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J.-C. Félix-Tchicaya, H. Éric Djounguep : Face au « piteux spectacle électoral, l’impérieux et noble devoir de résistance s’impose aux Africains »

7 novembre 2020
J.-C. Félix-Tchicaya, H. Éric Djounguep : Face au « piteux spectacle électoral, l'impérieux et noble devoir de résistance s'impose aux Africains »
Tandis que les « haines tribales sont parfois instillées par les services de l’État » pourtant censés veiller à l’unité des nations, et face au cynisme de certains dirigeants seulement occupés à se maintenir au pouvoir, « l’impérieux et noble devoir de résistance s’impose aux Africains… »

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Une contribution de
Jean-Claude Félix-Tchicaya,
Praticien chercheur au sein de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE, Paris) dans les domaines de la géopolitique, la géostratégie et la sociologie.

et

Hippolyte Éric Djounguep,
Chercheur en géopolitique et géostratégie à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC, Yaoundé)

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Les Africains ne doivent plus laisser que la pollution qui a enfumé et intoxiqué des années durant la période d’avant et pendant la colonisation, et encore celle plus postérieure à la colonisation, étouffe le continent. Ils ne doivent pas s’excuser d’être Africains, parce qu’ils le sont.

Non, ils ne s’en excuseront pas. D’abord, parce qu’en tant que citoyen de ce continent, ils en ont pleinement le droit mais aussi et surtout parce que nous sommes à une phase de l’histoire de l’Afrique où il faut que nous ayons le courage de dire qu’il y a un temps pour toute chose et que si certains dirigeants aiment leur peuple, ils doivent au fond d’eux-mêmes, savoir qu’ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes et qu’ils n’ont plus grand-chose à offrir à ces pays. Alors, il serait criminel pour ceux qui entonnent ces cantiques-là de faire croire qu’en Afrique, il y a une seule catégorie de personnes capable de conduire la destinée des Etats. Ce serait d’ailleurs dramatique parce qu’alors nous nous demandons ce qu’il adviendrait de ces pays, le jour où, comme nous tous ils ne seront plus comptés parmi les vivants.

Par le tribalisme orchestré par les services de l’Etat qui hélas instillent la haine dans les veines de la société de plusieurs pays pour détruire le vivre ensemble, la cohésion nationale et ultimement, les nations si fragiles, sans que ne bronchent ces dirigeants, la preuve est faite que la volonté de ces derniers de se maintenir au pouvoir par tous les moyens et à tous les prix est au-dessus de toute chose y compris de leur propre pays. Car on ne saurait comprendre qu’ils se taisent devant ce déferlement de haine. Où va l’Afrique avec le repli identitaire ?

Certains régimes refusent la règle démocratique

On comprend dans ces conditions que les élections présidentielles se transforment en un piteux spectacle électoral. Jamais on n’aurait imaginé qu’un candidat qui règne sur le pays sans partage depuis deux mandats voire plus, prendrait le risque de la destruction de l’Etat pour se conserver au pouvoir. Plusieurs élections ont démontré que jamais certains régimes en place depuis un demi-siècle n’accepteront que se déroule dans leur pays le jeu démocratique qui garantit l’alternance pacifique au pouvoir, il s’impose de fait, à de nombreux Africains, l’impérieux et noble devoir de résistance à la spoliation perpétuelle de leur liberté et de leur droit légitime au libre choix de leurs dirigeants.

Le moment est venu de donner une chance à cette génération voire aux générations futures, à la jeunesse africaine qui s’exprime massivement comme jamais avant cette nouvelle décennie qui s’annonce bruyamment et qui exprime son désir profond d’avoir un avenir différent. Ne faudrait surtout pas tuer son rêve en cautionnant les fraudes massives et barbares, les exactions et les corruptions électorales sans précédent, les représailles militaires, le refus systématique du droit de manifester par lesquelles on veut étouffer sa voix.
On pousserait ainsi cette jeunesse à une plus grande désespérance qui ait toujours de la désolation et du deuil. Les peuples africains sont debout et nul ne leur privera plus de la liberté pour laquelle nombre de fils et de filles de ce continent ont donné leurs vies.

Ne pas pousser la jeunesse
à une plus grande désespérance

Le combat de cette décennie est un combat pour les plus petits, ceux qu’on ne voit jamais, qui souffrent et se taisent et qui doivent maintenant venir à la lumière. Face à la tragédie qui se déroule dans les régions en proie aux crises politico-militaires le choix inlassablement de ce qui demeure aux yeux la seule voix de sortie de crise, un dialogue sincère et inclusif. L’inaptitude irrémédiable à l’ouverture, au dialogue, au respect d’autrui est malheureusement inscrite dans le patrimoine génétique de plusieurs de ces régimes : Quand on a pour seul outil un marteau, tout est un clou et donc le réflexe est de cogner. Mais ne viendra à bout de cette détermination à tenir cet engagement de fidélité aux peuples. Seuls les peuples doivent être le directeur de conscience de tout leader dont l’objectif est de servir et non se servir ou être servi. Ils doivent être le seul patron.

Ceux qui depuis des années clament, arrogants et méprisants, une continuité linéaire inlassable du statu quo politique, fourbissent des armes de guerre dans un complot macabre contre les peuples et les nations africaines. Ce qui est un véritable désastre pour le continent. Il est impérieux de dissipez les nuages qui s’amoncellent à l’horizon de l’Afrique en prenant le courage de rendre la seule décision qui s’impose au regard des actes et comportements qui entachent irrémédiablement les scrutins électoraux dans nombres de pays. A l’heure des verdicts, la victoire sera celle de la justice qui apaise la victoire ; celle des hautes et précieuses juridictions – cour / conseil constitutionnel – qui auront fait montre de courage, d’indépendance et de patriotisme ; celle des peuples ultimement, peuples de cette terre de douleur espérant qu’ils auront été récompensé dans leur patience.

Au moment où nous échoient l’honneur et le privilège de prendre la parole de part cette tribune, nous regardons le faste des enjeux en perspective et nous espérons contempler, à l’entame de cette décennie le lustre des transitions qui s’imposent inéluctablement.
En même temps, on ne peut s’empêcher de penser aux 1,2 milliard d’Africains qui, à cet instant même, ont le regard tourné vers l’organisation des nations unies qui est appelés à écrire une page décisive de l’histoire du continent. Les Africains âgés de 0 à 35 ans représentent 78,34 % de la population générale. Cela signifie que les transitions qui s’imposent bénéficieront principalement à la jeunesse.
Mais nous observons tous au quotidien les mauvaises performances économiques de plusieurs régimes en place. Alors que la jeunesse africaine ne demande qu’à travailler, meurtrie et frustrée qu’elle est, sous l’effet du chômage et la pauvreté. Le continent africain comme nous le constatons est en train de s’effondrer sur plusieurs plans : économique, sanitaire, sécuritaire, socio-politique et culturel.

Rien ne pourra venir à bout de l’engagement d’une nouvelle classe dirigeante à offrir à la jeunesse africaine le bien-être auquel elle a droit. Sur le plan politique, le continent ne se porte pas mieux malgré quelques embellies ci et là. Ceux qui prennent les Africains en otage pour avoir manifestés pacifiquement, émis un avis contraire ou tenus un discours discordant, ont souvent prétexté le respect des institutions comme un devoir impératif. Nous pensons que NON !

Maintenant que les Africains peuvent clairement établir quels sont les leaders politiques qui travaillent pour un vrai changement et la libération du continent, c’est une nouvelle page de la vie politique qui s’ouvre. Les Africains doivent l’écrire avec des acteurs politiques crédibles, modernes, honnêtes, mus par l’intérêt de la Nation et non pas le goût du lucre et du positionnement.

L’heure est venue d’être à la hauteur des événements

Un avenir radieux plane à l’horizon. Il est fait d’opportunités, de liberté et de sérénité. Unis et pas nécessairement uniformes, les Africains pourront parvenir à ouvrir une nouvelle page de l’Histoire du continent. Il suffit, pour chacun, de poser le geste utile au changement. Ne pas laisser aux générations futures les combats qui sont les leurs aujourd’hui.
Ne pas apparaître dans l’Histoire des Peuples comme la génération qui n’aura pas été à la hauteur des événements, une génération passive et complice ; celle qui, par peur ou par égoïsme, aura sacrifié l’avenir des générations avenirs. C’est aussi l’occasion de saluer la jeunesse des diasporas africaines qui se mobilise pour faire de l’Afrique un succès historique. Une jeunesse dans laquelle on peut trouver d’importantes attentes relatives à leur participation au développement du continent.

L’heure est venue. Les peuples africains ont trop souffert de la gloutonnerie de quelques personnes dont toute l’incompétence, l’irresponsabilité et le cynisme s’étalent encore de façon dramatique à la face du monde. Il est temps que la dévolution du pouvoir en Afrique passe enfin par des processus démocratiques admis dans toutes les sociétés modernes ; que les peuplent africains aient la possibilité de se donner librement et dans la transparence des dirigeants légitimes, qui sont tenus de lui rendre des comptes sur la gestion des affaires publiques.

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