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Denis Deschamps / Comment l’Afrique devient aussi une grande destination touristique

23 octobre 2025
Denis Deschamps / Comment l'Afrique devient aussi une grande destination touristique
Laurence Gaboriau, Directrice du Salon IFTM Top Resa, durant son propos liminaire. Photo © DD/AM – CLIQUER SUR L’IMAGE POUR L’AGRANDIR.
L’Afrique devient désormais l’une des grandes destinations touristiques, comme en a fait la démonstration la Convention Afrique, organisée à la fin septembre, dans le cadre du salon IFTM Top Resa, qui a réuni à Paris Expo Porte de Versailles, tous les professionnels du tourisme et des voyages.

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par Denis Deschamps, pour AFRICAPRESSE.Paris
@DjuliusD / @africa_presse

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Le désordre du monde pousse désormais chacun à modifier ses habitudes, y compris par rapport aux vacances. D’autres destinations que les bords idylliques de la Méditerranée ou de l’Atlantique peuvent être ainsi envisagées par des Européens qui sont, par ailleurs, aujourd’hui plus susceptibles qu’auparavant de prendre le large en dehors des périodes habituelles de congés (autrement dit « les vacances scolaires »).

Avec des moyens internationaux de transport devenus beaucoup plus accessibles (mais qui ne sont pas sans conséquences négatives sur le climat, particulièrement en termes de CO² produit), tout-un-chacun peut désormais parcourir en avion toutes les latitudes, mais aussi choisir de prendre le large sur la longitude quasi-naturelle du fuseau Europe – Afrique.

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Les paramètres du développement
du tourisme en Afrique

Parmi les nombreux sujets abordés dans le cadre des panels de cette Convention Afrique de l’IFTM, on retiendra : les grandes tendances du marché et le financement des projets touristiques ; l’impact de l’Intelligence artificielle (IA) sur le développement du tourisme en Afrique

À la tête de la troisième édition de l’IFTM, Laurence Gaborieau est intervenue en ouverture de la Convention Afrique organisée dans ce cadre, pour rappeler son objectif de valorisation du tourisme africain, au travers du développement de nouveaux moyens et outils, qu’il s’agisse de la culture au travers du cinéma (et des jeux vidéo) ou bien de l’intelligence artificielle (IA).

D’ici à ce que l’impact de ces mesures se fasse bientôt ressentir, les principales tendances de l’hôtellerie en Afrique ont été rappelées par Salim Orou Yerima (Yerima Advisory), Luc Olivier Yegba (Bantu Conseil), Loïc kuate Lowe (Tudigo) dans le cadre d’une table ronde de la Convention Afrique consacrée au financement du développement du tourisme sur le continent africain.

Ces tendances concernent trois segments :

> Le luxe, avec une hôtellerie de « grand standing » qui représente aujourd’hui 85% des projets les plus rentables en Afrique ;
> Le tourisme vert, avec l’éco-tourisme qui tend à progresser ;
> Le tourisme culturel, lié au patrimoine…

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Parmi ces trois aspects du tourisme en en développement en Afrique, on illustrera celui du tourisme culturel avec le projet CAMERVEIL, qui a pour objet de valoriser des empreintes de dinosaures du Nord Cameroun. Outre l’inscription de ces empreintes au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce projet a pour objet de structurer une offre responsable et attractive pour des investisseurs (immobilier…), en même temps qu’elle devra nécessairement être respectueuse de l’environnement local (avec en particulier la génération de revenus pour les communautés).

De même que pour d’autres projets touristiques sur le continent, cette initiative louable reste cependant confrontée au problème de son financement, toujours fortement lié au soutien des institutions locales, qui conditionne l’intervention d’éventuels investisseurs. À noter par ailleurs que ceux-ci tendent à privilégier des projets comprenant de la restauration, sachant que ces projets sont souvent complexes, en raison de barrières à l’entrée importantes, comme l’attribution de permis de construire et l’obtention d’autorisations pour ouvrir des restaurants.

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Le recours au financement
participatif et aux PPP

À condition d’une bonne analyse du pouvoir d’achat des clients potentiels, un bon projet peut en fait toujours se faire financer par des bailleurs de fonds, grâce au recours au levier du financement participatif. Ainsi, à Zanzibar pour le projet « Coral Island » en 2020. Cependant pour que cela puisse se faire dans les meilleures conditions, il faut encore éduquer les entrepreneurs sur cette possibilité de recours au financement participatif, avec la mise en place par les États d’un cadre légal devant aussi contribuer à rassurer les investisseurs.

Le recours aux PPP – Partenariats Public Privé – est également une voie à suivre pour des États qui veulent faire appel à des investisseurs privés pour construire des infrastructures touristiques qu’ils récupéreront par la suite, après plusieurs années de mise en activité.

Également, les panélistes ont évoqué les financements mixtes qui, du fait d’un partage des risques entre co-investisseurs, permettent de faire appel à des assureurs pour couvrir à la fois le risque crédit et le risque politique (sachant que la « bonne gouvernance » est une préoccupation d’importance, au même titre que le capital humain et la possibilité d’industrialiser la filière touristique dans le pays considéré…)

Enfin, les panélistes ont évoqué la capacité des États à vendre la destination Afrique, y compris auprès des diasporas, par rapport à des investisseurs qui ont eux-mêmes leurs propres engagements : on comparera ainsi le Cameroun, qui a des potentialités touristiques indéniables, mais dont on ne connaît pas les retombées des financements de l’État camerounais dans ce domaine (environ 9 milliards de FCFA), tandis que le Rwanda a parfaitement su rentabiliser la promotion de pays, grâce à la publicité faite sur le maillot du PSG – Paris Saint-Germain – pour 15 millions d’Euros.

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Vers un « tourisme
intelligent » avec l’IA ?

Sans doute que l’Intelligence artificielle (IA) pourra rapidement suppléer aux carences qui entravent encore le développement du tourisme en Afrique, sachant que cette IA est à 99 % anglophone et ne comprend pas de data vernaculaire (les langues africaines sont absentes). Malgré cela, il appartient aujourd’hui à chacun d’envisager un tourisme intelligent qui pousse la compétitivité de la filière et permet de générer du chiffre d’affaires.

Parmi d’autres exemples, on évoquera ainsi le Zimbabwe avec la ministre du tourisme de ce pays, Barbara RWODZI, qui a rappelé les actions suivantes menées par son pays : automatisation des réservations avec exploitation des data sur les touristes, pour développer des stratégies marketing par courriels personnalisés adressés aux visiteurs, et faciliter leurs démarches de e-visa.
Également, le Rwanda, (régulation par l’IA des flux de touristes dans les parcs), le Bénin (suivi des visiteurs par l’IA), et le Kenya (réservation d’hôtels assurée par des chatbots).

Cependant, le développement du tourisme en Afrique par l’IA dépend encore de plusieurs facteurs qui sont : la qualité du réseau / infrastructures Internet (fibre), la formation des utilisateurs à partir d’une data de qualité (simplicité et unicité des liens), ainsi que l’ajout d’agents conversationnels (avatars permettant de récupérer des informations grâce à cette interaction en mode augmenté).

La jeunesse du continent et l’utilisation qu’elle fait chaque jour de l’Internet mobile sont certes porteurs d’espoir de ce point de vue, mais il ne faut pas oublier non plus que l’IA a aussi quelques inconvénients majeurs, comme la consommation en eau et en énergie (avec une énergie qui n’est pas accessible partout sur le continent)

En tout état de cause, pour que les choses avancent dans le sens du développement du tourisme en Afrique, il convient de donner les bonnes réponses à plusieurs impératifs :

> Former les populations, au-delà des ingénieurs, pour leur permettre de monter en compétences sur les usages de l’IA ;

> Construire des partenariats solides fondés sur des modèles frugaux spécialisés ;

> Orienter les investissements des pouvoirs publics vers une data ouverte aux entrepreneurs ;

> Enfin, organiser, grâce à un outil d’IA partagé, les offices de tourisme en points relais des réceptifs et tours opérateurs.

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