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Dominique Baudis : « La Turquie coprésidente de l’UPM, c’est une vraie offre politique, qui a du sens ! »

Tous pays EUROMED-AFRIQUE | 31 mars 2011 | src.LeMED.fr
Dominique Baudis : « La Turquie coprésidente de l'UPM, c'est une vraie offre politique, qui a du sens ! »
Bruxelles -

Député européen et Président de l’Institut du monde arabe (IMA, Paris), Dominique Baudis était invité à prononcer l’allocution de clôture de la journée de conférences dédiées à l’Union pour la Méditerranée (UPM), co-organisée par l’IPEMED (Paris) et les Facultés Saint-Louis, mardi 29 mars 2011 à Bruxelles. L’occasion, pour Dominique Baudis, de lancer une idée neuve : et si l’on proposait à la Turquie de coprésider l’UPM ?!

Photo ci-dessus : Dominique Baudis, Député européen et Président de l’Institut du monde arabe (IMA, Paris), durant son allocution aux Facultés Saint-Louis, à Bruxelles, mardi 29 mars 2011. © LeJMED.fr - mars 2011


Dominique Baudis, Député européen et Président de l’Institut du monde arabe (IMA, Paris), durant son allocution aux Facultés Saint-Louis, à Bruxelles, mardi 29 mars 2011. Face à lui, au premier rang, on reconnaît notamment Jean-Louis Guigou, Délégué général de l’IPEMED, co-organisateur de la journée de conférences dédiées à l’PM © LeJMED.fr - mars 2011}

Évoquant les révolutions ou insurrections en cours dans les pays arabes, Dominique Baudis a estimé que « ce qui se passe durera des années. Certains comparent ces événements avec ce qui s’est passé dans l’Europe de l’Est dans les années 1980… mais, on ne peut pas pousser cette comparaison trop loin, car c’est à l’effondrement d’un empire, avec toutes ses caractéristiques, que nous avons assisté en 1989 ».
Aujourd’hui, avec les mouvements actuels dans les pays arabes, a déclaré en substance le Député européen, nous sommes confrontés à la fois à une diversité des situations de chaque pays, mais aussi à une onde de choc qui les atteint tous. « Partout sont pareillement remis en question l’autoritarisme et un partage très inégalitaire des richesses », constate Dominique Baudis.

Autre remarque, qui n’aura surpris personne, de la part de l’ancien journaliste :
« On a observé le formidable levier que représentent les nouveaux moyens de communication : radios et télévisions d’Etat, interdictions, censure… cette “ligne Maginot” obsolète a été submergée par les télévisions satellitaires, Facebook et Twitter. Si bien que les héros de ces révolutions ne sont pas les tribuns ni les idéologues, mais les blogueurs, qui ont réussi à casser les systèmes de censure. »

Cela dit, s’il apparaît qu’une « révolution spontanée » est aujourd’hui possible sans leaders et sans mot d’ordre, avec un fonctionnement fondé sur l’horizontalité caractéristique des réseaux sociaux de l’Internet, chacun pouvant y prendre la parole à loisir, il faut aussi noter que ce phénomène représente « un basculement radical dans les sociétés arabes, très pyramidales ». Désormais, les « révolutionnaires » vont devoir « bâtir une verticalité nouvelle, légitime », a estimé Dominique Baudis, afin de refonder les institutions et des règles du jeu de la vie publique admises par « ces peuples qui deviennent des acteurs, et non plus les simples figurants de leur Histoire ».

Ces pays vont-ils réussir à ouvrir un espace politique entre l’autoritarisme d’où ils sortent et l’obscurantisme dont certains acteurs politiques sont porteurs ? « On ne peut que le souhaiter ardemment », a déclaré le Président de l’IMA, avant d’aborder la question des conséquences de ces événments sur la situation au Proche-Orient.

Sur ce point, Dominique Baudis constate que « les dirigeants israéliens sont déboussolés. On réalise que leur seule boussole était le statu quo : que Bachir el Assad reste, que Moubarak reste !… Pourtant, la seule assurance sur le long terme pour Israël, c’est de trouver un accord politique ».

Un accord qui, à la suite des événements actuels, serait certainement marqué par une plus forte exigence des protagonistes arabes, pense Dominique Baudis : « Certes, on n’a pas vu de drapeau israélien brûlé durant tous ces événements… mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont tourné la page. Les peuples arabes savent très bien que depuis des décennies on les instrumentalisait avec ça. C’était la soupape de la cocotte minute…
Désormais l’équation devient plus complexe pour Israël : l’Egypte se montrera plus exigeante, notamment avec les Frères musulmans, et cela donnera de l’oxygène à Gaza. Et au Liban, le Hezbollah est maintenant au centre du dispositif politique de la nouvelle majorité parlementaire ».

Évoquant enfin l’union pour la Méditerranée, Dominique Baudis a déclaré que « l’UPM n’est pas morte ! Et elle me paraît plus nécessaire que jamais ! Certes, elle est en difficulté depuis les bombardements sur Gaza en décembre 2008, et que les chefs d’Etat et de gouvernement ne veulent plus se réunir.
Mais, l’UPM, c’est la suite de l’Euromed, du processus de Barcelone avec, en plus, un étage politique, et sur la base d’une relation plus équitable entre le Nord et le Sud ».
Malgré les vicissitudes politiques, a encore estimé Dominique Baudis, « l’UPM fonctionne tout de même : les Parlements travaillent ensemble, l’Assemblée parlementaire euro-méditerranéenne s’est réunie récemment à Rome et a adopté des textes… ».

Et à ceux qui considèrent que la réalité la plus prégnante de l’UPM est tout de même celle de l’enlisement patent de l’institution, Dominique Baudis répond que « l’on peut en sortir, on a l’obligation d’en sortir ».
Dans cette optique, il a avance « une idée personnelle » qui pourrait y contribuer :
« Il y a une offre politique forte à faire maintenant sur l’UPM. Dès lors que la coprésidence sud égyptienne s’est libérée, il y a une opportunité de proposer à Turquie de jouer ce rôle, qui correspond d’ailleurs à sa nouvelle action diplomatique.
La Turquie coprésidente de l’UPM, c’est une vraie offre politique, qui a du sens ! » a conclu le Député européen et Président de l’IMA.

© Alfred Mignot

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