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Hervé MAILLART, SG du CSFN, à la CCFA : « Notre savoir-faire nucléaire d’excellence répond aux besoins des Émirats dans leur développement de ce secteur »

1er mars 2022
Hervé MAILLART, SG du CSFN, à la CCFA : « Notre savoir-faire nucléaire d'excellence répond aux besoins des Émirats dans leur développement de ce secteur »
Le 23 février, à Paris, à l’initiative de la Chambre de commerce franco-arabe (CCFA) et de son Président Vincent Reina, Hervé Maillart, Secrétaire général du Comité stratégique de la filière nucléaire (CSFN), a été invité à mettre en lumière les atouts du nucléaire français ayant abouti au partenariat privilégié avec les Émirats, lesquels veulent prioriser cette source d’énergie verte.

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par I. B. pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Les besoins énergétiques des Émirats Arabes Unis (EAU) croissent de 9 % chaque année. Pour répondre à ce besoin, une transition énergétique ciblée a été engagée par le pays avec un développement encouragé de l’énergie nucléaire comme réponse stratégique.
Les objectifs de cette politique énergétique sont d’engager un leadership énergétique global, le respect de l’environnement pour une croissance durable, assurer une sécurité d’approvisionnement pour ne pas dépendre du gaz.

En raison de l’augmentation démographique et de la croissance économique des EAU, les besoins en électricité sont en forte augmentation. D’autant plus, que la production en eau potable repose sur les centrales électriques. Or, mix électrique repose sur 99 % sur le gaz naturel et 1% sur le pétrole d’où la volonté des Emirats d’engager une transition énergétique tournée vers le nucléaire.

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L’énergie nucléaire, une priorité
pour les Émirats Arabes Unis

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Hervé Maillart a ainsi rappelé que le choix de la stratégie énergétique des Émirats a débuté dès 2008, par un plan de développement durable dont une grande partie est consacrée au nucléaire. Le but ultime des Emirats est de pouvoir produire de l’électricité en grande quantité en toute autonomie, de façon sûre et propre. Ce qui permettra de réduire les gaz à effet de serre et d’assurer une sécurité d’approvisionnement en électricité, à long terme, pour la consommation d’une population en forte croissance.

Pour cela, précise le Secrétaire général du CSFN, les Émirats ont D’ABORD opté pour la technologie coréenne. Fin 2009, un contrat a été signé avec l’entreprise sud-coréenne KEPCO (Korean Electric Power Corporation) pour la construction de quatre réacteurs APR de 1 400 MW chacun, chantier commencé en 2012 sur le site de Barakah – un autre objectif des Émirats, comme le souligne Hervé Maillart, étant d’exporter de l’électricité aux pays voisins et de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.

Les Émirats ont confié l’exploitation à une filiale d’ENEC, appelée Nawah Energy Company, détenant 80 %, tandis que le reste est détenu par les Coréens. Le démarrage de la première centrale s’est fait en 2020, pour une mise en service des premiers réacteurs en 2022. Lorsque les quatre réacteurs seront mis en service, dans les prochains mois, l’énergie nucléaire représentera 25 % du mix électrique. D’ici à 2040, la part de l’association énergie nucléaire et énergies renouvelables sera de 50 % du mix électrique aux Emirats.

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Quand les industriels du nucléaire français
prennent le relais des Coréens

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La démarche de partenariat lancée par la France avec les Émirats date de 2016. L’objectif de promouvoir l’industrie française auprès du propriétaire émirati ENEC et de l’exploitant NAWAH n’était vraiment pas évident, a souligné Hervé Maillart, car les Émirats avaient précédemment choisi une technologie coréenne. Cependant le secteur du nucléaire français, fort de son expérience de près de 2 500 années de réacteurs, avec 3200 entreprises et 220 000 emplois, se révèle être la référence en la matière, et en capacité de répondre aux besoins spécifiques des industriels émiratis.

Précisément, les entreprises émiraties ENEC et NAWAH avaient des besoins locaux s’agissant de pièces de rechange pour leurs activités en matière nucléaire. Pour ENEC et NAWAH, leur demande reposait sur une aide des industriels du nucléaire français pour l’obtention d’un large choix de fournisseurs, américains, coréens afin de réduire les coûts d’exploitation. L’objectif du partenariat franco-émirati est la « nucléarisation » des industriels locaux.

D’autre part, ainsi que l’a souligné Hervé Maillart, le lancement en 2016 de la coopération entre les opérateurs français et émiratis concernait la comparaison des méthodes, la formation du personnel, le démarrage d’une centrale, les tests des équipements. Cette première phase de coopération aboutit en 2019 à la signature d’un accord, afin d’associer le savoir-faire du nucléaire français aux compétences locales.

Aujourd’hui – grâce notamment à l’action d’intermédiation de Business France entre industriels français et émiratis – on compte cinq accords entre les deux pays, dont certains contrats très importants, comme celui permettant à un industriel français d’intervenir sur le premier réacteur coréen construit.

Il existe aussi, notamment, des contrats avec les grands industriels français. Un contrat LTSA « Long-term Service Agreement », a été signé avec EDF pour des demandes d’aide à l’exploitation (procédures, méthodologie…) sans intervention directe de EDF sur la centrale Barakah. Mais aussi des contrats sur la recherche, sur la gestion des déchets, un dernier contrat plus opérationnel, signé en 2021, avec Framatome ayant pour objectif d’intervenir sur les actes manquants en alternative aux constructeurs coréens.

La Chambre de commerce franco-arabe (CCFA), rassemblant des entreprises françaises et l’ensemble des chambres de commerce arabes, pourrait constituer également un partenaire primordial dans cette coopération de l’excellence du savoir-faire français dans le domaine nucléaire avec les opérateurs économiques des pays arabes, comme elle le représente déjà pour de nombreux autres secteurs, a relevé Vincent Reina, Président de la CCFA à la suite de l’intervention du Secrétaire général du CSFN.

Une vue de la salle de conférence, à la Maison des Polytechniciens. © DR

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Une coopération industrielle
portée par les deux pays

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Les projets réalisés entre les industriels du nucléaire français et les industriels émiratis sont portés par les gouvernements français et émirati, au travers de réunions de suivi des projets tous les six mois entre les ministères, en particulier ceux des affaires étrangères.
La tendance actuelle, qui vise à renforcer davantage cette coopération dans le domaine du nucléaire, couvre l’ensemble des sujets : R&D, ingénierie, exploitation, sûreté, radioprotection, cycle de vie du combustible, monitoring environnemental…

Un démarrage non contractuel a leu ieu en 2019 avec une relation exploitant-exploitant qui s’est concrétisée par la signature d’un contrat entre industriels émiratis et français en 2021. L’accord stipule que les industriels ne peuvent travailler l’un sans l’autre : l’industriel émirati apporte sa force locale, sa connaissance du terrain et le financement ; le français contribue par son savoir-faire relevant d’une expertise de pointe. Une réunion organisée par thématiques avec une trentaine d’entreprises françaises, est d’ores et déjà programmée en septembre 2022 à Abu Dhabi, ainsi qu’une visite de la centrale de Barakah.

Selon Hervé Maillart, la France est l’un des seuls pays à maîtriser l’intégralité de la chaîne de valeur dans le secteur nucléaire, depuis la recherche au démantèlement, ce qui constitue un atout majeur et une garantie auprès des industriels locaux.

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Les nombreux atouts
du secteur nucléaire français

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Le secteur du nucléaire français est organisé sous l’égide du CSFN (Comité stratégique de la filière nucléaire, rattaché au Conseil national de l’industrie (CNI), instance consultative aupès du Premier ministre) qui oriente les grandes actions gouvernementales et définit par un contrat stratégique signé en 2019 entre l’État et les principaux acteurs du nucléaire. Ce contrat stratégique comporte plusieurs axes : emplois et formation, transformation digitale, R&D, structuration à l’international. Un avenant est venu renforcer ces axes avec pour principale novation la création de l’université des métiers du nucléaire.

Le secteur nucléaire français dispose de grands atouts, comme l’absence de CO2 (facteur clé de la décarbonisation), le fait que le nucléaire soit une énergie pilotable – contrairement aux énergies renouvelables –, un cadre réglementaire strict et une autorité de sûreté des plus exigeantes au monde, une grande maîtrise technique qui font du secteur nucléaire français un secteur de pointe pouvant répondre aussi aux besoins des industries étrangères. L’avantage significatif du savoir-faire nucléaire français est de proposer des solutions, une formation des compétences tout en s’adaptant aux réalités et méthodes locales, le partenariat émirati en est un bon exemple.

Reconnue pour la première fois dans la taxonomie comme activité « verte », le secteur nucléaire bénéficie d’un soutien à hauteur de 470 millions d’euros, dans le cadre du Plan de relance économique français (100 milliards d’euros, dont 34 Md€ à la compétitivité, 30 Md€ à l’écologie et la décarbonation de l’économie, 36 millions sur la cohésion et territoires.

Le Président Macron, dans son discours récent à Belfort, a parlé d’un projet sur les réacteurs « SMR » doté de 1 milliard d’euros – 500 millions pour NUWARD et 500 millions sur les réacteurs innovants avec l’apparition de petits acteurs. L’accent est mis sur l’hydrogène et la relance du programme nucléaire français, avec l’objectif de construire six réacteurs évolutifs EPR-2 dont la mise en service est prévue autour de 2035.

100 millions sont également consacrés aux relocalisations et aux compétences, ce qui a donné naissance en 2021 à l’Université des métiers du nucléaire en France permettant au système éducatif de former à ces métiers, déchargeant les entreprises de leur nécessité où elles se trouvaient de former leur collaborateurs.

La France, dans sa stratégie économique, multiplie les efforts de renforcement de ce secteur afin d’offrir à son industrie nucléaire une meilleure compétitivité pour aller à la conquête des marchés industriels à l’international en répondant à la demande locale, comme elle le fait aux Émirats.

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CYCLE « LES CONFÉRENCES MENSUELLES
DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS » (CMAAP)

Accédez au REPLAY de la première CMAAP, organisée par AfricaPresse.Paris à La Maison de l’Afrique (Paris XVIe) : « Infrastructures et entreprises, comment mieux financer l’Afrique ? » Avec SE M. BANDAMAN, Ambassadeur de Côte d’Ivoire @BandamanK @Isabebear @ML_MAZAUD @EtienneGiros @M_TdOrfeuil

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