AUX RENCONTRES D’AFFAIRES FRANCOPHONES (Paris, 8 novembre)
Étienne Giros, Président délégué du CIAN : « L’Afrique représente un potentiel d’espoir très fort pour la francophonie des affaires »
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« La Francophonie des affaires existe, je l’ai rencontrée ! », affirme Pierre Bühler, président de l’Institut français, avec le ton suave du diplomate de carrière qu’il est. Mieux : le français est la troisième langue des affaires la plus utilisée dans le monde, rappelle-t-il à l’auditoire de la séance plénière d’ouverture des Rencontres d’Affaires francophones, organisées par Mission Internationale au Palais de la Mutualité de Paris, jeudi 8 novembre.
Mais… « la francophonie des affaires, combien de divisions ? » feint de s’interroger Christine Gilguy, rédactrice en chef du MOCI et modératrice de la table ronde. Réponse, par elle-même : la francophonie dans le monde compte environ 540 millions de locuteurs, 51 millions d’apprenants actuels, avec des effectifs en hausse de 10 % depuis 2014.
En fait, ajoute Pierre Bühler, le monde francophone représente 1/6e du commerce mondial, il est désormais de plus en plus admis qu’une seule langue d’affaires ne suffit pas, et « les Chinois considèrent que le français est indispensable en Afrique ! » Autant dire que le français langue étrangère dispose d’une fabuleuse réserve pour son développement…
« Nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux »
Tout n’est pourtant pas si simple : « Nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux », affirme avec force Étienne Giros, Président délégué du CIAN – le Conseil français des investisseurs en Afrique, qui réunit 80 % des opérateurs économiques français sur le Continent pour un chiffre d’affaires cumulé de 60 milliards d’euros par an. « C’est une réalité forte… dans certains pays d’Afrique, les entreprises françaises produisent 30 % de la richesse », souligne Étienne Giros.
Certes, argumente-t-il, aujourd’hui le PIB cumulé de tout le Continent n’atteint que 2 200 milliards d’euros, soit 2,8 % du PIB mondial (80 K Md), mais si l’on considère que selon les estimations communément admises, 80 % des emplois et 40-60 % du PIB africain restent « cachés » dans l’informel, on imagine facilement combien « l’Afrique représente un potentiel d’espoir très important pour la francophonie des affaires ».
Renforcer les lycées français dans le monde
Reste que… tout n’est pourtant pas si simple, car « alors même que les lycées français dans le monde font l’objet de trois fois plus de demandes que de places disponibles » déclare Étienne Giros, la question de raboter leurs moyens serait à l’ordre du jour de la loi de finances 2019.
Être « à la hauteur », ce serait donc notamment renforcer les capacités d’accueil du réseau des lycées français dans le monde, car en accueillant des jeunes étrangers – ces lycées ne sont pas réservés de jure aux seuls expatriés, contrairement à une certaine fausse rumeur – ils permettent de tisser des liens forts avec les jeunes générations éduquées, les décideurs de demain.
Étienne Giros en est convaincu, ces lycées représentent un très bel outil d’influence, car « la Francophonie ne se résout pas à la seule question de l’usage du français. Elle est une communauté de sensibilité, de comportement et de culture, voire d’histoire et d’affection. C’est particulièrement vrai en Afrique, on se comprend ! » conclut le Président délégué du CIAN.
Mais il partage encore un aveu : « J’ai deux rêves : que les lycées français soient renforcés – qu’est-ce qu’on attend ! – et que Paris devienne la porte d’entrée mondiale pour les entreprises qui veulent aller en Afrique ! »
Un sacré chantier…
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LIEN UTILES
LE MOCI - Le Moniteur du Commerce international
https://www.lemoci.com/
INSTITUT FRANÇAIS
www.institutfrancais.com
CIAN - Conseil français des investisseurs en Afrique
https://www.cian-afrique.org/
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