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#FIAD2019 / Le ministre Moulay Hafid EL ALAMY : « Organisons des complémentarités industrielles, [car] l’Afrique émergera ensemble ou cela ne sera pas »

18 mars 2019
#FIAD2019 / Le ministre Moulay Hafid EL ALAMY : « Organisons des complémentarités industrielles, [car] l'Afrique émergera ensemble ou cela ne sera pas »
Accélérer l’intégration économique de l’Afrique, voilà un sujet qui fait consensus dans les colloques et autres fora internationaux. Mais, comment s’y prendre ? Participant au #FIAD2019, à Casablanca (14-15 mars) Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, a proposé sa vision : lever les barrages de toutes sortes entre pays africains et organiser des complémentarités industrielles.

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En direct de Casablanca, un article d’Alfred Mignot, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Le #FIAD2019 a consacré une conférence plénière de haut niveau à la question l’approfondissement de l’intégration régionale en Afrique, l’un des thèmes-clés de l’événement, avec celui du développement des infrastructures – en particulier du triptyque énergie, transport, logistique – via le renforcement des PPP, le passage d’une agriculture de subsistance à une « agriculture business », la question du financement, ou encore le développement d’un modèle de croissance inclusive.

Certes, ainsi que l’a rappelé Mohamed El Kettani, PDG de Attijariwafa bank (AWB), dans son allocution d’ouverture de cet événement organisé par le Club Afrique Développement de AWB, l’intégration économique de l’Afrique est en marche : « 44 des 54 pays africains participent déjà à plus d’une communauté économique régionale, avec des degrés divers d’intégration et un potentiel de renforcement considérable », comme c’est par exemple le cas avec la candidature du Royaume du Maroc pour intégrer la CEDEAO, ou encore avec la création, en mars 2018, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) qui, dès qu’elle sera opérationnelle (l’accord est en cours de ratification) « va bouleverser la donne et fera que l’Afrique croîtra deux fois plus que les pays développés ! », ainsi que l’a déclaré Mohcine Jazouli, ministre marocain Délégué chargé de la Coopération africaine, lors de sa contribution aux allocutions d’ouverture de ce #FIAD2019. « Mais nous devrions me semble-t-il accélérer encore davantage la cadence grâce à des projets concrets Est-Ouest qui montrent la voie », a estimé Mohamed El Kettani.

Accélérer l’intégration, mais comment ?

Participant au panel de haut niveau dédié à cette question, Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, a dressé un véritable plaidoyer pour la mobilisation des énergies, avec le franc-parler que l’on lui connaît : « On a souvent l’impression que l’Afrique attend que cela vienne du ciel… Cessons d’attendre que le messie vienne d’ailleurs ! Le monde n’est pas là pour nous faire de cadeaux. C’est à nous de prendre l’initiative ! »

Puis, esquissant une rapide analyse géoéconomique des dernières décennies – « avec mondialisation, la Chine a aspiré l’industrie du monde, mais aujourd’hui les changements en Chine offrent des possibilités nouvelles pour l’Afrique » – il a affirmé avec force que « l’industrialisation de l’Afrique est possible, l’industrie n’est pas réservée aux seuls pays développés ! » Et pour étayer son propos, Moulay Hafid El Alamy a bien sûr cité en exemple les avancées du Maroc qui, tant dans l’automobile – secteur pourvoyeur d’emplois en grand nombre – que dans l’aéronautique, ou encre le textile, ont fortement transformé le pays depuis une vingtaine d’années.

Moulay Hafid El Alamy, ministre marocain de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique, lors de sa participation au #FIAD2019, à Casablanca, le jeudi 14 mars 2019. © AM/AP.P

L’industrialisation du Maroc citée en exemple

« Avec l’intégration [entendue ici au sens des processus de fabrication sourcés localement], a-t-il argumenté, c’est de la valeur ajoutée qui est créée chez nous. Voyez par exemple le cas de l’automobile au Maroc [filière qui a émergé en moins de dix ans, ndlr] : nous avons une capacité de production de 700 000 véhicules par an, notre taux d’intégration y est de 50 %, et ce secteur [devenu le premier poste d’exportation du Maroc, ndlr] nous rapporte 7 milliards d’euros par an à l’exportation ».

L’exemple est probant, comme l’est aussi celui du secteur aéronautique marocain, qui a émergé depuis moins de vingt ans et qui, avec ses plus d’une centaine d’entreprises et plus de 15 000 emplois, est aujourd’hui considéré par les professionnels une meilleure destination que l’Europe de l’Est – d’ailleurs les grandes entreprises aéronautiques sont désormais toutes présentes au Maroc (Safran, Airbus, Boeing, Bombardier…) ainsi que nombre de leurs sous-traitants.

« Le secteur privé est bien plus conscient
que les acteurs publics »

Mais le ministre ne semble pas (plus ?) croire aux vertus du cavalier seul, fût-il d’excellence et le plus agile : « Il nous faut lever les barrages et surmonter les problèmes de voisinage. (…) Organisons des complémentarités industrielles, car l’intégration industrielle est fondamentale, elle est un extraordinaire pourvoyeur d’emplois. Et cessons de croire que l’on puisse vraiment aller seul. L’Afrique émergera ensemble ou cela ne sera pas. »

Un point de vie semble-t-il en voie de se propager, car désormais « plusieurs pays d’Afrique réfléchissent à organiser cette complémentarité », a indiqué sans plus de précision le ministre, considérant aussi que « le secteur privé est bien plus conscient que les acteurs publics de la capacité à créer de la valeur sur le Continent. Il est temps que les États accompagnent ces opérateurs, et pas l’inverse. »

C’est ainsi par un clin d’œil légitime à la grande fratrie des entrepreneurs – sans lesquels l’émergence de l’Afrique resterait une rêverie sans objet – que Moulay Hafid El Alamy a conclu son propos, lui qui, avant d’être ministre, fut le fondateur du groupe marocco-panafricain Saham et aussi Président de la CGEM, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc. Un exemple qui nous incite à saluer ici cette chance du Royaume d’avoir aujourd’hui aux commandes plusieurs responsables de politiques de haut niveau qui savent aussi d’expérience ce que sont réellement les défis et la vie quotidienne, concrète, des entreprises.

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