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J.-L. Guigou : « On stigmatise le Sud en se focalisant sur le superficiel, le marginal, l’exceptionnel »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 19 octobre 2010 | src.YML
J.-L. Guigou : « On stigmatise le Sud en se focalisant sur le superficiel, le marginal, l'exceptionnel »
Paris -

La Lettre d’information d’octobre 2010 du YML (Young Leader Mediterranean Forum) publie le texte d’une entrevue avec Jean-Louis Guigou, Délégué général d’Ipemed. JLG revient sur le nouveau partenariat conclu cet été entre YML et IPEMED, et confie ses impressions sur l’état du dialogue euro-méditerranéen.

Photo ci-dessus : Jean-Louis Guigou, Délégué général fondateur de l’IPEMED (Institut de prospective économique du monde méditerranéen, Paris). © leJmed.fr - 2010 - Première édition de l’article : 9 octobre 2010

YML - "Pourquoi ce rapprochement avec YML ?

Jean-Louis Guigou - Nous avons premièrement le même objectif qui est de rapprocher les deux rives, d’inspirer des politiques communes. D’autre part, nous faisons le même constat : il faut lutter contre l’indifférence qui entoure la Méditerranée aujourd’hui. Plus encore, il faut dépasser l’indifférence au Nord et la défiance au Sud..."

Ici, les chroniqueurs des grands médias ne s’intéressent pas aux pays du Sud ; là-bas les acteurs ne font pas confiance aux responsables politiques du Nord !

Le sujet est absolument fondamental, tant sur un plan économique que politique ou sociétal, mais on ne fait que stigmatiser le Sud en se focalisant sur le superficiel, le marginal, l’exceptionnel. La communication alarmiste et négative fait énormément de mal ! Aujourd’hui, l’Europe a encore le regard à l’Est et marginalement au Sud, c’est une grande erreur, car l’avenir de l’Europe, c’est la Méditerranée.

Enfin, nous utilisons les mêmes moyens. Nous nous appuyons sur les élites et en particulier sur les élites émergentes comme le fait le YML, qui pensent librement, sont novateurs et portent moins le passif d’une histoire chargée. Il faut être en rupture avec les anciens modes de pensée, avec la pensée dominante.

YML - Concrètement, qu’est ce que cela signifie ?

Jean-Louis Guigou - Tout d’abord, cela signifie que IPEMED et YML partageront désormais des locaux communs, mutualiseront certains de leurs moyens, préfigurant ainsi la future Maison du Monde Méditerranéen (MMM). Cette maison devrait, à terme, réunir les principaux acteurs et promoteurs de la région.

YML et IPEMED aujourd’hui, dix partenaires demain, voilà notre ambition, car nous serons plus efficaces si nous sommes plus nombreux à œuvrer dans le même sens. Notre souhait est d’établir des coopérations fructueuses, dans le respect de chacun. En outre, notre ambition est de rapidement lancer des actions en commun.

Nous allons par exemple, dès l’an prochain, créer un forum sur l’emploi en Méditerranée, qui aura pour vocation de mettre en relation les jeunes diplômés de la région et les grandes entreprises ayant une stratégie régionale. Ce forum sera délibérément transnational. Nous lançons aussi des groupes de travail autour de problématiques économiques et sectorielles. Enfin, et puisque nous avons souvent les mêmes partenaires, nous travaillerons ensemble avec eux.

YML - Aujourd’hui, l’UpM semble au ralenti et de nombreux acteurs craignent un enlisement…

Jean-Louis Guigou - Les craintes sont légitimes mais contraires à la réalité et l’ambition de l’UpM est définitivement la bonne. Dire que l’UpM ne marchera pas, c’est avoir une vision court-termiste. Or, nous devons réhabiliter le temps long en politique. L’Europe ne s’est pas faite en 10 ans.

En Méditerranée, nous luttons contre des siècles de craintes, de luttes et d’indifférence, tout cela ne va pas s’effacer du jour au lendemain. La lecture qui remet en question le processus d’Union pour la Méditerranée est erronée. Dans la mondialisation, les vainqueurs seront ceux qui auront su s’unir au sein de grands ensembles régionaux. Dans un monde multipolaire, il faudra peser au moins 1 milliard d’individus pour gagner, et c’est ce que nous proposons avec cette union.

C’est vrai qu’un désordre institutionnel entre l’Europe et l’UpM a freiné le processus. Pourtant les choses sont en train de se régler avec la mise en place du nouveau Secrétariat à Barcelone.

L’UpM constitue une chance unique de remettre au centre l’économique, de faire descendre les politiques et les actions au niveau de la société civile. L’UpM travaille sur des projets concrets qui auront un impact direct sur les populations.

Nous avons perdu du temps, les relations avec l’Allemagne ont été compliquées, mais l’avenir s’est éclairci et les dirigeants d’entreprise sont à nos côtés aujourd’hui, ce qui va considérablement nous aider.

YML - Face aux craintes que peuvent susciter les lenteurs de l’UPM, le dialogue 5+5 (voire 6+6, qui inclut l’Égypte et la Grèce), ne constitue-t-il pas une solution ?

Jean-Louis Guigou - On pourrait faire l’analogie avec l’Europe, en effet, qui a commencé à six, mais le monde a changé. Aujourd’hui, à 10, on ne pèsera pas assez lourd et les grandes entreprises ne nous suivront pas car les marchés seront trop petits ; or, nous avons besoin d’elles ! Il faut peser un milliard pour exister sinon, on n’est rien !

Je me répète, mais c’est primordial. Aujourd’hui, l’économie occupe une position dominante à l’échelle mondiale. Les chefs d’entreprises sont les fers de lance de cette dynamique.
C’est sur la base de ce constat que nous créons l’EMCC (Euro-Mediterranean Competitiveness Council) qui réunira 80 dirigeants d’entreprise, les meilleurs et les plus engagés en Méditerranée, quarante au Sud et quarante au Nord.

Nous nous inspirons de ce qui existe et fonctionne, comme le NACC dans la zone Alena. Croyez-moi, son impact sera majeur et fera bouger les choses. Gérard Mestrallet, Aziz Milad et René Carron ont accepté de promouvoir ce mouvement de dirigeants d’entreprise, qui sera en place à la fin de l’année 2010 et dont IPEMED sera le bureau d’étude.

Et aussi :

 Les « Humeurs Méditerranéennes » de Jean-Louis Guigou :
« Trois bonnes nouvelles et une menace »

 Radhi Meddeb, Président de l’IPEMED :
« Oui, je crois à la création d’une Banque dédiée
au développement de la Méditerranée »

Site IPEMED
Site YML


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