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Jacques PERCHE (myse.museum) : « L’Afrique du XXIe siècle comptera dans la croissance mondiale du secteur muséal »

1er octobre 2024
Jacques PERCHE (myse.museum) : « L'Afrique du XXIe siècle comptera dans la croissance mondiale du secteur muséal »
Jacques PERCHE, Fondateur de myse.museum. © AM/APP
Le continent Africain ne représente que 0,3 % des musées dans le monde, mais plusieurs d’entre eux ont atteint une notoriété internationale, et le secteur muséal africain semble promis à un bel avenir, à condition toutefois que les financements soient suffisants. Une nécessité à laquelle les nouvelles technologies apportent des réponses novatrices.

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par Jacques PERCHE
Fondateur de myse.museum
(Paris)

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« L’art sous toute ses formes est fondamentalement et probablement ce qu’il y a de plus humain dans nos sociétés. Le protéger, l’exposer, le promouvoir auprès du plus grand nombre est une des meilleures façons de développer le sens humain de chacun ». C’est en ces termes que s’exprimait récemment Katherine Fleming, Présidente du Getty Trust de Los Angeles, à propos de la vocation et de l’avenir des Musées.

Avec 57 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023, l’univers muséal mondial est aujourd’hui un secteur d’activité à part entière. Nous sommes loin des cabinets de curiosités et des Collections royales réservées à l’élite des cours dans l’Europe du XVIIe siècle.

Le British Museum (1753) et le Louvre (1793) ont ouvert leurs collections au grand public dès la fin du XVIIIe siècle, puis ces puissances coloniales ont profité de leur expansion pour développer leur activité et créer des musées partout dans différents pays.

Aujourd’hui, plus de 100 000 musées sont recensés dans le monde par l’Unesco. Et si l’attrait du grand public n’est que très récent, il connaît une croissance à deux chiffres depuis le début XXIe siècle en certaines régions.

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Le rayonnement de l’expertise
muséale française

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Le continent africain représente 0,3 % des musées dans le Monde. Avec la richesse de son patrimoine culturel et historique, le développement du tourisme culturel, l’urbanisation grandissante des populations, la politique de restitution des biens culturels, il comptera dans la croissance mondiale du secteur. La France apporte son expertise et collabore sur de nombreux projets de musées africains. Citons, parmi eux, le musée des civilisations noires de Dakar, de la mémoire et de tolérance au Rwanda, le musée national du Mali, celui de la civilisation de la Côte d’Ivoire, les musées nationaux du Bénin, du Cameroun, du Kenya, du Nigeria.

À l’horizon 2030, le secteur muséal représentera une activité de 100 milliards de dollars. Cette activité s’accompagne du développement de l’ingénierie muséale qui, comme le monde du digital, est de plus en plus sophistiquée et spécialisée.

Le Louvre Abu Dhabi est un exemple emblématique du savoir-faire français en matière d’ingénierie muséale, couvrant aussi bien la conception architecturale, la mise en place du département de conservation et de restauration, la gestion des collections, la scénographie, que la politique d’expositions temporaires, en s’appuyant sur l’usage des nouvelles technologies, le marketing et la communication.

À cet égard, l’expertise muséale française est un excellent produit d’exportation, en particulier en Inde et dans les pays d’Asie. Les musées d’art contemporain Shangaï, Tokyo, Hanoï ; le Musée national de Séoul en Corée, et de Dehli en Inde, pour ne citer que ceux-là, ont tous fait appel à l’expertise muséale française au cours de ces dernières années.

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Les différentes approches
de la question du financement

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La seule ombre au tableau de ce secteur florissant réside dans la pérennité des projets muséaux. La période COVID a cruellement rappelé que l’exposition et la mise en valeur de l’héritage culturel nécessitait de penser « écosystème », avec la diversification des sources de revenus et l’attraction du grand public.

L’héritage élitiste de l’univers muséal n’est sans doute pas pour rien dans l’absence de réflexion sur les modèles économiques et la rentabilité des musées.
Telles les compagnies aériennes nationales d’autrefois, qui incarnaient le prestige et la fierté nationale, jusqu’à une époque récente, les musées n’avaient pas à se soucier du financement de leurs activités, ou de répondre aux attentes du public, réservant leur portes aux connaisseurs et aux spécialistes.

L’augmentation du tarifs d’entrée du Louvre en début d’année a suscité la polémique autour de la vocation du musée. Allait-t-on empêcher les revenus modestes d’accéder à la culture ?
Faut-il être payant ou gratuit ? Quel prix maximum peut-on exiger pour la billetterie et dans quelles conditions ? Quel impact sur la fréquentation ? Quelles sont les sources de revenus alternatives ou complémentaires ? Autant de questions, autant de réponses.

Le monde anglo-saxon mise sur le non-payant depuis des décennies. En France les grands musées sont payants, ceux de la ville de Paris, – Carnavalet, Palais de Tokyo, Petit Palais – gratuits. La messe n’est pas dite mais les impératifs économiques à moyen et long terme obligent à la réflexion.

Les subventions publiques pour les musées (gouvernementales, fonds internationaux.) représentaient 40 % à 60 % de leur budget avant le COVID, un chiffre bien évidemment variable selon les pays, mais qui donne la mesure de la dépendance des musées aux financements publics. Dans les pays anglo-saxons, les fondations, associations et donneurs privés prennent le relais des autorités publiques. Mais c’est dans les activités des musées que les nouvelles sources de revenus émergent. Les boutiques de Musée représentent aujourd’hui entre 15 % et 30 % des revenus, de même que les cafés et la restauration ou la privatisation des lieux pour des événements.

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Nouvelles expériences
et nouveaux revenus

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L’émergence des solutions digitales offre aux musées des nouvelles expériences de visite – tcomme l’immersion dans la réalité virtuelle pour des expositions temporaires – et de nouveaux revenus. Elles nécessitent cependant des investissements importants et dont le ROI reste hasardeux, entre 1 % et 5 % du revenu pour les visites virtuelles et les boutiques en ligne.

Aux États-Unis, les institutions comme le Broad Museum, ou le musée Getty, mènent une réflexion pour assurer leur pérennité à long terme sans avoir recours aux subventions de tout ordre. Cette réflexion a abouti à une logique imparable : pour augmenter les revenus, il faut attirer plus de public. Pour attirer plus de publics, il faut répondre à leur attente. Pour répondre à leur attente, il faut leur proposer des expériences de visite attractives, ludiques, innovantes, abordables, qui laissent un souvenir durable de leur passage au musée – ce qui est aussi la meilleure façon de développer la qualité de la rumeur positive autour du musée.

Les jeunes génération (Z, Y etc.) représentent un potentiel de développement important, tout comme les populations qui n’accède pas spontanément au monde des arts… mais ils possèdent tous un smartphone dans leur poche.

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Avec Myse, le catalogue
sur mesure de votre visite

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À titre d’exemple, c’est dans ce sens que la société Myse (My Selection) a conçu un produit simple qui répondait à un souhait de nombreux visiteurs de musée : pouvoir repartir avec le catalogue des œuvres qu’ils avaient aimées durant leur visite. Qui n’a pas connu cette frustration d’acheter le catalogue du musée où l’on ne retrouve pas son œuvre favorite ?

Fondée sur une technologie mobile, la plateforme Myse ne requiert aucun investissement de la part du musée tout en offrant le double bénéfice d’une expérience nouvelle de la visite de Musée et d’un produit imprimé unique et personnel.

En sélectionnant les œuvres de son choix durant son parcours de visite, il crée le catalogue personnalisé de sa visite, imprimé sur place, et permet de quitter le musée avec un souvenir unique en son genre.
C’est une solution qui génère du revenu additionnel pour lemusée, sans investissement, et procure une expérience nouvelle pour le visiteur.

La solution Myse s’inscrit dans cette tendance nouvelle de l’association du digital et de la réalité de terrain. Dans le même temps, elle offre une contribution au besoin de financer la mise en valeur de l’héritage culturel.

Avec l’entrée de l’intelligence artificielle dans le monde des musées, les opportunités sont quasi infinies pour générer de nouvelles sources de revenus (ou d’économie…) grâce à la visite personnalisée (cf. Myse), l’optimisation des parcours visiteur, de la scénographie, des contenus personnalisés et des produits dérivés à la demande.

Reproduire le tableau de la Joconde, ou d’un masque africain sur la base d’un selfie, devient possible. Comme l’évoquait Katherine Fleming, à la fin de son interview, ce genre de possible est-il effrayant, kitch, irrespectueux des artistes ? Peut-être faut-il parfois savoir poser des limites au possible.

Nous vivons une période à la croisée des chemins pour le secteur. Établi sur la base d’une longue tradition d’origine européenne, son potentiel de croissance est lié à la fois à sa mondialisation, aux nouveaux modèles économiques, au digital et à l’intelligence artificielle. Pour ceux qui n’ont pas encore de projet dans ce secteur, il est encore temps de monter dans le train.

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Sources :

CA mondial
https://www.gminsights.com/fr/industry-analysis/museums-market
https://www.kentleyinsights.com/museums-market-size/

Nombre de musées dans le monde
https://www.statista.com/topics/7489/museums-worldwide/#topicOverview

Répartition des musée selon les zones geographiques : Rapport de l’unesco sur l’état des musées en 2020 (Page 5 du rapport
https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000376729

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CAAP XIV : Neuf ambassadeurs et salle comble à l’Unesco pour la XIVe Conférence des Ambassadeurs de Paris, dédiée à la diplomatie culturelle (comptes-rendus en cours de rédaction).

Une vue de la salle durant la XIVe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris. Organisée à l’Unesco par AfricaPresse.paris et le CAPP (Club Afrique de la Presse parisienne) le 25 septembre 2024, elle était dédiée à « La diplomatie culturelle, vecteur d’excellence de la coopération Afrique-France-Golfe ». © Hady Photo

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LA XVe CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS se tiendra à la fin novembre, sur le thème :

« Les projets de réseaux ferrés,
infrastructures d’avenir pour l’Afrique »

Candidats panélistes experts et entreprises sponsors souhaitant participer, faites-vous connaître auprès de : contact@africapresse.paris

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