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Étienne GIROS, Président du CIAN, parraine l’installation de Denis DESCHAMPS (DG CPCCAF) à l’Académie des Sciences d’Outre-mer (Paris)

12 janvier 2023
Étienne GIROS, Président du CIAN, parraine l'installation de Denis DESCHAMPS (DG CPCCAF) à l'Académie des Sciences d'Outre-mer (Paris)
Cérémonie rituelle vendredi 6 janvier 2023 à l’Académie des Sciences d’Outre-mer où Étienne GIROS, Président du CIAN et lui-même Académicien, parrainait l’installation d’un « petit nouveau », soit Denis DESCHAMPS, Délégué général de la CPCCAF et troisième du nom, après son père et son grand-père, à intégrer cette honorable et centenaire institution.

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Discours de « Bonne arrivée »
à l’adresse de Denis DESCHAMPS,
par l’Académicien des Sciences d’Outre-mer Étienne GIROS,
Président du CIAN

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« Denis Deschamps a été élu membre de notre Académie le 3 juin 2022 sur le siège de François Gros [qui fut notamment directeur de l’École française d’Extrême-Orient et Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, ndlr].
C’est à son invitation que je me plie à cet exercice que je considère comme un signe d’amitié lié à notre attachement commun pour l’Afrique. C’est aussi un plaisir, car je nourris à l’endroit de Denis une récente mais profonde amitié. Chers amis et cher confrère, au moment de t’accueillir au sein de notre Académie, je me suis interrogé sur le lien entre toi-même et le fauteuil de François Gros, grand spécialiste de l’histoire de la littérature tamoule et grand connaisseur de l’Inde.

Il faut bien reconnaître que c’est assez éloigné de l’Afrique et pourtant, c’est oublier la dimension asiatique et extrême orientale de Denis Deschamps. Le voilà, le lien avec ton prédécesseur !
J’y reviendrai… Mais parlons d’abord de toi cher Denis. Parler de toi, c’est d’abord discerner la dynamique qui a conduit à ce que tu rejoignes notre illustre Académie.
Laissez-moi vous proposer deux pistes qui, selon moi, font que nous sommes aujourd’hui réunis autour de toi. D’abord, tu es la continuation d’une longue lignée familiale consacrée à l’Afrique, à l’Extrême-Orient et à l’Outre-mer. Ensuite, tu as toi-même développé une activité et une expertise tournés essentiellement vers l’Afrique.

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Déjà plusieurs générations
de Deschamps ultramarins*

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Familialement, cela commence loin. Ton arrière arrière-grand oncle, sous le Second Empire, était un chasseur d’Afrique. Il a fait la campagne du Mexique et a participé à la bataille de Sébastopol. Déjà, les grands espaces et déjà l’Afrique avaient touché ta famille, ce qui n’était pas si fréquent à cette époque.

Ensuite, les Deschamps ont donné à la France plusieurs personnalités au service de ce que l’on appelait à l’époque les colonies. Ton arrière-grand-père a accompagné Gallieni à Madagascar. Ton grand-père, Hubert, sorti major de l’École nationale de l’Outre-mer, a été gouverneur de la Côte d’Ivoire et gouverneur du Sénégal, membre de l’Académie des sciences d’Outre-mer. Il est devenu historien et il a dirigé la chaire d’histoire de l’Afrique noire à la Sorbonne dans un esprit pro-assimilation qui, là aussi, n’était pas si courant à l’époque.

Quant à ton père, Alain Deschamps, lui aussi breveté de l’École nationale de la France d’Outre-mer, dont il a été administrateur et également membre de notre Académie, il a été ambassadeur aux Comores entre 1983 et 1987 et au Burkina Faso entre 1989 et 1992. Il a ensuite rempli des missions compliquées en tant qu’envoyé spécial du gouvernement français en Somalie, au Niger et au Mali, territoire ô combien compliqué et éruptif aujourd’hui. Il nous a malheureusement quittés très récemment et je suis certain qu’il était heureux et fier de la perpétuation de la lignée Deschamps au sein de notre Académie.

Alors voilà, mon cher Denis, de qui tu prends la suite. De personnalités qui ont œuvré pour l’Outre-mer. Beaucoup en Asie, mais aussi en Afrique et pour les positions de la France. Et c’est pourquoi ta présence aujourd’hui parmi nous est au fond totalement naturel.

Roland Pourtier, Président de l’Académie des Sciences d’Outre-mer (ASOM), et Pierre Gény, Secrétaire Perpétuel, remettent la médaille du centenaire de l’Académie à Denis Deschamps. © AM/APP

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27 années d’action économique
et de coopération internationale

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Parlons maintenant de toi si tu veux bien, car mon intervention est bien destinée à te faire connaître aux yeux de tes nouveaux confrères. Tu es né il y a 53 ans en Asie du Sud-est à Bangkok, du fait de l’attachement familial pour l’Extrême-Orient, je l’ai dit, et des affectations de ton père. D’ailleurs, ce dernier, tout comme tes frères et sœurs, sont nés à Madagascar ou en Afrique.
Ta voie était vraiment toute tracée. Tu fais d’excellentes études qui t’ont conduit, après avoir obtenu une maîtrise de droit public en 1986, à un diplôme de Sciences Po Paris en 1989, et à un DEA d’histoire en 1990.
À cette époque, tu as entamé des recherches et tu as beaucoup travaillé sur l’islam au Pakistan. J’ignore si ce thème était à l’époque prémonitoire dans ton esprit, mais en tout cas, c’était déjà un « vaste programme », comme dirait le général de Gaulle, qui est aujourd’hui d’actualité et la réflexion que tu as pu mener aide à mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui sous nos yeux.

Une fois tes études achevées, le monde devenu postcolonial te conduit à embrasser une autre carrière que celle de tes aïeux. Tu t’es tourné vers les coopérations économiques, les partenariats internationaux, l’intelligence économique et vers l’Afrique. Le voilà ton domaine d’expertise et de prédilection !
Je note au passage que ta carrière dénote un goût marqué pour les acronymes plus ou moins abscons. Qu’on en juge : CCIP, CROCIS, AERES, CCIDF, CPCCAF bien sûr !… ces codes secrets recouvrent des institutions qui ont toutes pour fil commun de graviter autour des chambres de commerce et d’industrie, et durant ces 27 années passées en leur sein, tu as déployé de multiples actions dans le domaine des affaires, de la coopération internationale et des partenariats.

Tu as été le chef du département de droit public et économique à la Chambre de commerce de Paris, responsable des études régionales et de la formation, puis responsable de la formation stratégique et technologique en Ile-de-France, avant de prendre la direction du développement et des partenariats de la Chambre de commerce.
Tu es maintenant depuis plus de six ans, le Délégué général de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones – la fameuse CPCCAF, c’est-à-dire le réseau des affaires et des entreprises en Afrique francophone et en France.

Une vue de la salle pendant le discours d’Étienne Giros. © AM/APP

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Un fil rouge
de fédérateur

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Oui, ton fil rouge est bien l’économie et le développement par les entreprises, Partenariat, coopération internationale, intelligence économique. Voilà des secteurs particulièrement bien choisis. Car on sait bien aujourd’hui que l’avenir de l’Afrique, quel qu’il soit, n’est pas, ou plus, seulement politique, diplomatique ou militaire, n’en déplaise à certains. Son avenir est d’abord et avant tout économique. Et que serait l’économie sans la présence des entreprises, leurs investissements, leurs créations d’emplois, leur production de biens et services ?

Sans les entreprises, comment répondre aux défis de la démographie africaine et de l’urbanisation accélérée ? Comment lutter contre la pauvreté ? Comment répondre au défi de l’employabilité et de la fixation des politiques en Afrique, mais aussi dans les territoires ruraux ? Mais pour cela, il faut créer un environnement favorable. L’enjeu du rôle des entreprises, et donc de la croissance économique, nécessite des coopérations internationales, des partenariats financiers, des échanges d’hommes et de femmes et de technologies, ainsi que la connaissance croisée des différentes cultures, des environnements économiques et du climat des affaires respectifs.

Cher Denis, c’est à ce rôle fédérateur que tu te consacres depuis des années. Favoriser un environnement propice au développement, faire des études et recueillir des informations sur nos partenaires. Favoriser les prises de contact, la connaissance de l’autre pour signer des partenariats, des collaborations ou des contrats et enfin faire travailler ensemble les chambres de commerce et d’industrie francophones.

La "photo de famille", de gauche à droite : Jules, fils de Denis Deschamps, et Mme Florence Deschamps, son épouse ; le nouvel Académicien d’Outre-mer, Denis Deschamps, Délégué général de la CPCCAF ; son « parrain » l’Académicien Étienne Giros, Président du CIAN ; Roland Pourtier, Président de l’Académie des Sciences d’Outre-mer (ASOM) ; Pierre Gény, Secrétaire Perpétuel de l’ASOM © AM/APP

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« Témoin de l’Afrique immortelle »
et de celle en devenir…

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C’est l’objectif commun, car il y a aussi la dimension importante de la francophonie. Tu y crois beaucoup. Certains caressent le dessein que l’Organisation internationale de la Francophonie pourrait être le pendant francophone du Commonwealth de nos amis anglo-saxons. Nous n’y sommes pas encore. Et pourtant, cette zone francophone présente bien des atouts pour les acteurs de l’économie dont on ne tire peut-être pas suffisamment parti. D’abord, la langue commune. Chacun sait qu’il est plus facile de négocier et de discuter et de faire ses affaires dans la langue maternelle que dans une langue qui n’est pas la sienne, même si on la pratique bien ensuite.

Beaucoup de ces pays ont une monnaie commune, en tout cas ne sont pas confrontés au risque de change. Et puis un droit commun pour la plupart d’entre eux l’OHADA. Et enfin et surtout un passé, une histoire et une relation culturelle communs. Ce sont des atouts qui seraient difficiles à construire aujourd’hui si nous décidions de créer ex nihilo une zone de coopération francophone. Nous les avons déjà, mais ne les mettons pas toujours suffisamment, ni en avant, ni en pratique, – même si l’action de Denis au sein des différents organes auxquels il œuvre y contribue largement, il reste beaucoup à faire.

Mais à nouveau, pour exceller dans une telle mission, il faut de solides qualités personnelles. D’après tes propres indications et les propos recueillis, y compris de ceux qui te connaissent, tu es doté d’une personnalité curieuse – dans le sens où tu es curieux – et intéressé par l’histoire, mais aussi par ce qui te permet d’exercer un regard acéré et aigu sur le sujet, avec ta version. Je voudrais ajouter que tu disposes d’un sens de l’humour aussi fin que discret, qualités si utiles et si unificatrices dans le monde francophone.
Comment d’ailleurs jouer ce rôle de rassembleur, de fédérateur d’énergie et de porteur de convictions sans créer une atmosphère empathique autour de soi ? Tu as un goût marqué pour les voyages, pour les explorateurs dont tu aimes t’inspirer, tout comme pour l’antiquité grecque et romaine.

Ayant longtemps vécu en Grèce dans ta jeunesse, ce pays et son histoire t’ont profondément marqué, à tel point que tu baptises de noms grecs les projets dont tu as la charge. Par exemple, le programme européen Archipelago en faveur de la formation professionnelle en Afrique, ce programme te doit son heureux nom. Bien que saugrenu sur le continent africain dont la caractéristique première, vous l’admettrez avec moi, n’est pas d’être un archipel.

Ton épouse Florence et vos deux enfants, Jules et Inès, ont la chance de bénéficier de ton esprit curieux, international et à large spectre. Comme le disait Léopold Sédar Senghor, tu es le témoin de l’Afrique immortelle et tu es le témoin du monde nouveau qui sera demain.

Cher Denis, l’Académie des sciences d’Outre-mer est aujourd’hui honorée de te compter en ses rangs et t’accueille avec joie. Je te souhaite donc « Bonne arrivée ! », comme l’on dit en Afrique, et te félicite de nous rejoindre. »

À l’Académie des Sciences d’Outre-mer, à Paris XVIe,
le vendredi 6 janvier 2023

……
* Les intertitres sont de la rédaction.

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du 9 novembre 2022, à l’Académie des Sciences d’Outre-mer

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Une vue de la salle pendant la conférence. © Frederic Reglain

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