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F. Sijilmassi, Ambassadeur du Maroc à Paris : « L’UPM n’existera que par l’appropriation de tous »

Maroc | 16 août 2008
F. Sijilmassi, Ambassadeur du Maroc à Paris : « L'UPM n'existera que par l'appropriation de tous »
Paris - Pour Fathallah Sijilmassi, Ambassadeur du Royaume du Maroc en France (2004-2008), « Il n’y a pas une vision du sud et une vision du nord. Il est important que nous construisions sur une base commune. L’UPM n’est pas un projet à prendre ou à laisser, posé sur la table du sud. C’est une initiative du président Sarkozy, et il faut lui rendre hommage. Mais, c’est un projet qui n’existera que par l’appropriation de tous. Alors... Bienvenue au club ! Faisons cela ensemble ! »

Paris, le samedi 5 avril 2008 - © Alfred Mignot - Voxlatina.com - A l’initiative de l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication, de l’Observatoire d’études géopolitiques et de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, un petit-déjeuner débat à rassemblait vendredi 4 avril 2008 au Sénat de nombreux participants autour de deux personnalités très actives dans l’élaboration de la future UPM : l’Ambassadeur français Alain Le Roy, l’Ambassadeur marocain Fathallah Sijilmassi. Fermeté des convictions et enthousiasme étaient au menu...

Intervenant le premier, l’Ambassadeur français Alain le Roy, en charge de l’UPM, rappela tout d’abord combien, depuis 1989, l’Union européenne avait négligé le sud. « Remettre la Méditerrané au centre du jeu, c’est déjà un premier acquis de l’objectif du président de la République », commenta-t-il, avant de citer la phrase désormais célèbre du discours présidentiel de Toulon : « La Méditerranée n’est pas notre passé, c’est notre avenir.

Autres points justifiant l’action nouvelle à déployer en Méditerranée : les écarts de revenus de 1 à 10 voire 12 entre les deux rives, l’extrême faiblesse des IDE européens au sud, soit moins de 2 % du total.

« Désormais l’attente autour de ce projet d’UPM est très forte, il ne s’agit pas de décevoir une seconde fois », releva Alain le Roy, faisant ainsi indirectement allusion à l’échec consommé du processus de Barcelone.

Concernant le périmètre de l’UPM, qui inclut maintenant l’ensemble des 27 pays européens, et 16 du sud, l’Ambassadeur estima que le projet avait ainsi « gagné en force de frappe », et que tous se retrouveraient ainsi ensemble au Sommet fondateur prévu pour le 13 juillet, à Paris.

Quels sont les « plus » de l’UPM par rapport au processus de Barcelone ?
Pour Alain Le Roy, cela tient à quatre points : la forte impulsion politique ; la volonté de procéder par projets concrets ; la géométrie variable de l’engagement des différents pays, selon les projets ; l’appel à des propositions et à la participation du secteur privé, y compris pour le financement – point d’autant plus important que l’UE a décidé de geler son aide publique sur la base de ce qui avait été précédemment acquis au titre du processus de Barcelone, soit 3 Mds euros, pour la période 2007 - 2012.

Invité à donner son « point de vue du sud », Fathallah Sijilmassi, Ambassadeur du Royaume du Maroc, récusa cordialement mais fermement cette posture : « Il n’y a pas une vision du sud et une vision du nord. Il est important que nous construisions sur une base commune. L’UPM n’est pas un projet à prendre ou à laisser, posé sur la table du sud. C’est une initiative du président Sarkozy, et il faut lui rendre hommage. Mais, c’est un projet qui n’existera que par l’appropriation de tous. Alors... Bienvenue au club ! Faisons cela ensemble !

Nous avions le choix entre le mouvement et l’immobilisme. Au fond, plus on parlait de nos difficultés à avancer dans le contexte de Barcelone, moins on en faisait. Et tout cela dans un monde qui n’attend pas la Méditerranée. L’Asie a une croissance à deux chiffres, les Amériques s’organisent... Nous étions interpellés par nos limites...

Nous avons choisi. L’UPM, c’est le mouvement ! Nous voulons la saisir comme une opportunité historique ! Nous mesurons au sud que c’est une occasion à ne pas rater, un projet qui sera aussi le nôtre.

Nous serons présents et fondateurs, à parts égales comme tous les autres membres fondateurs. Nous voulons faire partie d’une Union qui soit à nous autant qu’aux partenaires.

Je veux dire aussi qu’il ne faudra pas oublier la société civile. Le processus de Barcelone à péché par manque de visibilité, il lui a manqué le sentiment d’implication de la population.

Pour l’Europe, par rapport aux objectifs de Lisbonne, je crois aussi que la Méditerranée n’est pas le problème, la Méditerranée est la solution ! Ensemble, nous allons pouvoir atteindre des objectifs communs.

Nous pourrons construire ensemble au-delà, jusqu’aux pays du Golfe et en Afrique, car avec l’UPM la Méditerranée redevient centrale, elle ne relève pas de la PEV, « la politique européenne de [bon] voisinage », elle n’est plus « périphérique ».
Avançons ! »

Répondant ensuite aux nombreuses questions des participants, l’Ambassadeur Alain Le Roy estima pour sa part que l’asymétrie du partenariat [27 pays au nord, 16 au sud] serait compensée par la co-présidence nord-sud de l’UPM, ainsi que par un secrétariat indépendant et paritaire ; à la question de savoir dans quelle capitale s’installerait le secrétariat (les rumeurs du moment évoquaient Tunis), l’Ambassadeur Alain Le Roy répondit que rien n’était encore décidé.

Répondant à son tour aux questions du public, l’Ambassadeur Fathallah Sijilmassi souligna que chacun avait évidemment conscience des difficultés politiques qui perdurent en Méditerranée. « En promouvant des projets concrets, nous espérons créer les conditions favorables. Il faut bien commencer quelque part. Mais, notre objectif est éminemment politique. Je le dis avec force et je l’assume : ce n’est pas l’Autorité palestinienne que je veux dans l’UPM, c’est l’État palestinien ! Et il ne faut jamais insulter l’avenir !C’est pourquoi le Maroc reste toujours disposé à travailler avec l’Algérie. »

Intervenant une dernière fois, l’Ambassadeur Alain Le Roy estima également que « le sens de ce projet est politique. Mais le moyen d’y arriver est économique. C’est une Union de projets pour un projet d’Union », conclut-il en reprenant cette formule qui fait désormais florès.

Alfred MIGNOT

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