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Gregory  CLERC, DG Groupe  Castel, devant le CIAN : «   La réussite en Afrique repose sur la constance, l’humilité et la confiance dans les talents locaux   »

23 octobre 2025
Gregory CLERC, DG Groupe Castel, devant le CIAN : « La réussite en Afrique repose sur la constance, l'humilité et la confiance dans les talents locaux »
Gregory CLERC, Directeur général du Groupe  Castel, durant son intervention au déjeuner-débat du CIAN, jeudi  16  octobre à l’Automobile Club de France, à Paris. Photo © AM/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
Invité d’honneur du déjeuner-débat du CIAN, jeudi  16  octobre, à l’Automobile  Club de  France (place  de  la  Concorde, à Paris), Gregory CLERC, Directeur général du Groupe  Castel, a livré un témoignage dense et encourageant sur les leviers de la réussite du groupe en  Afrique, où l’entreprise est désormais présente dans 22  pays du Continent.

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par Alfred MIGNOT, Directeur de AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Face aux entrepreneurs du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), Gregory  Clerc ouvre son intervention avec l’humour et la modestie d’un dirigeant « débarqué  au pied levé   », puisqu’il remplaçait le premier orateur prévu, le dirigeant malgache Hassanein Hiridjee, Président du Groupe Axian, retenu sur la Grande Île par les manifestations ayant conduit à la chute du président Andry Rajoelina.

«  Je sais que vous ne m’attendiez pas forcément comme orateur, confie‑t‑il, mais je vais essayer de partager avec vous ce que signifie, à notre échelle, réussir durablement sur le continent africain », déclare pour commencer Gregory Clerc.
Le mot «   réussite   », tempère-t-il aussitôt, «  doit toujours s’accompagner d’humilité   ». Je me considère comme un Africain positif  », explique‑t‑il. « L’Afrique n’est pas seulement le continent de demain  ; elle est aujourd’hui déjà un territoire de transformation structurelle et d’opportunités concrètes. »

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Castel, une empreinte
durable sur le continent

Créé en 1949 dans le Bordelais, le Groupe Castel s’est imposé comme « premier producteur de vin en Europe et troisième au monde ». Mais son cœur battant se trouve désormais au sud du Sahara : « Nous opérons dans 22  pays africains, avec une présence industrielle qui englobe 23  régions », précise Gregory  Clerc.

Le groupe y revendique plus de 100 000 emplois directs et indirects dans l’industrie des boissons (brasserie, vin, autres boissons) ainsi que dans les filières agro-industrielles intégrées (sucre, verre, logistique).

Cette intégration verticale constitue, selon lui, «  la clé de notre modèle  ». Elle permet au groupe de se protéger des crises monétaires, comme celle de 2023 en Angola, où «  la dévaluation de 68  % de la monnaie nous a frappés de plein fouet … Nous avons tenu grâce à la réactivité des équipes locales et à notre volonté de renforcer le contenu local pour réduire la dépendance aux importations   », précise‑t‑il.

Un an plus tard, les activités ont retrouvé leur niveau d’avant-crise. Pour lui, «   c’est la preuve qu’en Afrique, la réussite repose avant tout sur la constance  ».

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« Rester, même dans
les moments difficiles »

À ceux qui envisagent de se retirer du Continent, Gregory  Clerc oppose une stratégie sans ambiguïté  : «   Nous sommes arrivés en Afrique en 1966 et nous ne l’avons jamais quittée. C’est cette constance qui fait notre force.   »
Il poursuit : «   La nature a horreur du vide. Quand une entreprise se retire, il y a toujours quelqu’un pour prendre sa place.   » Le dirigeant cite l’exemple de sociétés internationales qui, après avoir quitté l’Afrique pour des raisons conjoncturelles, «   cherchent aujourd’hui à revenir   ».

Pour  Castel, cette permanence s’accompagne d’un ancrage humain  : créer des emplois, former des cadres africains, préparer la relève. Autant de dimensions que le groupe considère comme « des investissements de long terme, au même titre que les usines. »

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L’essor d’une nouvelle
génération africaine

«   L’africanisation n’est pas un mot que j’aime beaucoup  », dit  Gregory  Clerc, «  mais la montée en puissance des talents africains, ça oui, je la revendique !  »
Il raconte les programmes de formation de brasseurs et d’ingénieurs, élaborés par Castel en partenariat avec des écoles belges : «   Nous commençons souvent avec des jeunes sans diplôme, recrutés localement, que nous accompagnons jusqu’aux meilleures écoles du monde.  » Le résultat est, selon lui, spectaculaire  : «  Le taux de réussite avoisine 100  %. Ces collaborateurs formés deviennent les directeurs industriels de demain, et surtout, ils restent en  Afrique.  »
Cette fidélité, il la voit comme la conséquence d’une relation de confiance  : «  Nous démontrons que nous croyons en eux. Ils nous le rendent au centuple.  »

À la table d’honneur du déjeuner-débat du CIAN, de gauche à droite : Jean-Michel Huet, associé BearingPoint, Président de la Commission Digital du CIAN ; Mme Muriel Dubois, Directrice des Programmes internationaux de Sciences Po Executive Education ; André Agid, PDG de Global Africa Telesud ; le Président du CIAN, Étienne Giros ; Gregory Clerc, DG du Groupe Castel, invité d’honneur ; Mme Marie-Laure Mazaud, DG de STOA Infra & Energy. Photo © AM/APP – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.

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Une RSE ancrée dans le réel,
pas dans le marketing

Gregory Clerc revendique une vision exigeante de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : «   Je distingue la vraie et la fausse  RSE   », lance‑t‑il, déclenchant des sourires dans l’assistance. « La fausse  RSE, c’est celle où l’on prend des photos d’expatriés ramassant des plastiques sur une plage. La vraie  RSE, c’est celle qui transforme concrètement les territoires où nous opérons. »

Parmi les projets qu’il cite  : le soutien à 18  000  agriculteurs indépendants à Madagascar, la réduction de 10  % de la consommation d’eau en deux ans dans les usines africaines du Groupe Castel, ou encore des programmes de valorisation des déchets industriels. «  La quantité d’eau économisée équivaut à une colonne continue de camions‑citernes de l’Afrique du  Nord à l’Afrique du Sud   », illustre‑t‑il.

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« L’Afrique bouge, et nous
devons bouger avec elle »

Gregory  Clerc insiste sur la transformation en cours   : gouvernance améliorée, montée en compétence des administrations fiscales, urbanisation dynamique et accélération digitale.
«   La jeunesse africaine est aujourd’hui éduquée, connectée et entreprenante  », se réjouit‑il. «  Nos propres concours, comme le Prix Pierre  Castel, révèlent chaque année des projets d’une qualité exceptionnelle.  »
S’il reconnaît des défis politiques et diplomatiques, il reste confiant  : «   Le continent connaît des cycles, et il faut savoir les traverser. L’essentiel est de garder le cap.   »

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Un optimisme
pragmatique

« Je suis un Africain positif, répète‑t‑il. Oui, il y a des turbulences, mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : l’Afrique est jeune, ambitieuse et pleine d’avenir. Ceux qui persévèrent y trouveront des réussites durables. »

En conclusion et sous les applaudissements nourris des participants, le Président Étienne  Giros a salué une intervention « inspirante et concrète », louant « le regard d’un chef d’entreprise ancré sur le terrain et qui redonne tout son sens à l’investissement durable en Afrique. »

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SUR LE MÊME THÈME :
Étienne Giros, Président du CIAN  : « L’Afrique reste un continent d’avenir pour les entreprises françaises »
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