vacciné 12 % de sa population totale.

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Trois solutions
pour stopper la pandémie

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Pour mettre fin à cette pandémie de la Covid-19 et obtenir l’immunité collective, il faut vacciner 70 % de la population mondiale, soit 11 milliards de doses, sur la base de 2 vaccins par personne et une population mondiale évaluée à 7,8 milliards d’habitants. En effet, même si tous les pays riches sont vaccinés, il y a toujours le risque de contamination par une personne non vaccinée en provenance d’un pays démuni.

Trois solutions sont proposées pour atteindre la fin de la pandémie le plus rapidement possible.

La première est la mobilisation du mécanisme COVAX (Covid-19 Vaccines Global Access) qui est une initiative de l’OMS en collaboration avec d’autres organismes pour assurer un accès équitable à la vaccination contre la Covid-19. Il s’agit de vendre le vaccin à un prix minoré ou de l’offrir gratuitement aux pays qui n’ont pas les moyens financiers pour l’acheter.

Déjà 49 millions de doses ont été livrées par COVAX à 121 pays, et 2 milliards de doses sont prévues pour être livrées d’ici à la fin de l’année 2021. Pour atteindre cet objectif il faut augmenter le financement : le Président Biden a promis une contribution de 4 milliards de dollars, l’Union européenne de 1 milliard d’euros, et l’Allemagne 900 millions d’euros. Il faut aussi que les laboratoires pharmaceutiques réservent une partie de leur production au COVAX.

La deuxième solution est d’augmenter les livraisons de vaccins par les pays développés aux pays démunis en dehors du COVAX. Dans ce cadre, le Sommet de l’Union européenne à Porto des 7 et 8 Mai 2021 a exhorté les Américains et les Britanniques à lever l’interdiction d’exportation des vaccins, afin de ne pas réserver leur production à leur propre population. Il a ajouté que l’Union européenne est la seule région démocratique du monde qui exporte massivement ses vaccins.

La troisième solution est de répondre favorablement à la demande de levée temporaire des brevets sur les vaccins contre la Covid-19, réclamée en octobre 2020 par l’Afrique du Sud et l’Inde.
Cette demande a été effectuée auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui regroupe 164 pays et qui régit le commerce international.

En effet, l’ADPIC (Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce), dispositif de l’OMC, permet à un laboratoire pharmaceutique de breveter un nouveau médicament qui sera protégé pendant vingt ans. C’est-à-dire qu’aucun autre laboratoire ne peut produire le nouveau médicament jusqu’à l’expiration de la protection (vingt ans).
Ce droit excessif enlève toute concurrence et permet au laboratoire qui a découvert le nouveau médicament de fixer le prix qui lui convient. L’ADPIC a déjà été mis en cause lors de la pandémie du sida qui avait frappé durement l’Afrique, et une dérogation avait été accordée par le Conseil général de l’OMC.

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70 % de la population mondiale à vacciner
pour atteindre l’immunité collective

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La levée des brevets pour les vaccins contre la Covid-19 permettrait l’augmentation de la production.
En effet, la capacité actuelle de production de ces vaccins n’est que de 3,5 milliards de doses, alors qu’il faut 11 milliards de doses pour vacciner complètement 70 % de la population mondiale.

Cette mesure de levée temporaire des brevets se justifie, car le monde vit une situation d’urgence sanitaire et économique, du fait du confinement appliqué dans la plupart des pays. Un autre argument en faveur de la levée des brevets est la contribution importante des Etats pour financer les programmes de Recherche et Développement dans plusieurs pays.

Outre l’Afrique du Sud et l’Inde, une centaine de pays membres de l’OMC sont favorables à la levée des brevets, y compris les États-Unis sous l’impulsion du Président Biden, la France et la Russie. L’Union africaine ainsi que l’OMS, dirigée par une Nigériane, y sont également favorables, ainsi que les ONG : Oxfam, Médecins sans frontières, Human Rights Watch.

Certes, il faudra du temps pour construire les usines pharmaceutiques par les pays qui n’en disposent pas, mais beaucoup de pays disposent de laboratoires, et peuvent entamer rapidement la production de vaccins, tels que l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Inde, la Corée du Sud. De plus, l’installation d’unités pharmaceutiques dans les pays en développement permettra de faire face à de futures pandémies.

En conclusion, l’humanité fait face à la plus grande crise sanitaire et économique contemporaine du fait de la pandémie de la Covid-19 qui a frappé le monde depuis le début de 2020 et qui continue en 2021. La seule solution pour vaincre cette pandémie est la vaccination pour atteindre l’immunité collective. Tout doit être fait pour atteindre cet objectif par la vaccination de 70 % de la population mondiale.

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« LES OUTILS DE LA CONFIANCE POUR ENTREPRENDRE EN AFRIQUE »

(21 04 2021)

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COVID-19 EN FRANCE :
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(Informations et conseils du site gouvernemental)

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