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Au webinaire CAPP sur la relation économique Europe-Afrique, les panélistes Africains misent avant tout sur le secteur privé

16 juin 2021
Au webinaire CAPP sur la relation économique Europe-Afrique, les panélistes Africains misent avant tout sur le secteur privé
Ne faisant guère confiance à leurs gouvernements et administrations, les Africains du Continent comme de la diaspora, qui veulent participer activement au développement de leurs pays, ont bien des idées pour créer une nouvelle dynamique avec l’Europe. Voici l’essentiel de leurs témoignages, exprimés lors du webi Europe-Afrique du CAPP, mardi 15 juin.

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par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)
@africa_presse

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Comment relancer et dynamiser la coopération entre l’Europe et l’Afrique ? Tel était le thème du deuxième webinaire du Cycle #CONFIANCEAFRICA, organisé par notre site AfricaPresse.Paris et le Club Afrique de la Presse parisienne (CAPP) avec un très beau plateau d’une douzaine d’experts. Dans cet article, nous avons choisir de mettre en exergue les propos des panélistes africains.

Secrétaire générale du Forum de Bamako, dont la XXIe édition consacrée au capital humain vient de se tenir en mai dernier dans la capitale du Mali, la Malienne Coumba Traoré rappelle à juste titre que cette relation entre les deux continents « s’est construite autour de plusieurs dimensions : culturelle, bien sûr ; politique, amorcée dès les indépendances, et économique avec les conventions de Lomé et les accords de Cotonou, qui concernent les relations de l’Europe avec les pays ACP (Afrique - Caraïbes - Pacifique) ».

Coumba Traoré (Mali) : « Le binôme sécurité
et développement doit aller de pair »

« Le rêve d’Abdoullah Coulibaly, fondateur du Forum de Bamako, est de construire une Afrique où il ferait bon vivre demain, où les jeunes trouveraient du travail, de l’éducation et de la formation, et où le fléau de l’immigration serait jugulé », observe-t-elle en rappelant fort à propos qu’en 2019 le Forum de Bamako s’attaqua à ce sujet de l’immigration, aussi crucial qu’explosif, avec pour objectif de trouver des solutions – ou du moins de dégager des recommandations – pour « construire des ponts et non des murs » entre les deux rives de la Méditerranée, entre l’Europe et l’Afrique dont les destins sont liés.

« Le binôme sécurité et développement doit aller de pair », ajoute-t-elle, tout en soulignant que la nouvelle stratégie de l’Union européenne à l’égard de l’Afrique, fondée sur une approche par la dimension continentale, peut paraître très bien », mais n’est pas vraiment adaptée car « l’Afrique n’est pas une, mais multiple et diverse ».

En conclusion, se plaît-elle à observer, « sans un capital humain de qualité, il ne saurait y avoir de développement du secteur économique ». C’est pourquoi l’homme et la femme doivent être placés « au cœur de cette nouvelle stratégie de l’Union européenne qui doit s’articuler autour de trois enjeux clés :

 la participation des femmes entrepreneurs pour stimuler l’entrepreneuriat féminin dans le secteur privé ;

 une plus grande place accordée aux diasporas africaines en Europe » car elles jouent un rôle irremplaçable dans le développement de l’Afrique, notamment par le transferts d’argent – en 2017 par exemple, la diaspora malienne a injecté 538 milliards de francs CFA dans l’économie du Mali, soit trois fois plus que l’Aide publique au développement ;

 enfin, faire une plus grande place à la jeunesse africaine dans cette nouvelle dynamique ».

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DE NOTRE WEBI DU 15 JUIN :
« L’état de la coopération économique
Europe-Afrique et comment la dynamiser »

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Erick Yong (Cameroun) : la nécessité d’une « meilleure
visibilité sur les actions mises en place »

Membre de l’influente diaspora camerounaise et PDG de Greentec Capital Partners, Erick Yong (lire ici sa contribution écrite, livrée en amont de ce webinaire) note lui aussi que « les stratégies de l’Europe (de l’Union européenne) doivent tenir compte de cette diversité et de ces différences d’approche » et que le Vieux Continent se doit d’entrer dans « une dynamique de restructuration de l’écosystème entrepreneurial ».

« Si aujourd’hui l’Europe a vraiment l’intention d’améliorer sa collaboration avec l’Afrique dans une logique de croissance de l’Afrique, ajoute-t-il, il me semble opportun d’établir des relations avec ces organisations qui sont sur le terrain depuis très longtemps, et de mettre en place une infrastructure qui permettrait de développer l’écosystème entrepreneurial et de mettre encore plus en avant des perspectives de croissance qui, j’en suis convaincu, existent en Afrique ».

« En développant la digitalisation dans le Continent africain et en permettant un meilleur accès à l’information, donnant une meilleure visibilité des transactions, poursuit-il, cela permettrait de donner la possibilité aux acteurs européens du secteur privé et du secteur public d’avoir une meilleure visibilité sur les actions mises en place ».

Avant de conclure : « La collaboration entre l’Afrique et l’Europe va nécessiter un effort prépondérant côté Afrique, afin de créer un peu plus de transparence et arriver à une meilleure collaboration avec les acteurs du secteur privé qui, eux, agissent et ont la possibilité de démontrer la résilience de cet environnement et sa capacité à créer de la valeur ajoutée »

Didier Mavouenzela (Congo) : « compagnonnage
industriel » et partage des valeurs

Directeur de la Chambre de commerce de Pointe Noire (Congo Brazzaville) et membre de la CPCCAF (Conférence permanente des chambres consulaires, africaines et francophones), le Congolais Didier Mavouenzela milite quant à lui « pour le compagnonnage industriel et une autre façon de faire » pour améliorer la relation Europe/Afrique. Concrètement, il s’agit de « mettre en face d’une entreprise européenne une entreprise africaine pour que l’entreprise européenne la fasse évoluer techniquement, avec l’idée de partager à terme la valeur ajoutée ainsi créée ».

« Cela permettra vraiment, explique-t-il, que l’entreprise puisse répondre à certains appels d’offre avec l’assurance d’avoir techniquement un partenaire (…) L’idée, c’est de toujours partager la croissance du Sud et ces appels d’offres » car « quand on ne le fait pas, je le vois ici, chez nous au Congo, ce sont de nouveaux acteurs qui viennent et qui remportent ces appels d’offre car ils ont la technologie et les moyens financiers ». D’où la nécessité d’un nouveau partenariat entre entre entreprises africaines et européennes !

Joséphine Andriamamonjiarison (Madagascar) :
« Si le développement doit se produire,
c’est par le secteur privé qu’il se fera »

En direct de Madagascar, la Malgache Joséphine Andriamamonjiarison souligne que « 30 % des offres d’emplois publiées par les entreprises ne trouvent pas de réponse, ce qui veut dire que l’on a un problème très aigu d’adaptation des compétences aux besoins du marché et du développement ». Elle nous révèle cependant qu’a été créée à Tananarive une école d’informatique avec le soutien de la Chambre de Commerce de Paris et un appui financier de l’AFD, ainsi qu’un Fonds de formation professionnelle pour renforcer les capacités des personnels déjà en entreprise.

Présidente Afrique de l’Est-Océan indien de la CPCCAF, elle insiste également sur la nécessité pour l’Afrique de miser sur le secteur privé qui est le seul à pouvoir créer des emplois et paraît donc incontournable pour assurer le développement de nos régions.

« Si le développement doit se produire, c’est par le secteur privé qu’il se fera », martèle-t-elle en souhaitant que « les institutions européennes et les gouvernements européens commencent à reconnaître le secteur privé comme un interlocuteur valable et compétent, sur lequel on peut s’appuyer ». Tant il est vrai que les Africains ne font guère confiance à leurs gouvernements et administrations d’État pour avoir la volonté et les moyens de changer les choses et les pratiques.

« Le développement des PME en Afrique est encore au niveau où l’on a encore besoin de financements, d’équipements, de savoir-faire, même s’il y a des start-ups qui sont très dynamiques et très innovantes ».

Valérie Ka (France - Côte d’Ivoire) : la culture,
« une vitrine d’excellence » pour l’Afrique

Dernière intervenante originaire du Continent noir, la jeune Franco-Ivoirienne Valérie Ka (voir ici l’interview qu’elle nous a accordée) était « L’invitée Culture » en clôture de ce webinaire très économique, ainsi que l’avait souhaité Alfred Mignot, l’organisateur du webi et directeur d’AfricaPresse.Paris
Cofondatrice du Forum Share Africa, qui se déroulera à la Maison de la Radio, les 2 et 3 juillet prochains à Paris, le mannequin devenue entrepreneure se plaît à souligner que « la culture, qui n’est pas mise en valeur dans bien des pays d’Afrique, peut en réalité apporter une vitrine d’excellence » à l’économie africaine.

Ayant défilé pour les plus grands couturiers, elle explique en toute simplicité sa démarche pragmatique : permettre aux jeunes Africains, qu’ils soient « startuppers » ou créateurs, d’« accéder en toute liberté aux grands de ce monde et aux décideurs économiques » comme elle en a elle-même fait l’expérience à deux reprises, lors du célèbre Forum de Davos, en Suisse.

Avec son Forum Share Africa de Paris, c’est la créativité et le dynamisme de la jeunesse d’Afrique que Valérie Ka veut mettre en lumière en Europe.

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