IIe AFRETAIL à Paris / Izar HYACINTHE (DG Concretiz) : « Les enseignes doivent se positionner et investir dès aujourd’hui en Afrique »
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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse
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APP – Comment cette deuxième édition d’AFRETAIL à Paris s’est-elle passée ?
Izar HYACINTHE - Ce deuxième Forum, qui avait pour cadre le superbe Jardin d’acclimatation, au sein du bois de Boulogne, fut une édition très riche avec un grand partage d’expériences entre les entreprises qui ont déjà réussi en Afrique et celles qui veulent y aller. Je n’ai eu que des échos positifs. Il y a vraiment désormais un esprit « AFRETAIL » car nous avons créé une plateforme qui rend les Africains et Africaines fiers d’eux-mêmes, de leurs talents et de leurs potentialités.
On a eu ainsi plusieurs conférences très intéressantes sur le potentiel de l’Afrique et sur les tendances du « retail » dans le monde. On a eu également la chance d’avoir Fatim Sefrioui, DGA du groupe Marjane, venue nous expliquer la dynamique du marché marocain, et une keynote toujours bien inspirée de Stéphane Tiki, porte-parole du Groupement des Patronats francophones (GPF), qui nous a parlé de la place de la France dans ce marché en Afrique et des enjeux de son positionnement.
APP – Et vous avez personnellement animé une des deux tables rondes du Forum...
Izar HYACINTHE – La mienne était consacrée précisément aux « Stratégies gagnantes et pièges à éviter » pour s’implanter et être performant en Afrique, et réunissait des intervenants de qualité et d’expérience.
La seconde était modérée par la journaliste Olivia Yéré-Daubrey et se posait concrètement la question : « Comment construire des partenariats durables en Afrique ? ».
Et – c’était la nouveauté de cette année - nous avons eu l’après-midi deux ateliers : un premier atelier sur « Construire une bonne relation entre franchiseurs et franchisés ». Et un deuxième sur « Comment lever les freins d’accès au marché africain ? » au travers du prisme de la logistique. Une centaine de rendez-vous B2B ont eu lieu l’après-midi sur les stands d’enseignes exposantes, qui étaient plus d’une trentaine, pour quelque 250 participants.
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« Je suis une Panafricaine engagée »
APP - Peut-on revenir rapidement sur votre parcours professionnel ?
Izar HYACINTHE – Je suis aujourd’hui consultante en accompagnement d’affaires en Afrique où j’aide les entreprises à s’implanter sur le continent africain. Et j’ai fondé en 2024 ma société Concretiz, qui est un cabinet de conseil. Mais j’avais déjà à peu près douze ans de carrière corporate, toujours sur le business-développement Afrique : deux ans chez Canal+ où j’ai développé l’entreprise au Togo et au Ghana, cinq ans chez Yves Rocher où on a lancé la marque dans une dizaine de pays africains et 70 points de vente et, enfin, trois ans chez l’Oréal où j’ai pris la direction des African Beauty Brands pour l’Europe. J’ai donc toujours travaillé sur le Business Afrique. Diplômée de Sciences-Po Paris, je suis une Panafricaine engagée et suis basée au Bénin depuis un an.
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APP - Voulez-vous nous définir ce que représente exactement le « retail » ?
Izar HYACINTHE – Le « retail », c’est le commerce de détail, destiné au client final. Quand je vais choisir et acheter un parfum ou boire un verre, cela s’appelle du retail. Et ce retail peut être opéré de différentes manières.
Il peut être opéré en propre quand une marque ou une enseigne va directement en Afrique, ou en franchise quand on donne la licence d’exploitation de la marque à une autre entité en Afrique par exemple. C’est d’autant plus passionnant que ce secteur est en plein essor en Afrique, où on voit actuellement la multiplication des centres commerciaux et la structuration des lieux de vie et de consommation avec l’émergence de toute une classe moyenne.
APP - N’est-ce pas pour vous aussi une véritable niche ?
Izar HYACINTHE – C’est à la fois une niche d’actualité en plein essor en Afrique, où les grands centres commerciaux avec de nombreux magasins et enseignes aux standards internationaux sont relativement nouveaux, et une activité aussi vieille que le commerce. Car le retail est avant tout un commerce de détail qui a toujours existé. Aujourd’hui en Afrique, 80 % du retail est informel, fait partie de l’économie informelle.
APP – Quels sont vos associés dans cette belle aventure ?
Izar HYACINTHE – Je parlerai plutôt de partenaires. Mes principaux partenaires qui sont co-organisateurs, c’est Eurelia, une fédération d’enseignes qui a trente ans et conseille les enseignes dans leurs stratégies internationales. Sa directrice est Cécile Walter, que je connais depuis 2017.
Eurelia est elle-même chapeautée par Procos, un club d’enseignes qui a déjà cinquante ans et accompagne les marques dans leur développement en France.
On eu la chance cette année d’avoir NHOOD (la foncière de la famille Mulliez) qui construit des centres commerciaux en Afrique comme co-hôte. Sponsor dès l’an dernier, NHOOD souhaitait s’engager davantage cette année et Stanislas Rohmer, son DG pour l’Afrique de l’Ouest, a fait une brillante intervention dès la cérémonie d’ouverture.
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« AGL, Canal + et CFAO étaient présents »
APP – Sur vos panels, n’aviez vous pas aussi quelques « poids lourds » des entreprises françaises présentes depuis toujours en Afrique ?
Izar HYACINTHE – L’idée de ce Forum, c’est en effet d’avoir toute la chaîne de valeur du retail. Car on ne peut pas faire du retail sans logistique, sans communication, sans structures de distribution. Tous ces sponsors représentent chaque maillon du filet. D’où la présence avec Thomas Dhersigny d’un représentant d’AGL (ex-Bolloré) qui est le leader de la logistique en Afrique et présent dans 52 pays. C’était donc une évidence pour nous de les solliciter. Ce fut d’autant plus intéressant que c’est l’année où ils ont structuré chez eux une « direction retail » parce que ce sont des marchés qui commencent à les intéresser.

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Canal +, bien sûr, était également représentée. C’est là où j’ai commencé ma carrière. Et c’est aujourd’hui le « retailer » par excellence en Afrique car– comme nous le disait Adrien Bourreau – ils ont aujourd’hui quelques 17 000 points de vente et plus de 200 boutiques. C’est colossal et je ne suis pas sûre que d’autres acteurs puissent se vanter d’un tel réseau de distribution.
Enfin CFAO, qui a une expérience de 130 ans en Afrique et reste un des leaders de la distribution sur le Continent, était également représenté par Marie-Elise Poilleux (Responsable Développement de franchise) dont le témoignage fut très intéressant.
Denis Cantin, CEO d’Adamant (Agence d’influence et de communication en Afrique), avec lequel je travaille depuis longtemps, a conquis quant à lui son auditoire en nous révélant ses « recettes » pour construire et amplifier la notoriété de votre entreprise en Afrique.
APP – Se positionner en Afrique, comme toutes ces grandes marques, c’est donc l’avenir pour de nombreuses enseignes internationales ?
Izar HYACINTHE – Ce n’est pas l’avenir, c’est le présent ! Car c’est maintenant qu’il faut être sur le marché pour capter cette classe moyenne émergente et séduire cette jeunesse connectée qui s’urbanise et qui consomme. C’est aujourd’hui et pas demain ou après-demain. C’est dès maintenant qu’il faut y être pour comprendre les enjeux. Ce sont en effet des marchés différents et qui demandent une certaine adaptabilité culturelle, logistique et opérationnelle. C’est maintenant qu’il faut y être pour construire ensemble cet écosystème vertueux
APP - Pour conclure notre entretien, y aura-t-il l’année prochaine une troisième édition à Paris ?
Izar HYACINTHE – C’est là toute la question. Il y a aura une troisième édition d’AFRETAIL, cela c’est une certitude, mais peut-être sera-t-elle cette fois-ci en Afrique... Si on a un pays partenaire, c’est en effet l’idée d’aller en Afrique et de pouvoir y faire une immersion complète avec les enseignes qui nous suivent.
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POUR EN SAVOIR PLUS :
www.afretail.fr
www.concretiz.fr
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