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#FDDA 2018 - FORUM DES DIASPORAS AFRICAINES - Paris, 22 juin

Hatoumata Magassa : de Bondy à Bond’innov via Sciences Po et Taïwan, l’itinéraire d’exception
d’une jeune méritocrate

4 juin 2018
Hatoumata Magassa : de Bondy à Bond'innov via Sciences Po et Taïwan, l'itinéraire d'exception d'une jeune méritocrate
Hatoumata Magassa est une jeune franco-malienne engagée pour deux causes qui la touchent particulièrement : le développement économique du continent africain et l’éducation de la jeunesse. À moins de trente ans, son parcours et ses réalisations suffiraient à faire d’elle un exemple patent de ce qu’il est convenu d’appeler l’ascenseur social – pas toujours en panne ! – de la méritocratie républicaine. Mais Hatoumata Magassa est loin d’imaginer un seul instant de se reposer sur ses lauriers, bien au contraire…

Née à Bondy dans le fameux « 9-3 » (département de Seine-Saint-Denis) de parents maliens, d’un père ayant étudié aux Arts et Métiers et à la Sorbonne, salarié d’un grand magasin et d’une mère fonctionnaire décorée depuis de l’ordre national du Mérite, Hatoumata se rappelle : « À eux deux, mes parents cumulent soixante-dix années de vie en France depuis leurs arrivées respectives. Mes frères et sœurs et moi avons reçu une éducation à l’image de notre double culture, où le succès académique et le travail revêtent une importance capitale. Ces piliers ont été déterminants dans ma construction en tant qu’individu et m’ont donné les moyens de mes ambitions ».

Hatoumata grandit en élève studieuse jusqu’à préparer son bac au lycée Jean Renoir de Bondy… et c’est là sa première « opportunité républicaine », car l’établissement est lié à Sciences Po Paris par une Convention d’éducation prioritaire (CEP), dispositif qui permet à des jeunes méritants scolarisés dans des quartiers modestes d’intégrer cette grande école par un processus spécifique.

Ainsi elle intègre Sciences Po Paris en 2007, mais préfère l’antenne du Havre au siège parisien, car le campus du port normand offre une section euro-asiatique. Et sitôt décroché son Bachelor of Arts en études euro-asiatiques, la voilà partie pour une année à Taïwan d’où elle reviendra bilingue en mandarin. De retour en France, elle termine son cursus en obtenant un Master en Affaires urbaines de Sciences Po à Paris…

« Ce qui m’a toujours intéressée, dit-elle, ce sont les questions de développement. C’est ainsi que durant mes premières années professionnelles j’ai enchaîné diverses missions relevant du développement économique appliqué aux territoires émergents dans des contextes chinois et africains », jusqu’à devenir Manager de Réseau au sein du fonds I&P (Investisseurs et Partenaires) dirigé par Jean-Michel Severino (ex DG de l’AFD et célèbre africaniste) dédié au développement d’un secteur privé responsable et pérenne en Afrique.

L’Afrique au cœur des activités de Hatoumata

Une période très fructueuse, durant laquelle la mission d’Hatoumata Magassa consiste à concevoir et déployer un programme visant à développer les opportunités économiques, à promouvoir l’entrepreneuriat en Afrique et à renforcer les ressources humaines des 70 entreprises partenaires d’I&P.
Elle y travaille de 2015 à 2017, en autonomie complète, réalise des missions d’évaluation auprès d’une vingtaine d’entreprises (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal), où elle s’exerce à la négociation avec les parties prenantes, et réalise aussi des levées de fonds…

Autant dire qu’après la formation académique, ces premières années de « terrain » scellent l’enracinement de son action en faveur du développement de l’Afrique, une vocation née d’un déclic, « le jour où, en classe terminale, j’ai entendu un professeur dire que l’Afrique était restée en marge des échanges économiques mondiaux » se souvient-elle.

Cette vocation africaine est aujourd’hui plus que jamais au cœur des activités professionnelles et associatives de Hatoumata Magassa qui, à 29 ans, est retournée vivre dans sa ville natale de Bondy : « Depuis une année environ, j’occupe la fonction de “Responsable des Programmes Diasporas et Incubations” au sein de l’incubateur Bond’innov et partage mon temps entre l’accompagnement de start-up, la participation à la gestion de nos deux fonds de prêts d’honneur qui permettent à nos entrepreneurs d’obtenir 50 K€ en moyenne, ainsi que le développement de nouveaux programmes pour l’incubateur. »

L’incubateur Bond’innov, ouvert aux projets franciliens
ou implantés dans des territoires en développement

L’incubateur Bond’innov, le premier sinon l’unique en France dédié à l’Afrique –il existe aussi depuis mars 2017 le réseau afro-francilien « Sprint ». On y compte en moyenne 28 incubés par an qui restent entre six mois et deux ans, et Bond’innov accueille tout porteur de projet d’entreprise domicilié en Île-de-France ou dans des territoires en développement, sans exigence de nationalité, mais à la condition que ce projet s’inscrive dans une démarche de développement durable, avec un tropisme préférentiel pour des activités innovantes (santé, fintech, énergies renouvelables, intelligence artificielle, etc.)

L’offre de Bond’innov couvre le cycle complet de la création d’une start-up, depuis le diagnostic du projet jusqu’à l’aide au financement (notamment par prêts d’honneur et moratoire de quatre ans sur le remboursement), en passant par l’hébergement et l’attribution d’un label final qui vaut ticket d’entrée dans le réseau. Bond’innov est aussi une passerelle très tournée vers le Sud, avec 40 points relais dans le monde – dont plus de 30 en Afrique – grâce à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et à ses quelque 2 000 collaborateurs.

Comment intégrer Bond’innov ? « Tous les six mois, nous publions des appels à projets sur notre site, http://www.bondinnov.com/ Pour être sûr de ne pas les rater, le mieux est de s’inscrire à notre Infolettre gratuite » précise Hatoumata.

Le militantisme citoyen, deuxième volet
de l’engagement social de Hatoumata

Ainsi, la jeune femme se trouve-t-elle professionnellement au cœur de son engagement pour l’Afrique. Mais ce n’est pas tout : depuis 2012, elle préside et anime l’association qu’elle a créée, « One, two, three… RAP ! », dont le but est d’enseigner l’anglais, de développer la culture générale et de donner confiance aux jeunes en se fondant sur la culture urbaine, en utilisant les méthodes modernes (Moocs) et en mettant l’accent sur la participation orale, dans un environnement interactif (ateliers) et divertissant (concerts)…

En six années d’activité, l’association a atteint plus de 4 000 participants dans le monde, permis l’amélioration du niveau d’anglais de deux points en moyenne sur une année scolaire, créé plusieurs emplois et obtenu de nombreux prix, dont un décerné par Google France.

« La mission de One, Two, Three... RAP ! précise la Présidente Magassa, n’est pas uniquement liée à l’apprentissage de l’anglais et à la promotion de la culture Hip-Hop. Nous avons à cœur de réaliser la tâche militante d’élargir les horizons de la jeunesse car l’éducation constitue son passeport pour l’avenir. » Elle ajoute : « Je me sens privilégiée dans la mesure où j’ai eu accès à une éducation de qualité et surtout, à des enseignants et des mentors qui ont joué un rôle capital dans mon parcours de vie. Je souhaite donc contribuer à mon tour au développement de compétences et de talents pluriels. »

Ce militantisme citoyen, qui vise la jeunesse mais est ouvert à tous, élargit l’action africaniste de Hatoumata, et cela même si « l’action pour le développement économique de l’Afrique reste le fil rouge » de son engagement de vie.

Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris

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LIENS UTILES

Bond’innov : http://www.bondinnov.com/

One, Two, Three... RAP ! https://www.onetwothreerap.com/

SITE DU #FDDA 2018, Forum des diasporas africaines (avec programme détaillé et inscriptions) : http://www.forumdesdiasporas.com/

TOUS LES ARTICLES DE NOTRE DOSSIER #FDDA 2018 :
https://www.africapresse.paris/-FDDA2018-

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