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Europartenaires / Élisabeth Guigou : « C’est la responsabilité de la France et de l’Allemagne d’entraîner l’ensemble de l’UE à construire une priorité africaine »

12 novembre 2020
Europartenaires / Élisabeth Guigou : « C'est la responsabilité de la France et de l'Allemagne d'entraîner l'ensemble de l'UE à construire une priorité africaine »
L’association Europartenaires, coprésidée par l’ancienne ministre Elisabeth Guigou, et la Fondation Friedrich Ebert ont organisé une visioconférence sur le thème d’un partenariat fort Europe-Afrique et le rôle concerté souhaitable de la France et de l’Allemagne. L’occasion de constater un consensus entre personnalités et députés participants des deux pays.

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par Alfred MIGNOT, AfricaPresse.Paris (AP.P)
@alfredmignot | @PresseAfrica

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Le bruit médiatique souvent exagéré fait autour de « l’irrésistible avancée » de la Chine en Afrique relèverait-il, finalement, plus d’une construction de narratif boursouflé que de la réalité ? Car la vérité des chiffres est têtue : aujourd’hui encore, le premier partenaire commercial de l’Afrique est bel et bien l’Europe, le Vieux continent représentant 36 % des échanges commerciaux de l’Afrique. Loin, très loin en arrière arrive en effet la Chine, avec 16 %, tandis que les États-Unis ne représentent que 6 %. Idem pour les investissements directs étrangers en Afrique : 40 % proviennent de l’Union européenne, contre seulement 7,5 % des États-Unis et 5 % à peine de la Chine.

Ayant rappelé ces réalités indiscutables dans son propos liminaire à la conférence organisée lundi 9 novembre par l’association Europartenaires qu’elle copréside (avec Jean-Noël Jeanneney), l’ancienne ministre Elisabeth Guigou a présenté les intervenants de cet événement franco-allemand, co-organisé avec le bureau parisien de la Fondation Fridriech Ebert : Patrice Anato, député de la Seine-Saint-Denis, membre notamment de la Commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale ; Amélia Lakrafi, députée des Français de l’étranger (sa circonscription s’étend largement en Afrique, du Ghana à Doubaï et de l’Afrique du Sud à l’Irak).

Tous deux afro-descendants, ces élus de la République ont d’ailleurs un autre point commun : l’un et l’autre furent entrepreneurs avant de devenir députés.
Avec deux personnalités allemandes – Christine Hackenesch, de l’Institut allemand pour le développement (DIE) et Christoph Matschie, député au Bundestag –, ils étaient invités à échanger sur le thème du nouveau partenariat (à fonder) entre l’Afrique et l’Europe, et du rôle que devraient-pourraient y jouer l’Allemagne et la France.

De la nécessité d’une « Alliance » forte
entre l’Europe et l’Afrique

Mais préalablement, la présidente Elisabeth Guigou a encore tenu à souligner l’importance stratégique d’une nouvelle vision partenariale entre les deux continents.

Si l’Union européenne a depuis longtemps donné à l’Afrique une place très importante dans ses relations extérieures (depuis les conventions de Yaoundé en 1963 et 1969, jusqu’aux accords de Cotonou en 2000, en cours de renégociation), aujourd’hui les potentialités du continent paraissent tout à fait extraordinaires, à commencer sur le plan démographique. Il faut savoir en effet que les projections démographiques prévoient en 2050 une Afrique avec 2,5 milliards d’habitants, soit le quart de la population mondiale, et le double de la population actuelle du continent.

Les défis de toutes sortes seront donc immenses : efficience agricole et autosuffisance alimentaire, santé, urbanisation, climat, enseignement, développement durable inclusif, numérisation, formation, emplois nouveaux à créer… pour 450 millions de personnes !
Sans oublier aussi les questions migratoires et la lutte contre le terrorisme…

« Voilà donc la situation : l’Afrique jeune, l’Europe vieillissante, mais l’Europe a les technologies et l’Afrique en a besoin. » Ainsi la Présidente Élisabeth Guigou évoque-t-elle la nécessité d’une « Alliance » forte entre l’Europe et l’Afrique, faisant là référence au terme même employé en septembre 2018 par Jean-Claude Juncker, à l’époque président de la Commission européenne.

« C’est aussi ce qu’a appelé de ses vœux la chancelière Angela Merkel lors du G20 de Hambourg », relève-t-elle, rappelant également que depuis son élection, le président Emmanuel Macron a indiqué qu’il souhaitait « l’arrimage entre les deux continents » selon ses propres termes, et avec une intégration poussée.

La crise de la Covid 19 rend encore plus nécessaire ce nouveau partenariat, considère Élisabeth Guigou, qui cite sur ce sujet le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Car les chiffres les plus récents des institutions internationales montrent que l’Afrique, pour l’heure encore relativement épargnée par la crise sanitaire, commence déjà à être frappée de plein fouet par les conséquences économiques et sociales de la pandémie.

Quels outils pour construire l’Alliance Europe-Afrique ?

Dans ce contexte, quel rôle pour la France et l’Allemagne ? « Il me semble que c’est la responsabilité de la France et de l’Allemagne d’entraîner l’ensemble de l’Union européenne à [construire] cette priorité africaine. Et puis, il faudra que nous nous demandions si nous avons les bons outils… »

Ces outils, Élisabeth Guigou a commencé de les créer avec la Fondation La Verticale AME (Afrique-Méditerranée-Europe)qu’elle préside – Jean-Claude Juncker en est le président d’honneur –, et dont elle souhaite faire valoir la vision au sommet Europe-Afrique, reporté au mois de mars prochain.

D’ici là, un rendez-vous important pourrait permettre à La Verticale de commencer à promouvoir son plaidoyer : la rencontre à haut niveau, prévue début décembre, entre les responsables des 27 États membres de l’Union européenne et les présidents des régions économiques africaines, sous la houlette du président du Conseil européen, Charles Michel, et de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Une perspective d’action partagée par les différents intervenants à la conférence, dont nous publierons les interventions dans les tout prochains jours.

(À suivre)

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Compléments à venir sur le même événement :

  L’intervention de la députée Amélia Lakrafi
  L’intervention du député Patrice Anato
  Les interventions de Christine Hackenesch, de l’Institut allemand pour le développement (DIE) et de Christoph Matschie, député au Bundestag.

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