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EMERGING Valley 2024 / L’Afrique, un marché d’opportunités à valoriser pour les investisseurs japonais

7 décembre 2024
EMERGING Valley 2024 / L'Afrique, un marché d'opportunités à valoriser pour les investisseurs japonais
L’entrepreneur japonais Sadahuru SAIKI, fondateur et dirigeant de Sunny Side Venture Partners, lors de sa participation à EMERGING Vallay 2024. Photo© AM/APP
Parmi les initiatives intéressantes pour cette édition 2024 de Samir Abdelkrim, fondateur et animateur d’EMERGING Valley, celle d’inviter des panélistes japonais a eu le mérite de partager avec le public un point de vue peu connu sur leur perception de l’investissement en Afrique. Et c’est un point de vue positif, encourageant !

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par Alfred MIGNOT, Directeur de AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Le japonais Sadahuru SAIKI, fondateur et dirigeant de Sunny Side Venture Partners, commence par souligner un fait marquant : l’âge médian au Japon est de 48,6 ans, tandis qu’en Afrique, il n’est que de 19,7 ans. Cette différence démographique met en lumière le déclin de la population japonaise face à la jeunesse dynamique de l’Afrique. Selon lui, cette complémentarité entre les deux régions pourrait ouvrir la voie à des opportunités d’investissement mutuellement bénéfiques.

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Un appel à l’action pour
les investisseurs japonais

Sadaharu SAIKI insiste sur le fait que le Japon doit changer son approche envers l’Afrique. Actuellement, le pays est l’un des principaux donateurs d’aide publique, mais il peine à se classer parmi les investisseurs privés sur le continent. Il déclare : « Nous devons créer la peur de perdre l’opportunité pour eux [les potentiels investisseurs japonais], afin de les motiver à tenter de rattraper la vague ». Autrement dit, il considère crucial de rassurer les entreprises japonaises en les sensibilisant aux similitudes entre les marchés africains et ceux avec lesquels elles sont plus familières, comme l’Inde ou l’Asie du Sud-Ouest.

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Une approche
multisectorielle

En Afrique, Sunny Side Venture Partners développe une approche multisectorielle, cherchant à attirer des investissements dans divers domaines, car Sadaharu SAIKI considère que l’Afrique a besoin de croître dans tous les secteurs, et que les opportunités sont omniprésentes. Cependant, il déplore le manque d’intérêt du secteur privé japonais, ce qui limite les engagements d’investissement.
Selon lui, pour que les investisseurs asiatiques, en particulier japonais, s’impliquent davantage, il faudra préalablement que certains préjugés soient surmontés.

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Coopérer pour atteindre
la neutralité carbone

L’entrepreneur japonais Takuma TERAKUBO, CEO & General Partner de Uncovered Fund Inc, lors de sa participation à EMERGING Valley 2024. Photo © AM/APP.

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Autre japonais ayant traversé la planète pour venir témoigner à EMERGING Valley 2024, Takuma TERAKUBO, CEO & General Partner, de Uncovered Fund Inc, déclare détenir déjà un portefeuille de 29 investissements dans des startups africaines. Son objectif est clair : « Nous souhaitons nous concentrer plus sur l’Afrique, faire plus de business sur le marché francophone du continent ».

Takuma TERAKUBO considère que les opportunités en Afrique sont énormes, et il souligne l’importance de la collaboration avec des investisseurs européens intéressés par le marché africain. « Nos engagements sont principalement soutenus par les corporations japonaises qui veulent créer un marché africain », a-t-il expliqué. Cette dynamique vise à établir une synergie entre l’économie japonaise et les startups locales, en mettant l’accent sur deux secteurs clés : la FinTech et la technologie climatique.

La technologie climatique, en particulier, est un enjeu majeur pour l’économie japonaise, qui vise la neutralité carbone à horizon 2050 – faute de quoi les entreprises seront pénalisées financièrement. C’est pourquoi Takuma TERAKUBO envisage également des échanges entre les entreprises japonaises et les startups africaines, afin de favoriser les initiatives de réduction des émissions de carbone.

En conclusion, le CEO de Uncoverd Fund appelle à une collaboration mondiale, impliquant des investisseurs, des entreprises et des gouvernements. « Nous accueillons avec un a priori favorable tout projet de partenariat parce que l’émergence d’un écosystème est très important pour développer les startups locales ».

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S’adapter aux divers contextes locaux

Uwem UWEMAKPAN, Investisseur nigérian installé à Londres, dirigeant de Launch Africa Ventures, un fonds de capital-risque dédié aux entreprises technologiques émergentes sur le continent. Photo © AM/APP

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Investisseur nigérian installé à Londres, dirigeant de Launch Africa Ventures, un fonds de capital-risque dédié aux entreprises technologiques émergentes sur le continent, Uwem UWEMAKPAN insiste sur les différences culturelles des « Afriques », qui influencent significativement la perception des problèmes à travers le continent.

L’Afrique, composée de 54 pays, rappelle-t-il, présente une diversité culturelle qui se traduit par des approches variées face aux défis. Par exemple, la manière dont les problèmes sont perçus en Égypte diffère de celle du Nigeria, et cela varie également entre l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale.

Cette diversité culturelle signifie que les solutions aux problèmes doivent être adaptées aux contextes locaux. Les défis tels que l’éducation, la santé, et les besoins en logement et en alimentation sont perçus et abordés différemment selon les régions. Par ailleurs, il est crucial de reconnaître que l’Afrique n’est pas un bloc homogène ; les investisseurs et les intervenants étrangers doivent comprendre ces nuances pour éviter des échecs dans leurs initiatives.

En somme, selon Uwem UWEMAKPAN, les différences culturelles façonnent non seulement la perception des problèmes, mais également les méthodes innovantes que les populations locales développent pour y faire face, rendant ainsi essentiel un respect et une compréhension des contextes culturels variés dans toute intervention ou investissement sur le continent.

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Les investisseurs locaux,
garants de l’Innovation en Afrique

Dans un monde où les récits de succès entrepreneurial sont souvent dominés par les histoires des géants technologiques, il est crucial de mettre en lumière les véritables héros de l’innovation sur le continent africain, estime Uwem UWEMAKPAN, relevant l’importance de raconter les histoires des entrepreneurs-fondateurs locaux qui, malgré les défis, s’engagent à transformer leurs idées en entreprises florissantes.

Soulignant la nécessité d’une meilleure représentation des réalités africaines dans les discussions mondiales sur l’investissement, il considère que les investisseurs locaux, ceux qui sont réellement sur le terrain, possèdent une intelligence inestimable de leur marché et se doivent d’affirmer cette valeur unique. « Nous savons comment mieux soutenir les entreprises qui construisent sur le continent », a-t-il affirmé, évoquant les partenariats qu’ils ont établis avec les régulateurs et les talents locaux.

En fin de compte, estime Uwem UWEMAKPAN, ces investisseurs se positionnent comme des bâtisseurs de ponts entre les entreprises africaines et les marchés internationaux. Ils travaillent sur la gouvernance et la structure organisationnelle des entreprises pour les rendre attrayantes pour les investisseurs étrangers. « Nous avons déjà construit ce lien entre les entreprises investissables sur le continent et l’Europe », a conclu Uwem UWEMAKPAN, appelant à une collaboration plus étroite et à une reconnaissance accrue des efforts déployés sur le terrain.

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