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EV21 - Zeineb Messaoud (The Dot Tunisie) : « Nous avons besoin de l’Europe, de ses capitaux, de son expertise et de son savoir-faire »

16 décembre 2021
EV21 - Zeineb Messaoud (The Dot Tunisie) : « Nous avons besoin de l'Europe, de ses capitaux, de son expertise et de son savoir-faire »
À la tête de The Dot, premier hub d’innovation digitale en Tunisie, Zeineb Messaoud fut l’une des révélations de la Ve édition d’Emerging Valley, le 14 décembre à Marseille. Entretien avec une pionnière tunisienne de la tech au parcours atypique, qui ne mâche pas ses mots et appelle l’Europe à contribuer plus au financement des startuppers africains.

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Propos recueillis à Marseille par Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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APP – Présentez-vous en quelques mots, quel est votre parcours en Tunisie ?

Zeineb MESSAOUD – Diplômée en commerce international de l’Institut des hautes études commerciales en Tunisie, j’ai à 37 ans un parcours assez atypique. J’ai travaillé en entreprise pour commencer, dans différents secteurs : traduction, interprétariat pour des films, agro-alimentaire, technologies de l’information. Puis j’ai rejoint le monde associatif et j’ai contribué à la création de l’Association tunisienne pour la communication et la technologie, avant de diriger le réseau Entreprendre pendant cinq ans et de contribuer à son développement géographique dans le pays.

J’ai aussi travaillé pour Smart Tunisia, qui est le programme national pour la promotion des investissements technologiques en Tunisie, où j’étais CEO Manager pour les pays francophones. J’ai contribué à monter Afkar, un incubateur tunisien, avec le premier programme d’incubation dédié à la diaspora tunisienne, et j’ai moi-même monté en plein Covid une start-up qui, hélas, n’a pas trop marché... Passons ! Et me voilà désormais à la tête de The Dot, une superbe aventure qui, elle, marche bien.

APP – Voulez-vous nous parler de The Dot ?

Zeineb MESSAOUD – The Dot Tunisie, c’est un hub d’innovation qui existe depuis quelques mois à Tunis. Lancée officiellement en juin dernier, cette société est née d’un partenariat entre le ministère tunisien des Technologies, l’Union européenne avec un pilotage par Expertise France, et la Fondation Tunisie pour le Développement.

Il s’agit d’un lieu de rencontres entre les acteurs de l’écosystème, de l’entrepreneuriat et de l’innovation en Tunisie. Nous y développons trois axes principaux de travail : un entrepreneurial innovant ; un entrepreneurial des régions, car notre action s’adresse avant tout à nos régions intérieures, et un axe transformation digitale, qui est porté par notre partenaire la GIZ, qui installe à TheDot une centre de transformation digitale avec le premier hub d’intelligence artificielle, un démonstrateur d’industrie 4.0, une académie et plusieurs autres services.

APP – Cette société emploie combien de personnes ?

Zeineb MESSAOUD – L’équipe permanente, le noyau de The Dot, ce sont cinq personnes, mais il convient d’ajouter l’équipe de transformation digitale qui emploie trente-six personnes. Car c’est un gros projet pleinement présent chez nous, mais qui est aussi complètement décentralisé.

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À Tunis, dans le quartier des affaires,
un espace dédié aux startups innovantes

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APP – D’où vous y est venue l’idée de lancer cette entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies ?

Zeineb MESSAOUD – En 2018, le président Emmanuel Macron est venu en Tunisie avec Xavier Niel qui avait à l’époque rencontré Bedreddine Ouali, le président-fondateur de la Fondation Tunisie pour le Développement, dont le but est de promouvoir et d’accompagner le développement économique et social du pays – dans le cadre de la coopération internationale – et on avait commencé à parler de dupliquer Station F en Tunisie.
L’AFD a alors financé une étude préliminaire qui a démontré que la Tunisie n’était pas tout à fait prête pour un modèle à la station F. On a donc recherché un modèle plus adapté à l’évolution d’un écosystème naissant, encore embryonnaire mais en expansion.

Au même moment, il y avait des discussions entre les gouvernements allemand et tunisien pour lancer un projet similaire avec le soutien de la GIZ. Il y a donc eu la rencontre et la fusion entre ces deux projets, qui a donné naissance à TheDot, et au démarrage de plusieurs autres initiatives en faveur des jeunes.

APP – L’originalité de ce projet, c’est qu’il se fonde sur un partenariat international ?

Zeineb MESSAOUD – Oui ! Le projet est porté juridiquement par le gouvernement tunisien, mais il est cofinancé par des partenaires qui apportent aussi de l’expertise technique. Cela est important.
TheDot, le point en français, c’est un point dans tous les sens du terme. C’est à la fois un point de départ et un point de rencontre et cela est très symbolique.
The Dot, c’est un projet qui est pratiquement aujourd’hui à 37 millions d’euros, avec d’une part 35 millions d’euros de financement de la BMZ et environ 2 millions d’euros qui sont apportés par l’Union européenne, via Expertise France et le projet Inovi, et la Fondation Tunisie pour le Développement.

APP – Quelles sont les principales activités qui constituent votre singularité ?

Zeineb MESSAOUD – Nous avons déjà parlé des trois axes sur lesquels nous travaillons, mais pour les détailler et vous en dire plus, nous disposons aujourd’hui à Tunis d’un bâtiment de 2 500 m2, situé aux Berges du Lac, un quartier d’affaires et de technologies en plein essor, et ce bâtiment dispose de salles équipées que nous mettons gratuitement à la disposition des acteurs de l’écosystème entrepreneurial tunisien pour y organiser des conférences et des événements.

Il y a aussi un étage complet dédié aux start-ups, que nous appelons Dot Camp, qui héberge gratuitement pendant une année quinze startups innovantes et leur offre de l’accompagnement sur mesure. Il faut y ajouter Dot Support, soit une vingtaine de partenaires, structures d’accompagnement, incubateurs et accélérateurs hébergés chez TheDot et apportent leur expertise. Avec nos partenaires, nous couvrons ainsi toute la chaîne de valeur de l’entrepreneuriat, de la pré-incubation pour les étudiants jusqu’au financement de la croissance.

Nous proposons aussi d’autres services. Avec Dot Lindik, nous hébergeons gratuitement pendant six mois et apportons de l’expertise aux entreprises ou startups internationales qui souhaiteraient s’implanter en Tunisie ; enfin, nous mettons à disposition des entrepreneurs innovants avec toute la gamme nécessaire des compétences : experts juridiques, comptables, fiscalistes. Et nous facilitons les échanges entre des cadres d’entreprise et les jeunes entrepreneurs, les premeirs conseillant les seconds et leur facilitant des contacts.

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« L’Europe doit nous montrer
qu’elle croit en l’Afrique ! »

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APP – C’est votre première participation à Emerging Valley ?

Zeineb MESSAOUD – Oui, c’est une première fois et trois mots pourraient résumer les travaux de cette belle et riche manifestation dédiée à la tech : ouverture, inclusion et co-construction. Tout à l’heure, on m’a proposé de monter un hub d’aérospatiale à TheDot, ce n’est pas une proposition que l’on vous fait tous les jours et la Tunisie n’est pas connue pour son expertise dans ce domaine très pointu... Mais il faut peut-être relever le défi !

Selon Samir Abdelkrim, son énergique fondateur, cette Ve édition d’Emerging Valley a aussi pour objectif d’élaborer des recommandations concrètes au prochain Sommet Union européenne/Union africaine qui se déroulera à la mi-février à Bruxelles.

APP – Qu’attendez-vous précisément de ce prochain sommet Europe/Afrique ?

Zeineb MESSAOUD – L’Europe doit nous montrer qu’elle en l’Afrique ! Les Chinois ont commencé la conquête de l’Afrique depuis une bonne dizaine d’années et il reste peu de temps à l’Europe pour s’y intéresser et s’y investir. Or l’Afrique c’est l’avenir, les talents, la jeunesse en raison de sa croissance démographique, alors que l’Europe se dépeuple petit à petit.

Les besoins des Africains sont clairs : capitaux et financements, bien évidemment, mais aussi de savoir-faire. Ce sont nos priorités.
Bien sûr, d’une manière générale, l’Afrique a un problème de corruption. Mais l’Afrique a aussi de sérieux atouts avec une jeunesse très créatrice, car la frugalité inspire l’innovation.
De son côté, l’Europe dispose de l’expertise, du savoir-faire et des capitaux. Je pense que nous pouvons apporter les talents, les idées et qu’ensemble, avec l’Europe, on pourra se renforcer et stimuler mutuellement.

APP – Un dernier mot sur la Tunisie qui connaît une situation sanitaire et politique bien difficile ?

Zeineb MESSAOUD – Cela fait plus de dix ans que c’est difficile en Tunisie ! On n’est pas mieux qu’avant... La Tunisie est un pays qui dispose de talents et de compétences et les gens y mettent du cœur. On passe par des hauts et des bas. On a vécu des moments très difficiles avec des attaques terroristes et une longue crise sanitaire, mais on tient le coup et on va s’en sortir !

EN SAVOIR PLUS :
https://thedot.tn

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