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Diadié SANKARE à la Nuit de l’Entrepreneuriat de Bamako : « L’Afrique a besoin de champions qui soient des modèles pour la jeunesse »

30 janvier 2023
Diadié SANKARE à la Nuit de l'Entrepreneuriat de Bamako : « L'Afrique a besoin de champions qui soient des modèles pour la jeunesse »
Invité d’honneur de la VIIIe édition de la Nuit de l’Entrepreneuriat de Bamako, qui s’est déroulée le week-end dernier à l’Hôtel de l’Amitié, Diadié SANKARE, DG de SAER Emploi (fondée il y a tout juste trente ans) est revenu sur son parcours de chef d’entreprise. La jeunesse malienne a fait une ovation à cet entrepreneur d’exception et à sa leçon de choses. Reportage.

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De notre envoyé spécial à Bamako,
Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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On sait qu’en Afrique – certainement encore plus qu’ailleurs – la question de l’emploi est cruciale pour absorber et faire face à une extraordinaire croissance démographique et donner demain du travail à tous comme au Mali, où plus de 75 % de la population a moins de 20 ans !

D’où l’importance de la « Nuit de l’Entrepreneuriat » dont la VIIIe édition était consacrée ce dernier week-end au secteur privé, source incontournable d’emplois et facteur de développement économique. Même les autorités officielles de la Transition semblent désormais en avoir bien conscience : l’État, quel qu’il soit, ne pourra pas résoudre seul ce problème majeur. Le secteur privé est devenu incontournable car ce sont les entreprises qui créent l’emploi, et non les administrations.

Devant les quelque 400 jeunes entrepreneurs ou étudiants maliens mobilisés pour l’événement, son fondateur Bouba Traoré a fait venir un invité de marque pour la cérémonie d’ouverture à l’Hôtel de l’Amitié de Bamako, en la personne d’Amadou Sankaré, ancien Président du CNPM (Conseil National du Patronat du Mali) et PDG de SAER Emploi, qu’il a lancée en 1993 et qui fête cette année ses trente ans. Et surprise, au terme du premier panel de haut niveau axé sur « Les secteurs clés qui s’imposent pour relancer l’économie du pays », l’événement aura été fêté de manière bon enfant par l’arrivée sur le podium d’un superbe gâteau d’anniversaire !

À la tête aujourd’hui d’une trentaine de sociétés regroupées dans SAER (Société Africaine d’Études et de Réalisation), implantée dans une dizaine de pays et employant au total plus de 4 000 personnes, celui que tout le Mali surnomme depuis longtemps « Diadié » raconte d’emblée une anecdote résumant parfaitement son « parcours d’entrepreneur » exemplaire et, à vrai dire, hors du commun.

« Je suis heureux d’être parmi vous car, pour moi, tout a commencé précisément dans cet hôtel Laïco L’Amitié de Bamako, dont je fus un temps le PDG avant d’être relevé de mes fonctions et remercié quelques mois plus tard ». L’homme, qui ne s’en laisse pas conter et ne ménage pas sa peine pour faire bouger les lignes, dérangeait sans doute trop de mauvaises habitudes et de pesanteurs par ses méthodes efficaces d’entrepreneur privé. Et par son franc parler dont il a encore donné un bel exemple samedi, n’hésitant pas à critiquer les errements économiques de l’État et de la Transition politique, en présence de deux ministres du gouvernement.

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« Chez nous, le travail
n’a plus de valeur »

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En mettant le doigt sur quelques paradoxes de la vie économique par des petites phrases et formules choc qui font mouche et furent très applaudies. En voici un petit florilège.

« Un simple constat : chez nous au Mali, le travail n’a plus de valeur. Ceux qui travaillent ne gagnent pas et ceux qui ne travaillent pas gagnent ! ». D’où l’importance, ajoute-t-il aussitôt, de « revenir aux fondamentaux », pour comprendre la situation économique dans laquelle se trouve aujourd’hui le Mali.

« Nous sommes la troisième économie de la sous-région après la Côte d’Ivoire – dont le premier client à l’exportation est le Mali – et le Sénégal, dont le premier client à l’exportation est également le Mali. Vous avez vu ce qui s’est passé avec les sanctions de la CEDEAO : ces pays ont été asphyxiés (…) Et même le Togo nous dépasse en budget ! Vous trouvez cela normal ? », lance-t-il sous les applaudissements de la salle.

Gâteau d’anniversaire pour les 30 ans de SAER-Emploi. © BF

« Je suis persuadé que le développement se fera en 2050 en Afrique », observe-t-il en invitant tous les décideurs présents comme la jeunesse africaine à rester en Afrique et à miser résolument sur le Continent qui comptera alors plus de 2 milliards d’habitants. « C’est là que tout se passera demain. Mais, comme toute l’Afrique, le Mali a besoin de champions qui soient des modèles de réussite pour la jeunesse », ajoute-il en invitant les autorités à créer les conditions de cette transformation économique indispensable pour donner un peu d’espoir à la nouvelle génération qui arrive en masse sur le marché du travail. Le Groupe SAER Emploi a le savoir-faire en ce domaine : n’a-t-il pas déjà inséré plus de 100 000 jeunes Africains dans le marché du travail ? Et Diadié met aujourd’hui son expérience au service des jeunes Africains.

« Or, les jeunes pensent que l’argent fait tout. Non, ce n’est pas l’argent, c’est le travail qui fait le business, la ténacité, les idées innovantes, la patience et la persévérance dans l’effort, la confiance des investisseurs et partenaires qui permettent de construire une société bien gérée et qui donnent des résultats et enfin de l’argent dûment gagné », explique-il en soulignant qu’il ne faut pas inverser les rôles, mais être prêts bien au contraire à mouiller la chemise et à faire les petits boulots nécessaires à la croissance de l’entreprise avant de monter en gamme et de toucher le « jackpot ».

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« Sortez de votre bureau et…
de votre costume trois pièces »

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Et Diadié parle d’expérience, car cela fait trente ans qu’il innove presque tous les jours, en répétant à satiété à ses collaborateurs : « Une entreprise qui ne trouve pas de nouvelles solutions et de nouveaux marchés, ou ne saisit pas de nouvelles opportunités, est appelée à disparaître ». Il en a fait sa règle d’or et c’est la clé de sa réussite. Le public est tout ouïe et les jeunes Maliens lui posent de nombreuses questions.

« Une chose très importante à avoir pour être un bon entrepreneur, c’est la confiance en soi. Il faut aussi savoir bien s’entourer de gens compétents, avoir un bon modèle économique et surtout une vision si l’on veut réussir et aller loin. Et il faut de surcroît garder toujours la capacité à se relever après un échec. Si tu tombes, il faut te relever aussitôt car, si tu te couches, on marche sur toi ».
Le langage est direct, mais la leçon porte : Diadié fait un tabac pour cette première séance de la Nuit de l’Entrepreneuriat.

Maîtresse de cérémonie, Nabou Fall n’est pas en reste. Celle que l’on ne présente plus en Afrique puisque la DG de Vizeo (un jour à Abidjan où elle est basée, le lendemain à Dakar, le surlendemain à Bamako ou Yaoundé... ) coache en permanence des jeunes femmes entrepreneures ou des personnalités du monde des affaires. Elle appelle ainsi les entrepreneurs à « sortir de leur zone de confort » avec, elle aussi, le sens de la formule : « Sortez de votre bureau et de votre costume trois pièces » pour découvrir enfin les réalités concrètes de la vie quotidienne en Afrique.

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DE NOTRE CMAAP 6 du 9 novembre 2022

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Une vue de la salle pendant la conférence, à l’Académie des Sciences d’Outre-mer. © Frederic Reglain

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