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J.-L. Guigou, DG IPEMED : De la révolution tunisienne à un traité de l’Union MED rénovée

Tunisie | 22 janvier 2011 | src.IPEMED
J.-L. Guigou, DG IPEMED : De la révolution tunisienne à un traité de l'Union MED rénovée
Paris -

Dans cette nouvelle livraison de son blog « Humeurs méditerranéennes », Jean-Louis Guigou, Délégué général fondateur de l’IPEMED (Paris), revient sur cette « Révolution du Jasmin » qui, en un mois seulement, a emporté un régime qui, depuis 23 ans, tenait la Tunisie dans une main de fer. Quels enseignements tirer de cette Révolution tunisienne qui a surpris tous les observateurs, et les Tunisiens eux-mêmes ?

Photo ci-dessus : Jean-Louis Guigou. © Capture vidéo IPEMED


Titre original

La Tunisie nous interpelle


par Jean-Louis GUIGOU
Délégué général IPEMED

Les événements de Tunisie constituent un « séisme », une vraie révolution politique, C’est l’œuvre des Tunisiens eux-mêmes. Remercions-les. Admirons-les. Aidons-les. Les Européens et les Français, mais surtout leurs gouvernements et responsables politiques furent surpris : surprise d’avoir ignoré l’État policier, surprise de voir le pouvoir tunisien tomber si vite, surprise de découvrir une population jeune, intelligente, éduquée.

Mais au-delà, nos amis du Sud ont eux aussi été surpris, et ont réagi dans le désordre et avec contraste.

Certains de dire « que le Sud de la Méditerranée n’a rien à attendre de l’Europe et que tous les discours sur le rapprochement des deux rives prennent soudain une teinte jaunie par les événements » . Cet ami n’a pas tort : les milieux politiques français et européens ont été peu réactifs, voire négativement réactifs. Quand le Portugal, l’Espagne, la Grèce se sont libérés de leur dictature, ce fut la liesse à Paris. Quand le mur de Berlin s’est effondré, ce fut aussi la fête dans toutes les capitales européennes. Or, la fin de la dictature en Tunisie a suscité l’étonnement et la surprise. Mais pas la liesse. Cet ami a raison. Mais que propose-t-il en refusant le rapprochement des deux rives ? Rien.

Un autre ami de Tunisie m’écrit : « Mon pays, mais aussi toute la rive sud de la Méditerranée, a besoin d’ouverture, de dynamisme économique, de création d’emplois, d’une meilleure redistribution, d’une meilleure gouvernance et d’une plus grande solidarité régionale. Plus que jamais, le développement de toute la région sera solidaire, durable, socialement responsable ou ne sera pas ».

Cet ami, comme un autre ami marocain, appellent à intensifier le rapprochement et l’intégration Nord-Sud. En même temps, ils pointent le risque que les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, dans leurs soubresauts actuels ou à venir, contraints par l’urgence et l’acuité de leurs problèmes mais aussi les exigences légitimes de leurs populations jeunes, éduquées et impatientes, n’attendront pas indéfiniment que l’Europe prenne conscience que l’avenir de la région est commun et indivisible.

Qui croire ? Celui qui ne croit plus au rapprochement des deux rives ou ceux qui veulent l’intensifier et le renouveler ?

IPEMED a fait son choix, c’est inscrit dans ses statuts : « rapprocher par l’économie les deux rives de la Méditerranée ». N’oublions pas que le séisme de la guerre de 1939-1945 a abouti à la réconciliation des frères ennemis, la France et l’Allemagne, en créant le CECA en 1951 puis en signant le Traité de Rome en 1957.

Le séisme de la révolution tunisienne, qui dépasse les frontières nationales devrait aboutir à la réconciliation des deux rives de la Méditerranée sur un projet historique et grandiose : une Communauté euro-méditerranéenne de l’énergie préalable à la définition, en commun, d’un traité de l’Union Méditerranéenne rénovée.

Telle est la position d’IPEMED : priorité à court terme aux projets économiques ambitieux de rapprochement des deux rives, sans oublier d’allumer les lumières de l’espérance en proposant à moyen terme un ancrage historique de l’Europe et des Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.

Jean-Louis GUIGOU
Délégué général IPEMED

NB : cette « humeur » a été relue et corrigée par le président d’IPEMED, Radhi Meddeb, car elle engage IPEMED.


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