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#ForumEuropeAfrique à Marseille / Étienne GIROS, PR du CIAN : « Il faut orienter une partie de l’aide publique au développement directement vers le secteur privé »

21 mai 2023
#ForumEuropeAfrique à Marseille / Étienne GIROS, PR du CIAN : « Il faut orienter une partie de l'aide publique au développement directement vers le secteur privé »
Participant à la table ronde sur le financement des entreprises en Afrique, lors du Forum EuropeAfrique de La Tribune-La Tribune Afrique à Marseille (15-16 mai), Étienne GIROS, Président du CIAN, propose une devinette à l’auditoire : « Pourquoi, alors qu’il y a de l’argent, les entreprises ont-elles tant de mal à se financer en Afrique ? ». Réponse et solutions.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

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La devinette à peine énoncée, le Président du Conseil français des investisseurs en Afrique enchaîne aussitôt sur la réponse : « Oui, il y a des liquidités en Afrique, les banques ont des fonds et de la trésorerie disponibles. Il y a aussi les bailleurs de fonds, qui affectent des dizaines de milliards à des financements de projets, et donc aux entreprises. Aussi, il ne faut pas oublier les caisses de retraite qui en Afrique disposent elles aussi de beaucoup de fonds – même si, pour la plupart, ils ne sont pas placés sur le Continent. Donc il y a de l’argent… Et pourtant les entreprises ont bien du mal à se financer… »

Plusieurs raisons expliquent cet état de fait, considère Étienne Giros. La première, c’est que l’argent est trop cher à cause de la prime du risque (spread). C’est ainsi qu’une petite entreprise en Afrique, selon sa taille et la nature de son projet, va se financer à un taux entre 8 % et 15-16 %. À partir de là, les projets industriels ou commerciaux devront donc dégager une rentabilité capable de supporter ce coût financier, tout en payant les frais généraux, les salaires, les impôts, etc., donc il leur faut être capables de dégager une marge autour de 20 à 25 % !

Deuxième difficulté : en Afrique plus qu’ailleurs, on vous demandera des garanties maximales pour accorder des financements. « C’est aussi un gros frein, car l’entrepreneur n’a pas toujours de garanties. Il peut alors envisager de céder des actifs ou encore de nantir son fonds de commerce, mais assez souvent, à cause du risque que l’on fait peser sur l’Afrique, ces garanties-là ne sont pas acceptées, et le financeur potentiel demande des deposits, avec des taux de prêt très élevés ».

Troisième difficulté : les transferts. « On en parle à la fois très souvent dans la vie de tous les jours et pas assez souvent, à mon sens, dans les difficultés de financement, observe Étienne Giros. En tant que chef d’entreprise, il faut que vous puissiez faire bouger votre argent. Il faut que vous puissiez payer vos fournisseurs. Il faut que vous puissiez payer éventuellement un partenaire étranger et il faut que vous puissiez encaisser vos recettes. Et donc, la difficulté des mouvements de devises en Afrique est aussi un gros frein, même si cela ne touche pas spécifiquement la question du financement des investissements.

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Un « gros trou » dans la raquette
des financements d’entreprises…

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D’autre part, continue Étienne Giros, les financements publics ne sont pas toujours bien affectés. Enfin, on observe que si vous avez besoin de 200 millions d’euros, vous avez une chance de les avoir trouvés à la fin de journée… mais les projets entre 1 million d’euros et 20 millions d’euros ne trouvent pas de financement. « Parce que les grands fonds et autres bailleurs estiment qu’ouvrir un dossier coûte cher », ils ne sont donc pas attirés par les dossiers inférieurs à 30 millions…

Un constat plutôt pessimiste, donc, mais tempéré par le Président du CIAN dans la deuxième partie de la conférence, plus axée sur les solutions. « Il existe beaucoup de solutions qui passent en général toutes par des garanties accordées plus facilement, par l’augmentation des fonds d’amorçage et l’attribution directe de fonds pour les affaires », explique Étienne Giros.
L’une des solutions tient à la création de bourses. La Bourse sert à donner de la liquidité : « Comment voulez-vous attirer un investisseur pour prendre 10 % ou 25 % du capital d’une entreprise, s’il ne sait pas comment il va sortir ? Or justement la bourse sert à cela : à attirer les fonds et aussi à rendre liquide un investissement.

Deuxième idée qui provoquerait sans doute une petite révolution dans les fonds d’investissement et les fonds de capital risque, assez rigides tant dans leurs structures que parfois dans leurs statuts : ils sont orientés vers deux, trois ou quatre secteurs économiques, et ils n’ont pas le droit d’en sortir. Aussi, ils sont cantonnés à certains secteurs géographiques et là non plus, ils n’ont pas le droit d’en sortir. Par exemple, certains n’ont pas le droit d’aller en Afrique… Il faudrait donc qu’ils s’affranchissent de certaines rigidités.
Troisième idée, sans doute la plus « décoiffante » : « Orienter une partie de l’aide publique au développement directement vers le secteur privé ! Cela permettrait d’ailleurs de faire des appels à projet. Et quand ils sont bons, de financer directement, avec de l’argent public, les entreprises qui portent ces projets. »

Un point fort du plaidoyer actuel du Cian et de son Président, bien conscient cependant qu’en France les mentalités ne sont pas à ce jour tout à fait prêtes à concevoir que l’argent public puisse contribuer à financer directement les entreprises privées… – et de le faire « normalement », c’est-à-dire sans qu’il soit besoin de le justifier politiquement par l’état d’urgence d’une période d’exception, comme ce fut le cas du « Quoi qu’il en coûte », au plus fort de la pandémie de la Covid-19.

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RETROUVEZ ICI LE REPLAY de notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (CMAAP 8) du 12 avril 2023

Les personnalités du panel et quelques autres ayant participé à notre VIIIe Conférence des Ambassadeurs Africains de Paris (de gauche à droite sur le photo) : S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’ÉGYPTE ; M. Alfred MIGNOT, Président AfricaPresse.Paris, concepteur et modérateur des CMAAP ; S. E. M. François NKULIKIYIMFURA, Ambassadeur du RWANDA ; Mme Lucia PETRY, Présidente de BPL Global France ; M. É tienne GIROS, Président du Cian ; Mme Læticia BALOU, Présidente de LB Global Consulting S. E. M. Ayed Mousseid YAHYA, Ambassadeur de DJIBOUTI ; M. Zied LOUKIL, Associé Mazars France ; S. E. M. Vijayen VALAYDON, Ambassadeur de MAURICE ; M. Emmanuel PEZÉ, Vice-Président Afrique et Moyen Orient de TINUBU. © F. Reglain

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CMAAP 8 / S. E. M. Alaa YOUSSEF, Ambassadeur d’Égypte : « Notre gouvernement veut désormais donner la priorité au secteur privé »

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CMAAP 8 / Lucia PETRY, Présidente BPL Global France : « En Afrique comme dans le reste du monde, on trouve toujours des solutions pour sécuriser les contrats internationaux face aux risques politiques »

CMAAP 8 / Emmanuel PEZÉ, VP TINUBU : « L’assurance-crédit est un pilier fondamental à la confiance et à l’essor des PME africaines »

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