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IWD2021 - Salimata KEITA, ambassadrice France de Women in Africa (WIA) : « Je souhaite contribuer au développement du Mali et de l’Afrique »

9 mars 2021
IWD2021 - Salimata KEITA, ambassadrice France de Women in Africa (WIA) : « Je souhaite contribuer au développement du Mali et de l'Afrique »
Représentative d’une diaspora malienne qui veut participer au développement de son pays natal, Salimata Keita, passionnée par le transport aérien et la logistique, a créé son cabinet conseil dans ce secteur. À l’occasion de la Journée de la Femme, celle qui est aussi ambassadrice France de WIA nous confie ses projets pour dynamiser l’économie de son pays.

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris
Rencontre à l’aéroport de Roissy-CDG
@africa_presse

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Voulez-vous d’abord vous présenter ?

Salimata Keita – Je suis issue d’une grande famille malienne, mais je suis arrivée à l’âge de 4 ans en France, où j’ai grandi, fait toutes mes études et fondé un foyer. Je me sens donc parfaitement franco-malienne. À l’issue de sérieuses études, je me suis naturellement orientée vers l’École Supérieure des Transports de Paris, puis j’ai fait un Master de Logistique internationale à la Sorbonne. Très jeune, j’ai toujours eu cette faculté à entreprendre, en faisant d’abord preuve de disponibilité et dévouement dans mon environnement familial. Les responsabilités qui m’ont été confiées en tant que grande sœur, lorsque ma mère voyageait, m’ont permis d’acquérir cette forte aptitude à l’anticipation, à la planification et l’organisation… telle une logisticienne née !

D’où vous vient cette passion pour l’aérien en général et le transport en particulier ?

Salimata Keita – Cette passion m’est venue de l’admiration que j’avais pour l’environnement professionnel de mon père qui a fait carrière chez Air France, et du fait que notre maison était située tout près de l’aéroport de Roissy. Je me souviens ainsi avoir suivi – au côté des pilotes - des décollages et des atterrissages dans le cockpit des avions d’Air France, un privilège offert aux enfants d’employés de la compagnie aérienne. Avant le 11 septembre 2001, c’était encore possible. Grâce à la passion du voyage, j’ai conservé un lien fort avec l’Afrique et le Mali, où je souhaite retourner prochainement, tout en renforçant ma double citoyenneté.

Vous avez eu plusieurs modèles dans votre vie ?

Salimata Keita – Enfant modèle, j’ai été très chouchoutée par mon père qui est pour moi un héros. Arrivé en France dans la vague d’immigration des années 1970, c’était un très bon autodidacte qui, après avoir exercé plusieurs métiers, a commencé sa carrière chez UTA avant de passer chez Air France. C’est lui qui m’a transmis le virus des avions et du transport aérien et j’ai même voulu, un temps, être pilote de ligne. Ce fut mon premier mentor, puis il y en eut deux autres : Alain Chaillé, vice-Président Europe du Sud chez FedEx, avec lequel j’ai beaucoup collaboré, et le Franco-Sénégalais Pape Diouf qui m’a longtemps soutenue et « coachée » au quotidien, et dont le rappel à Dieu en mars 2020 m’a beaucoup affectée.

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« Après 13 ans chez FedEx,
j’ai décidé de sortir de ma zone de confort,
et de voler de mes propres ailes » ,

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Voulez-vous nous résumer les grandes étapes de votre parcours professionnel déjà bien rempli ?

Salimata Keita – En 2004, j’ai été embauchée chez FedEx (Federal Express), société au sein de laquelle j’ai gravi un à un les échelons et développé mes compétences. C’est une firme américaine dont la réputation n’est plus à faire et où j’ai accumulé plus de treize ans d’expérience. J’ai eu notamment à gérer des grands comptes clients du luxe et de l’agroalimentaire.

J’ai travaillé sur deux projets importants qui m’ont passionnée, et pour lesquels je me suis beaucoup investie. L’un est le projet du TGV CarEx visant à renforcer le positionnement de FedEx sur la scène européenne en alliant l’aérien et le ferroviaire dans un système muldimodal. Il s’agit d’un concept qui vise à optimiser des lignes ferroviaires en y transportant la nuit des conteneurs aériens et livrer des colis en moins de deux heures dans quatre pays : France Belgique, Pays-Bas et Grande-Bretagne.

Le second projet est celui de ville aéroportuaire, dénommé Aerotropolis (pour Aéroport + Metropolis). Nous y reviendrons. Ces deux projets m’ont valu plusieurs récompenses, dont la plus belle fut assurément une mission aux États-Unis, à Memphis précisément (la ville de Martin Luther King et Elvis Presley) pour assister à la Conférence internationale des Villes aéroportuaires avec la délégation d’Aerotropolis Europe, Invest in France (devenu Business France), UbiFrance, Air France et Aéroports de Paris. C’est là que je me suis prise de passion pour ce modèle économique.

Et, en 2017, vous décidez de vous lancer et de vous mettre à votre propre compte...

Salimata Keita – Après treize ans chez FedEx, j’ai en effet décidé de sortir de ma zone de confort et de voler de mes propres ailes. Dans la foulée de ma rupture conventionnelle avec FedEx, j’ai rapidement ressenti le fort besoin de me mettre au service de l’Afrique.

Après avoir développé mes réseaux et mon carnet d’adresses, j’ai ainsi créé en octobre 2018 ma propre société : CTLA Consulting (Construction, Transport, Logistique, Affaires) qui est un cabinet de conseil spécialisé dans le développement durable en Afrique. Un cabinet qui fait appel à une « intelligence collective » où l’on travaille en parfaite synergie pour mettre ensemble nos compétences et dégager des solutions pratiques et innovantes dans un réseau de consultants pluridisciplinaires et multisectoriels.

Salimata Keita à Marrakech, 2018, avec le maire de Bamako, Adamé-Sangaré. © DR

Ce projet de « ville aéroportuaire » s’est grandement inspiré de vos déplacements professionnels à l’étranger. Racontez-nous...

Salimata Keita – En octobre 2018, j’ai ainsi participé à une mission très intéressante et instructive d’ADP (Aéroports de Paris) à Pékin. Ce qui m’a permis de parfaire ma stratégie de développement d’un modèle économique pour ma grande idée de « ville aéroportuaire durable », c’est-à-dire de créer tout un pôle économique dans un périmètre de 25 km autour des principaux aéroports d’Afrique, comme on le fait déjà dans un certain nombre de pays.

Cela devrait s’avérer bien utile à Bamako, Dakar ou Abidjan. En novembre 2018, j’ai accompagné une délégation du MEDEF International pour les Africités organisés par le CGLU Afrique à Marrakech (Maroc) et, en avril 2019, j’ai participé au Forum international du Tourisme africain à Abidjan. Et, à chaque fois, j’ai analysé l’écosystème.

Quelle plus-value pourrait en retirer, par exemple, l’aéroport international de Bamako ?

Salimata Keita – Le Mali étant un pays enclavé, les moyens de transport et les voies aériennes, routières, ferroviaires et fluviales sont bien évidemment primordiales. L’activité de l’aéroport de Bamako est essentiellement rythmée par les compagnies aériennes qui desservent le pays.

D’une part le flux des passagers, avec une importante diaspora qui voyage quel que soit la situation socio-politique du pays, et le tourisme d’affaires. D’autre part, le flux de marchandises (communément appelées « cargo » ou « fret ») qui vient dynamiser l’activité économique de l’aéroport et de ses environs. Et d’autant plus que la présence de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali), présente dans le pays depuis 2013 à proximité immédiate de l’aéroport, génère également des flux de marchandises considérables et réguliers.

Pouvez-vous nous expliquer davantage votre concept de « plateforme et ville aéroportuaire durable » ?

Salimata Keita – Ce concept, sur lequel j’ai beaucoup travaillé et investi, vise au développement des infrastructures autour d’un aéroport dans un rayon de 25 km. Dans une note argumentée, j’ai d’abord soumis ce projet à la BAD, puis à Mme Stéphanie Rivoal, la diplomate française qui préparait le Sommet Afrique-France de Bordeaux de juin 2020 et l’avait retenue et validée pour la soumettre aux travaux des experts réunis en marge de ce Sommet qui – hélas – a été reporté en raison du coronavirus.

Mais ce n’est que partie remise car, depuis, j’ai encore peaufiné ma stratégie visant à attirer investisseurs, opérateurs économiques, acteurs du secteur touristique (hôtels, restaurants, etc.) , projets de logements et autres activités contribuant à générer des revenus directs ou indirects pour l’aéroport, les collectivités locales et les populations avoisinantes.

Salimata Keita à Pékin, en 2018, avec une délégation d’ADP. ©DR

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« La femme malienne,
c’est une Afro-championne ! »

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Comment vous définiriez-vous aujourd’hui ?

Salimata Keita – Je suis – je crois – une vraie technocrate, mais dans le sens positif du terme. Dans ce monde de plus en plus complexe, on a réellement besoin tous les jours d’experts qui connaissent bien leurs dossiers et puissent apporter un plus à leur pays : à la fois un supplément d’âme et des solutions concrètes aux problèmes qui se posent pour améliorer la vie de mes compatriotes dans les domaines qui relèvent de ma compétence. Mon objectif est de me préparer au mieux pour servir mon pays, dans les tâches que l’on voudra bien me confier un jour ou l’autre.

Vous seriez prête à rentrer prochainement au Mali ?

Salimata Keita – C’est mon vœu le plus cher. Je veux rentrer prochainement au Mali pour mettre mes compétences et mon expertise au service du développement du Continent. Depuis un certain temps déjà, j’accompagne des investisseurs français ou européens au Mali, comme dans plusieurs pays de la sous-région (Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Guinée Conakry) et même en RDC. J’ai ainsi acquis une véritable expérience dans le tourisme d’affaires et une efficacité, je crois, pour porter des projets utiles jusqu’à leur terme.

Ne soutenez-vous pas déjà la filière du beurre de karité, en lui apportant votre expertise logistique ?

Salimata Keita – En 2017, alors que j’allais à la recherche d’un fournisseur de beurre de karité pour un client basé en Europe, je pris connaissance d’une étude établie par un de mes partenaires burkinabés, expliquant que Mali n’exploitait que 30 % de sa capacité de production du beurre de karité.

Je parcourus la région de Sikasso « la verdoyante », une région riche en agriculture, élevage, et ressources minières. J’ai fait connaissance avec des femmes inspirantes dans les coopératives de karité. Passionnées par leur métier et engagées dans leurs responsabilités sociétales, ces expertes m’ont formée à leur savoir-faire, la technique artisanale de production du beurre de karité, mais aussi à leur savoir-être. Avec humilité, bonté et générosité, elles m’ont transmis un art.

Une expérience enrichissante qui m’a donné l’envie d’innovation en transport et logistique dans ce secteur. J’ai pris la décision de les aider à promouvoir de la meilleure façon leur talent et faire en sorte qu’elles bénéficient d’un retour sur investissement de ce dur labeur. Il fallait que je crée un impact social fort. La solution était d’étudier de près cette industrie tant convoitée à l’international et d’apporter des solutions concrètes dans les méthodes de production, de distribution et d’exportation.

Votre autre combat, n’est-ce pas l’émancipation des femmes ?

Salimata Keita – C’est exact. Jeune femme parfaitement accomplie et mère de deux enfants âgés aujourd’hui de 10 et 7 ans (un garçon et une fille, c’est le « choix du Roi »), je me soucie de mes sœurs maliennes et africaines en général. Depuis juin 2020, je suis d’ailleurs ambassadrice France du mouvement Women in Africa que dirigent avec énergie et talent Aude de Thuin et Hafsat Abiola.

En qualité d’entrepreneur social et économique, la femme occupe au Mali une véritable place de leader dans la société. Aujourd’hui, la femme doit prendre naturellement sa place en s’imposant par ses compétences. La femme malienne est une Afro-championne ! C’est pourquoi je milite activement pour son émancipation financière et sociale. Au Mali, je constate une effervescence d’événements autour de l’entrepreneuriat féminin qui interpelle la diaspora.

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EN SAVOIR PLUS :

Women in Africa (WIA) : http://wia-initiative.com/
CTLA : www.ctla-consulting.com

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