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Deborah GAEL, cofondatrice de Koolboks : « Notre innovation technologique s’avère plus qu’utile au Nigeria, et demain dans toute l’Afrique »

10 avril 2023
Deborah GAEL, cofondatrice de Koolboks : « Notre innovation technologique s'avère plus qu'utile au Nigeria, et demain dans toute l'Afrique »
À la tête de la start-up franco-nigériane, Deborah GAEL participait au Forum d’affaires que Business France vient de consacrer au Nigeria. Avec une innovation très originale qui peut révolutionner la chaîne du froid en Afrique. Entretien.

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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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AfricaPresse.Paris (APP) – Pouvez-vous nous présenter Koolboks en quelques mots ?

Deborah GAEL - C’est une start-up franco-nigériane fondée en mars 2018 mais réellement active depuis vraiment deux ans. Personnellement, je suis Française et âgée de 35 ans, mais mon associé et cofondateur vient du Nigeria. Nous comptons aujourd’hui 125 salariés répartis entre le siège (France) et nos deux filiales implantées en Afrique (Nigeria et Kenya). Nous prévoyons l’ouverture de deux autres filiales en Ouganda et en RDC. La R & D est réalisée en France : nous avons travaillé avec une équipe d’ingénieurs basés à Toulouse.

APP – Vous êtes à l’origine d’une belle invention très utile pour sauvegarder la « chaîne du froid » dans les pays d’Afrique comme le Nigeria… En quoi consiste cette nouveauté ?

Deborah GAEL - Je vais d’abord remettre cette invention dans son contexte original. Le Nigeria aujourd’hui, c’est 43 % de la population qui n’a toujours pas accès à l’électricité et, de ce fait, n’a pas accès à la réfrigération, un besoin primaire dont on a pourtant couramment besoin pour l’agriculture, le commerce, le milieu médical, les hôpitaux, les pharmacies, etc.

Chaque année, près de 40 % des récoltes produites au Nigeria sont gaspillées par manque de système de réfrigération qui empêche toute chaîne du froid… C’est donc un problème concret que l’on vient résoudre avec notre solution de congélateurs et réfrigérateurs alimentés par le solaire, et dont l’énergie est stockée sous forme de glace.

APP - Comment cela fonctionne-t-il ?

Deborah GAEL – Stockée sous forme de glace, cette « solution » énergétique est capable de tout garder au frais durant sept jours sans électricité, sans activité humaine et même sans ensoleillement. Koolboks stocke l’énergie dans deux types de batteries : des ice-batteries, ou des batteries au lithium.

À côté de cela, on a intégré la technologie que l’on appelle « Pay-As-You-Go » qui permet à nos clients de payer en petites mensualités. C’est une sorte de leasing avec des contrats de six ou douze mois et, à la fin, ils se retrouvent bien sûr propriétaires de la « solution » pour un coût unitaire entre 1 000 à 1 800 dollars US selon les différents modèles.
Car on peut avoir la meilleure innovation du monde, si c’est trop cher, cela ne marche pas car ceux qui en ont vraiment besoin ne peuvent se l’offrir et, au final, cela ne sert à rien.

APP – N’avez-vous pas peur de vous faire « voler » cette innovation technologique puisque vos premiers spécimens sont actuellement fabriqués en Chine ?

Deborah GAEL- Oui et non, car nous avons bien entendu déposé les brevets pour sécuriser tout cela. Mais c’est une bonne question car il y a toujours un risque que cette innovation soit copiée à la sauvette et commercialisée dans notre dos par d’autres… L’important, c’est l’exécution et le poids de la marque pour fidéliser les clients.

Pour l’heure, cela marche très bien. Nous avons différents modèles et en avons déjà vendu environ 4 500 exemplaires, dont à peu près 200 unités au Nigeria, qui est jusqu’à présent notre plus gros marché. Notre innovation technologique a fait ses preuves et s’avère plus qu’utile au Nigeria, comme demain – nous l’espérons – dans toute l’Afrique.

APP – Serait-il possible précisément de produire cette « solution » au Nigeria, même si parfois les composants viennent d’ailleurs ?

Deborah GAEL- À terme bien entendu. Bonne nouvelle : nous avons récemment reçu un financement du Fonds Français pour le Développement mondial (FFEM) pour nous soutenir dans la construction d’une usine d’assemblage au Nigeria que l’on va démarrer au troisième trimestre de cette année et qui va nous permettre d’assembler localement et donc de réduire déjà les coûts de production. Le FFEM finance des projets innovants en faveur de l’environnement dans les pays en développement.

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« Nous préparons une seconde levée
de fonds de 33 millions de dollars US »

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APP – Quels sont vos financements pour ce projet fort innovant ?

Deborah GAEL – Plusieurs types de financements, à commencer bien sûr par nos fonds personnels investis dans la société, mais aussi des subventions ainsi que le soutien de la BPI qui nous a également accompagnés avec de la dette et un dispositif appelé « Assurance Prospection ». Nous avons également clôturé une première levée de fonds de 2,5 millions de dollars US, en fin 2021.

Nous lançons maintenant les hostilités pour une seconde levée de fonds (Série A) dont l’objectif est de 33 millions de dollars US que nous espérons clôturer fin juin 2023.

APP – Quelle est votre stratégie pour faire face à une concurrence qui, demain, paraît inévitable ?

Deborah GAEL – Notre avantage est que nous sommes arrivés les premiers sur ce marché très pointu, que l’on va vite et que l’on veut bien faire les choses. On fait ainsi un gros travail sur la partie opérationnelle pour s’assurer d’avoir un service client « top notch » comme disent les Anglais. Et on a fait aussi un gros travail sur la partie R & D avec des améliorations apportées à nos solutions chaque année. La concurrence, oui nous l’acceptons, mais elle ne nous fait pas peur car nous avons quelques longueurs d’avance. Nous pensons que notre exécution, notre souhait de servir nos clients au mieux ainsi que notre branding feront la différence

APP – Un dernier mot pour conclure notre entretien ?

Deborah GAEL – J’adore le Nigeria. C’est un très beau pays, même s’il peut paraître un peu compliqué au départ. Mais il regorge de tellement d’opportunités qu’il y a vraiment beaucoup de choses à faire pour tous les entrepreneurs qui veulent se lancer là-bas. C’est à ce jour notre plus gros marché, même si nous sommes aussi implantés et intéressés par la Côte d’Ivoire, par exemple.

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EN SAVOIR PLUS :
www.koolboks.com

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Agenda Paris, 12 avril à 17 h – DERNIER JOUR CE MARDI 11/04 pour S’INSCRIRE à la VIIIe CONFÉRENCE DES AMBASSADEURS AFRICAINS DE PARIS : « Comment dé-risquer l’Afrique pour mieux la financer ? » avec LLEE les Ambassadeurs Youssef ALAA (ÉGYPTE) et S. E. M. François NKULIKIYIMFURA (RWANDA).

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