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Pr A. MEBTOUL : « Intégrer l’Union africaine au G20 afin de « reconfigurer » les relations États-Unis/Afrique, enjeu du sommet de Washington ? »

12 décembre 2022
Pr A. MEBTOUL : « Intégrer l'Union africaine au G20 afin de « reconfigurer » les relations États-Unis/Afrique, enjeu du sommet de Washington ? »
Alors que depuis 2008 les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique n’ont cessé de chuter, leur rencontre, du 13 au 15 décembre à Washington, se tient dans un contexte géostratégique mondial tendu, à la fois militaire, politique et économique. Sans oublier le facteur culturel, qui influera à terme sur les échanges économiques.

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Une contribution du Professeur des universités
Abderrahmane MEBTOUL,
Expert international, docteur d’État en management stratégique

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Cette rencontre fait suite à celle de la Chine/monde arabe, en Arabie Saoudite de début décembre 2022. Elle a lieu au moment où de fortes tensions géostratégiques se font jour dans le monde, préfigurant une nouvelle configuration mondiale, à la fois économique (transition numérique et énergétique) et militaire (cyber attaques, drones de plus en plus sophistiqués déclassant les armes classiques).

Nous avons les tensions en Ukraine, Russie/Occident, où le monde ne sera plus jamais comme avant. La Russie et l’Ukraine représentant 33 % des exportations mondiales de denrées alimentaires, ce qui a des incidences sur l’Afrique, la majorité des pays africains ayant opté pour la neutralité dans ce conflit, des tensions en Asie USA/Chine concernant Taiwan ; au Moyen-Orient, le conflit israélo-palestinien, l’instabilité au Yémen sans oublier l’Iran, les remous dans bon nombre de pays africains et bien d’autres conflits.

Cette rencontre se tient aussi au moment de la crise énergétique, alors que les États-Unis sont l’un des plus grand producteurs et exportateurs mondiaux de pétrole, avec la Russie et l’Arabie Saoudite – plus de 10 millions de barils/j, ayant pénétré récemment le marché européen, (pétrole et gaz de schiste) – au moment aussi où le G7 plus l’Australie ont décidé de plafonner le prix du pétrole russe par voie maritime à 60 dollars en février 2023, décision n’ayant de chance de succès que si ce plafond se rapproche de celui du marché.

Problème beaucoup plus complexe, le projet proposé par l’Union européenne pour 2023 de plafonner également le prix de cession du gaz, sans mentionner si ce sont les canalisations ou le GNL, (quelle position adopteront les USA ?), ce qui pénaliserait les exportations américaines ainsi que les pays explorateurs par canalisation, puisque pour le GNL, la destination est plus flexible, ce qui aura des répercussions sur toute la chaîne énergétique.

À moins d’une baisse de toutes ces tensions, nous devrions assister en 2023, selon le FMI et la Banque mondiale, à un recul de la croissance de l’économie mondiale, notamment des deux poids lourds, la Chine et les États-Unis basculant dans la stagflation, combinaison d’une croissance faible et d’une inflation élevée avec des tensions sur le marché de l’emploi, d’où des remous sociaux que les Etats essaient de calmer par le recours à l’endettement public, dépassant les 100 % du PIB dans certains pays, pénalisant donc les générations futures qui supporteront cet endettement.

Cette rencontre se tient après celle sur le réchauffement climatique en Égypte, et qui risque d’avoir un impact important sur l’Afrique, responsable de seulement 3,8 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde ; et sur biodiversité au Canada posant un véritable problème pour la sécurité des Nations, une pénurie d’eau et par voie de conséquence une crise alimentaire devant repenser toute notre système de production et de consommation.

Cette rencontre, en préconisant l’adhésion de l’Afrique au G20, ainsi qu’à d’autres institutions internationales, s’inscrit dans la volonté de contrer la stratégie de la route de la soie initiée par la Chine ainsi et que celle des BRICS dont la Chine entend être le leader, voulant attirer certains pays africains ainsi que bon nombre de pays arabes, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, ayant récemment avancé l’idée des « BRICS Plus », un cadre qui résume cette intention d’ouvrir l’organisation à de nouveaux membres.

Actuellement, sous la domination de la Chine, les BRICS représentent environ 25 % du PIB mondial et plus de 45 % de la population mondiale, soit 8 milliards de personnes dont des pays qui possèdent l’arme nucléaire – la Russie, la Chine, l’Inde et le Pakistan.

Si cette évolution se confirme avec l’entrée de bon nombre d’autres pays, cela devrait modifier fondamentalement les relations internationales, nous orientant vers un monde multipolaire. Mais il faut être réaliste, l’Europe – y compris le Royaume-Uni dont le PIB est de 3 300 milliards de dollars – plus les USA totalisent en 2021, pour moins d’un milliard d’habitants pour plus de 40 % de la richesse mondiale.

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Quels objectifs à la rencontre
États-Unis/Afrique ?

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Sur le plan économique, selon le classement des pays par PIB, à la première position du classement nous retrouvons les États-Unis dont le PIB s’élève à 24 796 milliards de dollars pour une population de 332 millions en 2022, et la Chine 19 911,59 milliards de dollars mais pour 1,41 milliard d’habitants. Ainsi, avec moins d’un milliard d’habitants, Europe et États-Unis accaparent plus de 4 0% du PIB mondial.

À la suite au premier sommet États-Unis/Afrique qui s’était tenu en 2014 sur une initiative de l’ancien président Barack Obama, le sommet qui se tient sur trois jours à partir du 13 au 15 décembre 2022 à Washington accueille tous les dirigeants des pays membres de l’Union africaine, à l’exception des présidents de transition guinéen, malien, burkinabé et soudanais. Selon un communiqué la Maison-Blanche, l’objectif de cette rencontre repose sur l’idée d’une intégration de l’Union africaine au G20, afin de contrecarrer l’influence de la Chine et de la Russie qui réalisent d’importantes avancées diplomatiques en Afrique, Washington étant en perte de vitesse depuis plusieurs années, notamment face au géant chinois.

Animant une conférence de presse digitale avec Judd Devermont, le Directeur principal du Conseil national de sécurité pour les affaires africaines la secrétaire d’État adjointe du Bureau des affaires africaines du Département d’État des États-Unis, Molly Phee, a affirmé qu’en organisant le sommet des dirigeants États-Unis-Afrique, l’objectif des Américains est de « reconfigurer » les relations entre les deux continents.

Lors de cette rencontre seront évoqués des points de coopération sur plusieurs sujets, notamment ceux concernant la sécurité alimentaire en plein conflit russo-ukrainien, le changement climatique, les investissements dans les énergies renouvelables, l’agriculture, l’industrie, la santé, les nouvelles technologies, le commerce et bien d’autres segments, tout en insistant sur la dynamisation du secteur privé, de la société civile africaine dans toute ses composantes, ainsi que l’instauration d’un État de droit. Selon les responsables américains, « ce sommet démontre l’engagement durable des États-Unis envers l’Afrique, et souligne l’importance des relations entre les États-Unis et l’Afrique et d’une coopération accrue sur des priorités mondiales communes ».

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Qu’en est-il de la réalité
économique ?

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Au cours du forum des affaires Etats-Unis-Afrique du sommet, les chefs d’État africains et les chefs d’entreprise et de gouvernement américains et africains discuteront des moyens de faire progresser les partenariats mutuellement bénéfiques pour créer des emplois et stimuler une croissance inclusive et durable. Des sessions à l’instar de : Diaspora et jeunes leaders africains, Santé mondiale et sécurité alimentaire, Changement climatique et énergie, Investissement dans les infrastructures, en plus du Forum des affaires États-Unis Afrique, sont inscrites à l’agenda de la rencontre.

Or, les échanges commerciaux entre les États Unis et l’Afrique sont passés de 142 milliards de dollars US en 2008 à 64 milliards en 2021. Comme le reconnaissent les responsables US eux-mêmes, dans le cadre de la guerre d’influence qui se joue entre les deux plus importantes économies de la planète, la Chine a largement distancé les États-Unis en Afrique sur le terrain économique, où les échanges commerciaux entre le continent et les États-Unis durant ces dernières années n’ont cessé de se réduire comme peau de chagrin.

Lancée en 2019 par l’administration Trump pour remplacer l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), avec l’objectif affiché de doubler les investissements et les échanges commerciaux bilatéraux entre les États-Unis et les pays africains, l’initiative « Prosper Africa » n’a jusqu’ici pas permis à Washington de contrer l’influence chinoise sur le continent. C’est ce qui ressort d’une note de recherche publiée le mercredi 18 mai 2022 par le think tank américain Carnegie Endowment for International Peace.

Je cite un extrait du rapport : « Le projet de loi a été rédigé sans se concentrer explicitement sur des secteurs spécifiques de l’économie. Le Congrès devrait envisager de donner la priorité à quelques industries spécifiques sur la base de certains critères tels que l’avantage comparatif du secteur privé américain dans des domaines comme l’industrie pharmaceutique, les technologies numériques et l’enseignement supérieur, dans des minéraux essentiels pour l’énergie propre comme le raffinage et le traitement du lithium, du cobalt et du nickel tout en renforçant les garanties sociales et environnementales, et impliquer la diaspora africaine aux États-Unis et les pays africains. »

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Quel poids économique de l’Afrique
face aux grandes puissances ?

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L’Union africaine (UA) est composée de 55 États membres, y compris le Sahara occidental, représentant l’ensemble des pays formant le continent africain, se répartissant dans les cinq régions géographiques définies en 1976 par la résolution des Nations Unies.
De 100 millions d’habitants en 1900, la population de l’Afrique est passée à environ 275 millions dans les années 1950-1960, puis à 640 millions en 1990 et à 1,4 milliard en 2022, soit 18 % de la population mondiale. Mais avec des disparités : Nigeria près de 212 millions, l’Égypte 102 millions, Afrique du Sud 61 millions, Éthiopie 99,7 millions, Algérie 45 millions, Maroc 36,3 millions, Mali 21 millions et Libye seulement 6 millions.

Les projections de croissance de l’économie mondiale du FMI sur la période 2022-2027 ont pour base le Produit intérieur brut (PIB, ces projections dépendant d’une série d’hypothèses qui peuvent se réaliser ou pas pour un pays, bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption, réformes, sous intégrations régionales, et stabilité politique et d’autres facteurs internes et externes comme notamment la flambée ou la chute des cours des hydrocarbures, l’inflation, les découvertes de ressources naturelles, les crises, les catastrophes naturelles, les stratégies de développement, les appréciations et dépréciations des monnaies vis-à-vis du dollar/euro et des facteurs géostratégiques. Concernant les prévisions continentales de la Banque mondiale, le PIB de l’Afrique devrait passer de 2 980,11 milliards de dollars en 2022 à 4 288,08 milliards de dollars en 2027, soit une hausse de 43,89 %.

Les quinze pays d’Afrique les plus puissants sur le plan économique devraient afficher un PIB de 2 487,56 milliards de dollars en 2022, soit 83,47 % du PIB cumulé des cinquante-cinq pays du continent. Les pays dotés de ressources naturelles figurent parmi ceux devant afficher des croissances de PIB appréciables durant la période 2022-2025.

Le Nigeria devrait conserver son rang de première puissance économique africaine (2022-2027). Avec plus de 210 millions d’habitants, le PIB du Nigeria devrait passer de 504,20 milliards de dollars à 945,34 milliards, soit une progression de 87,49 %. Ainsi, en 2029, le Nigeria devrait peser à lui seul 22,05 % du PIB du continent. Cette projection du FMI corrobore celle de la Banque mondiale.

L’Égypte serait la seconde puissance économique du continent avec un PIB qui devrait passer de 469,09 milliards de dollars en 2022 à 664 milliards de dollars en 2027, soit une hausse de 41,55 %.

L’Afrique du Sud, troisième économie de l’Afrique, pays le plus industrialisé du continent, aurait un PIB qui devrait passer de 411,48 milliards de dollars en 2022 à 490,57 milliards en 2027, soit une hausse de 19,22 %.

L’Algérie devrait voir son PIB passer de 187,15 milliards de dollars en 2022 à 224,04 milliards en 2027, soit une hausse de 19,80 %.

Le Maroc devrait voir son PIB croître (2022-2027) de 30,11 % ; L’Ethiopie devrait être classée au cinquième rang en 2027, surclassant le Maroc (5e en 2022), l’Angola (6e en 2022) et le Kenya (7e en 2022 et 8e en 2027).

Concernant le top 15 des puissances économiques en 2027, au niveau de l’Afrique de l’Ouest en particulier, nous avons la Côte d’Ivoire, 11e en 2022 avec un PIB estimé à 68,63 milliards de dollars, surclassant le Ghana, 10e en 2022., Accra devant avoir sur sur la période 2022-2027, un PIB en hausse de 15,26 %, passant de 76 milliards de dollars à 87,57 milliards, alors que le PIB ivoirien devrait croître de 46,44 % pour atteindre 100,49 milliards de dollars en 2027.

Pour la République démocratique du Congo, en Afrique centrale, son PIB est appelé à connaître une forte croissance, passant de 63,90 milliards de dollars en 2022 à 100,81 milliards en 2027, soit une croissance de 57,76 %, permettant au pays d’intégrer le top 10 des puissances économiques africaines en 2027, juste devant la Côte d’Ivoire.

Étant utopique pour l’instant de parler d’intégration de tout le continent Afrique, l’important est de dynamiser des effets économiques la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) afin de stimuler la croissance, de réduire la pauvreté et d’élargir l’inclusion économique dans les pays concernés.

Sa mise en œuvre permettrait selon un rapport de l’UA : de sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté et d’augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour ; d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars d’ici à 2035 (soit une progression de 7 %) tout en ajoutant 76 milliards de dollars aux revenus du reste du monde ; sur les 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires générés par la ZLECAf, 292 milliards proviendraient du renforcement des mesures de facilitation des échanges qui visent à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières ; d’accroître de 560 milliards de dollars les exportations africaines, essentiellement dans le secteur manufacturier ; de favoriser une progression salariale plus importante pour les femmes (+10,5 %) que pour les hommes (+9,9 %) et d’augmenter de 10,3 % le salaire des travailleurs non qualifiés, et de 9,8 % celui des travailleurs qualifiés.

En conclusion, le commerce mondial a augmenté de 25 % en rythme annuel en 2021 pour atteindre un record de 28 500 milliards de dollars, et même si les exportations africaines de biens et services ont enregistré une croissance particulièrement rapide au cours des dix dernières années, 42% entre octobre 2020 et octobre 2021, soit plus du double des expéditions de l’Amérique (+17 %) et de l’Asie (+17 %) et presque quatre fois celles de l’Europe (11 %), elles représentent à peine 3 % du commerce mondial.

Des pays font une percée en Afrique : la Turquie, où le volume des échanges devrait atteindre 45 milliards de dollars en 2022 ; la Chine qui, selon l’agence chinoise des douanes, a augmenté de 35,3 % au cours de l’année 2021, atteignant un montant record de 254,3 milliards de dollars, en n’oubliant pas les échanges avec le monde arabe en 2021 de 330 milliards de dollars, extrapolé entre 2023/205 à 500 milliards de dollars ; le poids encore important mais déclinant de l’Europe, selon les données du 1er janvier 2019 (avant l’épidémie du coronavirus) atteignait 151 milliards d’euros d’exportations et 152 milliards d’importations.

Cependant, l’influence politique et militaire des États-Unis sur cette zone reste importante en incluant les exportations d’armes, avec une percée de la Russie et de la Chine, dont les importations (pays d’Afrique et pays arabes ) se chiffrent en dizaines de milliards de dollars en provenance des États-Unis, montant souvent non inclus dans les statistiques, non diffusées, sous le sigle Top Secret.

En bref, le devenir de l’Afrique, continent à enjeux multiples et plein de potentialités, sera de que les Africains voudront qu’il soit en ce monde turbulent et incertain qui devrait connaître de profonds bouleversements géostratégiques. La dynamisation socio-économique, devant concilier l’efficacité économique et la nécessaire justice sociale, repose essentiellement sur les capacités à améliorer la gouvernance et à réaliser des sous-intégrations régionales.

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DE NOTRE CMAAP 6 du 9 novembre 2022

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Une vue de la salle pendant la conférence. © Frederic Reglain

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