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Forum Afrique CIAN/L’Opinion - Richard BIELLLE (CFAO) : « Sans industrialisation, il n’y aura pas de développement durable en Afrique ! »

27 mars 2021
Forum Afrique CIAN/L'Opinion - Richard BIELLLE (CFAO) : « Sans industrialisation, il n'y aura pas de développement durable en Afrique ! »
Actif dans 38 pays d’Afrique, le Groupe CFAO y réalise plus de 5,5 milliards d’euros de CA annuel. Son président du directoire, Richard BIELLE, témoigne au Forum Afrique du CIAN/L’Opinion de la capacité qu’a démontrée CFAO à surmonter la crise de l’annus horribilis 2020, et partage sa vision d’avenir d’une indispensable industrialisation de l’Afrique.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (APP)
@alfredmignot | @africa_presse

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Présent en Afrique depuis 170 ans, le Groupe de distribution CFAO est « habitué depuis longtemps à faire face à des crises de toutes sortes dans différents pays. C’est pour cela d’ailleurs qu’historiquement, notre business modèle consiste à être présent dans beaucoup de pays, et avec plusieurs activités. L’idée, c’est de mutualiser, faire en sorte que chaque année, on puisse compenser les mauvaises nouvelles par les bonnes », analyse Richard Bielle.

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Le Groupe CFAO affiche des résultats
en croissance malgré la crise

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La diversité, tant sectorielle que géographique, est donc le mot-clé de la stratégie du groupe, c’est grâce à cela que CFAO a pu faire mieux que simplement résister à la crise, comme l’explique son président du Directoire :
« Nous étions très inquiets au printemps 2020… Mais globalement, avec 50 % de nos activités relevant des besoins essentiels – par exemple on livre 6 000 pharmacies et des hôpitaux tous les jours », celles-ci se sont avérées particulièrement résilientes, tant dans le secteur de la santé que de l’alimentaire, et ont enregistré des « niveaux d’activité comparables à la fois à ceux de l’année précédente et aux objectifs fixés. »

En revanche, les 50 % d’activités du groupe relevant plutôt des biens d’équipement, comme l’automobile, ont d’abord marqué un arrêt au premier trimestre 2020, suivi d’un rebond, « finalement assez vigoureux, assez inattendu ».

« Au global, précise Richard BIELLE, grâce à cette diversité, le recul d’activité du Groupe est de l’ordre de moins - 10 %. Et si l’on prend en compte le développement – nous avons continué à faire des investissements, par exemple en ouvrant de nouveaux magasins Carrefour en Afrique du Sud et au Mozambique – le résultat réel serait de l’ordre de + 4 % par rapport à l’année précédente ».

Mais, au-delà des résultats immédiats, quels sont les prérequis qui incitent une entreprise à investir en Afrique, malgré les crises ? La question de l’animateur de la conférence prenait un relief particulier, en ce 18 mars, alors même que des émeutiers venaient de saccager plusieurs enseignes françaises, à Dakar…

« Globalement, répond Richard BIELLE, on attend que toutes les fonctions régaliennes de l’État soient assumées. On a eu à Dakar des installations détruites, c’est sûr que la sécurité est la base de tout. »
La stabilité du cadre réglementaire pour les investissements est citée aussi par le président du Directoire de CFAO, car « on investit en priorité là où l’on a une visibilité et une stabilité de l’environnement » des affaires.

Richard BIELLE échangeant avec les journalistes animateurs du Forum CIAN/L’Opinion. © Capture APP

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Dette trop chère
et pouvoir d’achat insuffisant

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D’autre part, au-delà du contexte actuel, si l’on se projette dans une stratégie de relance de l’activité, « on voit très bien qu’il y a aujourd’hui un problème de pouvoir d’achat qui n’est pas suffisamment bien distribué en Afrique » car même si États commencent de grands projets de développement, force est de constater qu’ils « n’irriguent pas suffisamment dans la population et son pouvoir d’achat. Il y a une baisse du pouvoir d’achat des Africains en général, on le constate de manière macroéconomique. La population continue d’augmenter de 2-3 % par an quand le PIB est négatif, ou en tout cas inférieur à la croissance démographique. »

Comment les États africains pourraient-ils relancer et mieux redistribuer les richesses ? Selon Richard BIELLE, « cela passe par la dette. Le paradoxe, c’est que quand on regarde la dette africaine, on dit qu’elle a beaucoup augmenté. C’est vrai. Il y a dix ans, elle était à 30 % du PIB. Aujourd’hui, 60 %. »

Pas grand-chose, en fait, comparé à certains pays occidentaux, comme la France, qui atteint maintenant les 120-122 % ?
Le vrai problème « est que la dette en Afrique coûte cher, alors qu’elle est quasiment gratuite en Europe aux États-Unis et au Japon.
La question est donc de « comment faire en sorte que des financements additionnels soient mis en place en Afrique, mais à des coûts comparables à ceux que l’on peut voir dans les autres zones qui, grâce à cela, peuvent déployer des plans de relance massifs et donc soutenir l’économie et distribuer du pouvoir d’achat. »

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L’industrialisation, une priorité
pour le développement de l’Afrique

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Sur la question également stratégique de « la création de chaînes de valeur locales, c’est-à-dire la transformation de produits sur place », également évoquée lors de la table ronde de ce Forum Afrique du CIAN/L’Opinion (voir à la fin de ce texte les liens vers nos autres articles), Richard BIELLE considère que c’est évidemment une « priorité pour les pays, car cela remplace les importations par des productions locales, donc cela crée des emplois. C’est à l’évidence un enjeu massif et majeur pour le développement des pays. Chez CFAO, toutes les fois que l’on peut remplacer des importations par des productions locales, on le fait. »

Reste cependant que si c’est simple dans le secteur agroalimentaire, c’est moins évident dans le secteur automobile… « Mais selon nous, cette intégration est un mouvement de fond. Dans le secteur de la santé, au Maroc et en Algérie par exemple, là où auparavant on importait, on produit désormais sous licence pour 26 laboratoires différents ».

Si Richard BIELLE considère encore que « ce mouvement de fond est important et doit continuer », il pointe aussi que « ce n’est pas facile » parce que les projets de production industrielle sont « naturellement plus capitalistiques, ils demandent plus de fonds. Et là on revient sur la question du financement : par rapport à l’Europe, un même projet en Afrique représente un coût une fois et demie supérieur, avec un marché qui est généralement plus étroit et une volatilité plus grande. Donc, le challenge est assez compliqué à relever. Mais il faut y aller, il faut continuer à le faire. Car il n’y aura pas de développement durable en Afrique si cette industrialisation ne se fait pas. »

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