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Eddie KOMBOÏGO, sur la Présidentielle au Burkina Faso : « Il faut respecter la vérité des urnes, un second tour est inévitable »

23 novembre 2020
Eddie KOMBOÏGO, sur la Présidentielle au Burkina Faso : « Il faut respecter la vérité des urnes, un second tour est inévitable »
Candidat du CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès) à la présidentielle au Burkina Faso, Eddie Komboïgo affrontait ce dimanche le Président Roch Marc Christian Kaboré. Le principal candidat de l’opposition dénonce la « désorganisation du scrutin » et estime qu’une réélection du Président sortant dès le premier tour ne serait « pas crédible ».

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI
@PresseAfrica

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Comment se sont passées les élections présidentielles et législatives qui se déroulaient ce dimanche au Burkina Faso, et quand peut-on attendre les résultats de cette présidentielle ?

Eddie Komboïgo – Ces élections se sont passées sans trop de heurts physiques, mais avec une grande désorganisation dans plusieurs bureaux de vote. Certains bureaux ont ainsi ouvert très tard et, même à Ouagadougou, notre capitale, un bureau n’a ouvert qu’à 17 h pour fermer à 18 h !

Beaucoup de bureaux n’avaient curieusement pas de bulletins de vote pour le scrutin présidentiel ou pour les législatives, il fallait courir de tous côtés pour les récupérer. Et à l’approche de la clôture du scrutin, dimanche soir, certains bureaux n’avaient toujours pas reçu les documents officiels de compilation des résultats.

Au regard de notre Code électoral, il y a donc eu beaucoup d’imperfections et nous craignons fort qu’il y ait de nombreuses irrégularités qui entachent la sincérité des urnes.
Dans tous les cas, l’hypothèse d’un seul tour pour la présidentielle me semble écartée, il faudra bien nécessairement un second tour.

Candidat à sa réélection, le président sortant Roch Marc Christian Kaboré souhaitait ouvertement être réélu dès le premier tour – comme en 2015 – par « Un coup KO ». Est-ce possible ?

Eddie Komboïgo – Non, c’est hors de question, comme je vous le dis, parce que nous avons aujourd’hui face à lui des candidats de taille comme Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) et moi-même, qui avais été arbitrairement interdit d’élections lors du scrutin de 2015.
Sans oublier encore d’autres candidats d’opposition non moins importants, comme Gilbert Noël Ouédraogo et Kadré Désiré Ouédraogo. Il est donc hors de question qu’il puisse gagner dès le premier tour. Ce serait loin d’être crédible. D’autant plus que toutes les tendances qui nous remontent de nos bases nous confirment que c’est impossible.

« Respecter la vérité des urnes
pour éviter tout conflit post-électoral »

Zéphirin Diabré, l’autre grand leader de l’opposition, vient d’appeler à « compter, recompter et recompter encore tous les bulletins » pour ne pas se précipiter à donner dès demain des résultats officiels qui ne seraient pas crédibles. Etes-vous dans le même état d’esprit ?

Eddie Komboïgo – Je partage totalement son avis : l’opposition ne fait pas confiance au logiciel officiel de compilation des résultats qui – contrairement à la liste électorale – n’a pas été audité au préalable.

Nous avons donc fait spécifier dans le Code électoral que les résultats devront être décomptés manuellement dans les CCCR (Centres communaux de compilation des résultats) et de manière électronique, et qu’il conviendra de rapprocher les deux décomptes avant que les résultats ne soient officiellement publiés et proclamés.

Si cela n’était pas fait, on n’aurait pas respecté le Code électoral et les règles du jeu démocratique. Nous sommes donc pleinement d’accord qu’il ne faut pas aller à la précipitation, mais qu’il faut aller à la vérité et à la sincérité des urnes, de sorte que les perdants puissent féliciter les gagnants.

Dans ce contexte de désorganisation du scrutin, ne craignez-vous pas des « fraudes massives » ?

Eddie Komboïgo – Ce sentiment est largement partagé par l’opposition, compte tenu précisément de cette grande désorganisation. Toute l’opposition craint que la majorité sortante n’use de toutes les combines pour arriver à ses fins et déclarer son candidat réélu dès le premier tour ! Ce qui ne serait pas crédible, je le répète.

Dans les zones sous influence djihadiste, au nord et à l’est du pays, près de 20 % des bureaux de vote – au service de quelque 350 000 électeurs – n’ont pas pu ouvrir. Cette réalité n’entache-t-elle pas également la crédibilité du scrutin ?

Eddie Komboïgo – Certainement, mais cela a été décidé par le Conseil constitutionnel. En revanche, il est curieux qu’à la veille des élections, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) ait réussi l’exploit d’aller déposer des urnes dans ces zones... Et la grande crainte de l’opposition aujourd’hui, c’est que l’on bourre les urnes là-bas et que l’on prétende demain qu’il y a eu des élections dans ces zones interdites, officiellement privées de scrutin par le Conseil constitutionnel.

Nous constatons en effet que dans certains villages où les bureaux devaient ouvrir, ils n’ont pas ouvert et que, là où ils devaient rester fermés pour des raisons de sécurité, certains ont ouvert. Nous attendons donc d’y voir plus clair en vérifiant tous les résultats, bureau par bureau.
Pour conclure, et afin d’éviter tous les scénarios porteurs de conflit post-électoral, je demande à la CENI de respecter la vérité des urnes

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