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DIASPORAS AFRICAINES 4.0 ET NOUVELLES FORMES D’ENGAGEMENT

#FDDA2018 - Léocadie Ebakissé (Talents Awake) : « Pour gagner en visibilité, la diaspora 4.0 doit s’appuyer sur les réseaux d’influence et valoriser ses réussites »

24 juin 2018
#FDDA2018 - Léocadie Ebakissé (Talents Awake) : « Pour gagner en visibilité, la diaspora 4.0 doit s'appuyer sur les réseaux d'influence et valoriser ses réussites »
Globalisés et hyper-connectés, beaucoup de jeunes entrepreneurs, geeks et autres startuppeurs africains entendent bien participer au codéveloppement dans leur pays d’origine et leur pays d’adoption. Mais les difficultés sont nombreuses : absence de visibilité, manque de réseaux d’influence, méfiance entre les différentes communautés… Tels sont quelques-uns des obstacles relevés par les participants à la table ronde « Diaspora 4.0 : innovation et nouvelles formes d’engagement », organisée à Paris vendredi 22 juin 2018 dans le cadre du Forum des diasporas africaines (#FDDA2018). Entretien avec la rapporteure, Léocadie Ebakissé, fondatrice du cabinet de coaching et mentorat Talents Awake.

Un entretien conduit par Jean-Louis Alcaide
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Qu’est-ce que la diaspora 4.0 et non 3.0 ou 2.0, comme on disait jusqu’ici ?

Léocadie Ebakissé – C’est une diaspora qui va plus vite que la diaspora 3.0 dont elle se différencie par sa capacité à travailler énormément sur les éléments techniques, mais surtout par sa capacité à créer des liens innovants et hors frontières, puisque nous nous appuyons sur le numérique.

Comment donner plus de visibilité à cette diaspora 4.0 ?

Léocadie Ebakissé – Pour qu’elle gagne en visibilité, il va falloir s’appuyer sur des réseaux d’influence et de recommandations. Et surtout, sur une capacité à valoriser les réussites, ce qui n’était pas fait jusqu’à présent.

À qui profite aujourd’hui la diaspora 4.0 ? À l’Europe ? À l’Afrique ?

Léocadie Ebakissé – L’idée, c’est qu’elle profite au monde, d’une manière plus universelle, pour dépasser les notions de frontières ou d’États, pour que, justement, nous soyons sur des alliances universelles. Il faut profiter de l’universalité.

La diaspora africaine en Europe n’est-elle pas trop morcelée ? Ne souffre-t-elle pas d’une insuffisance de confiance entre les différentes associations ou organisations qui les représentent, entre les différentes communautés ?

Léocadie Ebakissé – C’est tout à fait vrai. Aujourd’hui, la diaspora souffre d’un mal qui consiste à se dire : « On va évoluer en communauté, on va évoluer ensemble et on va être opposés les uns aux autres ». L’idée de la diaspora 4.0, c’est justement de casser ces systèmes fondés sur des croyances pour pouvoir leur permettre de s’élever, de ne plus être dans un système de dépendance, et d’aller vers l’interdépendance.

Les panélistes participant à la table ronde « Diaspora 4.0 : innovation et nouvelles formes d’engagement » (de gauche à droite) : Soumia Malinbaum, présidente de l’Association française des managers de la diversité ; Haweya Mohamed, cofondatrice d’Afrobytes ; Léocadie Ebakissé, fondatrice de Talents Awake et rapporteure de la table ronde ; Maguette Mbow, fondateur de l’Afrique c’est chic world et modérateur de la table ronde ; Christ Anderson Ahoua, chef de projets d’EDF Pulse Africa ; Anass El Hilal, cofondateur de la startup Medtrucks ; Sekou Ouedraogo, président de l’African Aeronautics & Spce Organisation (AASO). © JLA

Comment mobiliser et être entendu par cette diaspora africaine qui vit de ce côté-ci de la Méditerranée, alors même qu’une grande partie des jeunes Africains vivant au pays ne rêve que de venir en Europe, comme l’a rappelé lors de la table ronde, Soumia Malinbaum, la cofondatrice et présidente d’honneur de l’Association française des managers de la diversité (AFMD) ?

Léocadie Ebakissé – Ces jeunes rêvent de venir en Europe parce qu’ils poursuivent le rêve de leurs parents. Mais ce qui est important aujourd’hui, comme il n’y a plus de frontières, c’est qu’ils puissent venir visiter et prendre conscience de ce qui se passe sur ces terres-ci, pour pouvoir mieux rentrer chez eux en se disant que, finalement, ils ont exploré et qu’ils n’ont rien à gagner. Et qu’il vaut donc mieux se recentrer sur les terres sur lesquelles ils sont pour faire émerger ces talents, aujourd’hui latents, qui ont besoin d’éclore.

Mais l’une des faiblesses de l’Afrique n’est-elle pas l’insuffisance des infrastructures nécessaires pour faire émerger et développer une économie numérique qui puisse intéresser cette diaspora 4.0 ?

Léocadie Ebakissé – Comme l’ont évoqué les panélistes de notre table ronde, les capitaux se trouvent en Europe, voire aux États-Unis, mais très peu encore en Afrique. Et à ce jour, les capitaux investis en Afrique ne sont pas disponibles pour les porteurs de projets. Peut-être faudrait-il créer un ministère spécialement dédié à l’accompagnement de la diaspora pour le financement de ses projets, avec des accords internationaux.

Plusieurs participants à la table ronde ont exprimé leur crainte que les grands groupes européens n’en profitent pour capter la valeur, l’inventivité, la créativité des startups africaines. Votre opinion ?

Léocadie Ebakissé – Ce sera un grand défi pour cette nouvelle génération de startuppeurs ou porteurs de projets, qu’ils soient issus des entreprises ou des milieux associatifs. L’enjeu va être de poser des limites, des conditions et de négocier fermement, car sinon on repartirait sur un nouveau capitalisme néocolonialiste, via l’entrepreneuriat. Or, ce n’est pas ce qui est souhaitable, et ce n’est pas ce que nous souhaitons pour l’évolution de la diaspora 4.0 et sa dimension universelle.

Qu’est-ce que Talent’s Awake, la société que vous avez fondée ?

Léocadie Ebakissé – C’est une entreprise qui a pour vocation de travailler avec des entrepreneurs et des chefs d’entreprise, des CEO, dans les périodes importantes de leur développement et de changement. Là, le focus est mis uniquement sur l’être, la personne, l’individu dans sa capacité à s’adapter, à communiquer, ce que l’on appelle des “soft skills” (compétences comportementales, ndlr).

L’idée c’est de renforcer ces qualités pour que ces talents latents puissent émerger dans ces périodes de transition importantes. C’est vraiment le cœur de notre activité. Une fois ce travail fait, en alliant la partie “soft skill” et la partie “hard skill” (compétences techniques acquises, ndlr), cela nous permet d’amener des personnes à passer de la performance à l’ultra-performance, technique certes, mais surtout relationnelle. Pour moi, c’est ce dernier aspect qui est essentiel : créer des réseaux, des communautés, mais aussi travailler autrement.

Qui sont vos clients ?

Léocadie Ebakissé – Ce sont surtout les grandes entreprises, car il y a une notion importante de facilitation stratégique au sein des états-majors ou des comités exécutifs. Une autre partie de mes clients sont des porteurs de projets que nous accompagnons, pour certains, depuis trois ans.
Là, ce sont des germes à mettre en visibilité, leur permettre de communiquer. Accompagner cette croissance-là, c’est aussi une manière d’aller détecter des talents qui ne sont pas encore en lumière, et d’assurer leur promotion.

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LIENS UTILES

Talents Awake : http://talents-awake.fr/

Retrouver tous les articles de NOTRE DOSSIER SUR LE FORUM DES DIASPORAS DE PARIS DU 22 JUIN 2018 (#FDDA2018) :
https://www.africapresse.paris/-FDDA2018-

#FDDA2018 : http://www.forumdesdiasporas.com/
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Classe Export : http://classe-export.com/

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