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#Covid-19 Afrique - La tokénisation des actifs, un moyen pour révolutionner le financement des PME/TPE

25 mai 2020
#Covid-19 Afrique - La tokénisation des actifs, un moyen pour révolutionner le financement des PME/TPE
Peut-on éviter à l’Afrique les drames que des prévisions économiques alarmistes et concordantes annoncent pour les prochains mois ? Quelles mesures prendre pour éviter l’effet domino mortifère sur les TPE, alors même qu’elles fournissent l’essentiel des emplois du Continent ? Réflexions sur les possibilités opératoires, via les processus de la blockchain.

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Une contribution de :

 Achille AGBÉ, Président EiC Corporation

 Jean-Emmanuel DEVIENNE, Président Dacso,
Directeur Relations Partenaires EIC Corporation

 François de CHEZELLES, PDG Talium

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Sous l’effet du confinement et de l’arrêt des chaînes de production, la crise du Covid-19 a provoqué un choc économique sans précédent à la fois de l’offre et de la demande : 1 emploi sur 4 (surtout en TPE) menacé en Europe (McKinsey, avril 2020), 25 % de hausse attendue des faillites d’entreprises (Coface), 3 points de PIB français perdus chaque mois (INSEE, mars 2020), 22 millions de nouveaux inscrits au chômage aux États-Unis en un mois...

Ces chiffres effrayants pointent du doigt notre extrême fragilité systémique. Nous dépendons notamment spectaculairement de la santé des maillons essentiels de l’économie que sont les petites entreprises, elles qui sont les plus touchées par la crise.

Du côté des pays les plus fragiles, le bilan pourrait s’avérer pire encore. Un bon nombre d’exportateurs africains de matières premières (pétrole, cuivre, cacao, huile de palme...) entrent dans la crise avec un niveau insuffisant de réserves en devises, alors que leur marché s’est effondré. Quant aux pays bénéficiant largement d’envois de fonds étrangers, leur consommation et l’investissement devraient se contracter violemment. Sans parler des destinations touristiques qui devront survivre à un arrêt quasi-total de l’activité.

Au final, le manque de structures et infrastructures sanitaires adéquates en Afrique, couplé à la faiblesse actuelle de son économie pour résorber la crise malgré la chute des marchés, inquiète sur la solidité de ses fondamentaux économiques. La BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) craint une récession économique sans précédent dans les six mois, quand l’Union africaine table sur 20 millions d’emplois supprimés et la hausse de l’endettement. Ce revers économique peut replonger des millions de personnes de la « classe moyenne émergente » dans l’extrême pauvreté, avec de nombreux morts à la clé.

Pouvons-nous éviter ces drames ? Sans doute pas totalement, mais certainement en partie si on évite la paralysie économique en limitant les effets domino de la récession. Il s’agit de mieux protéger les petites entreprises, particulièrement celles qui s’en sortaient avant la crise ou qui sont à potentiel, et qui sont le réservoir du retour à la normale post-Covid, à l’inverse de quoi nous assisterons à un coma général, une évaporation des savoirs et le délitement durable des chaînes d’approvisionnement.
Outre l’implication des banques centrales, plusieurs mesures peuvent être envisagées, dont certaines où l’utilité d’une blockchain serait majeure :

1. Mise en place simplifiée et à moindre coût
de fonds d’aide aux entreprises en difficulté

La mise en place et la gestion d’activités d’investissement sur classes d’actifs traditionnelles, dont les fonds d’investissement, peut aujourd’hui être largement facilitée et moins coûteuse en représentant ces actifs par des actifs digitaux (alias security tokens) émis sur une blockchain et gérés le long de leur cycle de vie via une plateforme en ligne.

L’utilisation de programmes infalsifiables de type smart contracts et d’autres digitalisations permet l’automatisation et l’accélération radicale d’importants processus comme l’enregistrement des investisseurs, les contrôles de conformité réglementaire, le règlement-livraison, le suivi des mouvements de titres, les opérations post-émission, le reporting, etc. Et plusieurs plateformes de tokénisation fonctionnant en mode SaaS, les mises en œuvre de projets s’en trouvent encore simplifiées, avec des coûts rationalisés, donc diminués plus encore.

Tokéniser un fonds d’aide pourrait ainsi être un excellent moyen de le mettre en œuvre, tout en minimisant les coûts, favorisant de meilleurs services avec les automatisations et autres digitalisations, offrant une meilleure liquidité et favorisant l’entrée d’un plus grand nombre d’investisseurs (ou donateurs).

Par ailleurs, le financement d’une entreprise via un fonds nécessite un travail amont de due diligence, or celui-ci a un coût (et est chronophage). La blockchain pourrait à nouveau être utile en permettant qu’au fil des aides consenties à telle société, sa capacité à tenir ses engagements de remboursement soit enregistrée de manière probante sur une blockchain. Ceci lui créerait un historique consultable de crédit qui compléterait son dossier pour simplifier les due diligences ultérieures en cas de nouvelles demandes de financement. À la clé : toujours plus d’économies, dans l’intérêt de la réduction des taux d’intérêt de remboursement.

Il est salué ici la dynamique actuelle en Afrique où des Task Forces et Do-Tanks sont très actifs pour repenser le nouveau paradigme post-Covid. L’Union Africaine et de multiples organisations panafricaines sont à pied d’œuvre, dont EiC Corporation qui travaille avec la plateforme de tokénisation de Talium à la mise en place d’un fonds d’aide aux entreprises en difficulté et d’un outil de type microfinance (prêts pour BFR).

La tokénisation est d’autant plus une alternative intéressante aux financements classiques qu’elle peut aussi couvrir les projets moins matures (que les banques ne financent souvent pas) et peut pallier le manque de fonds de private equity en Afrique (uniquement 200 structures, soit l’équivalent de la France seule – avec une forte concentration en Afrique anglophone – et s’adressant plutôt à des projets très matures aux deals moyens de 16 M€).
Il faudra certes prévoir que le droit OHADA évolue, lui qui offre aux acteurs économiques d’Afrique sub- saharienne et aux investisseurs étrangers le cadre juridique pour favoriser les investissements et le développement économique, mais certains s’emploient déjà à s’inspirer de la remarquable dynamique, en France, en faveur des actifs digitaux et orchestrée par l’Autorité des Marchés Financiers (décret DEEP, loi PACTE...).

On remarquera enfin que l’enrôlement d’investisseurs peut aussi être stimulé en les laissant désigner les secteurs qu’ils veulent aider en priorité ou exclusivité (RSE, agriculture, refus de financer certaines activités, etc.). Les propriétés de traçabilité offertes par la blockchain sont toutes désignées et leur traitement fait l’objet du point 3, infra.

2. Garantie de règlement
des factures

La protection des petites entreprises passe aussi par la garantie que leurs prestations seront payées. Or, les situations de crise sont propices aux prolongements sans visibilité des délais de règlement, voire pire, à des non-paiements quand une entreprise fait faillite.

Pour s’en prémunir, le fonds d’aide pourrait « payer » les entreprises aidées en jetons d’une blockchain (tokens) échangeables auprès du fonds contre de l’argent fiat, puis ces entreprises pourraient elles-mêmes payer leurs sous-traitants en tokens, et ainsi de suite. Les tokens seraient transférés à commande mais ne deviendraient échangeables qu’à livraison de prestation. Ainsi, non seulement tous les acteurs seraient payés sans délais, mais aussi la faillite d’une entreprise n’empêcherait pas ses sous-traitants d’être réglés.

3. Accès à indicateurs fiables
sur l’utilisation des fonds d’aide

Des indicateurs crédibles sont nécessaires pour améliorer la bonne allocation et l’efficacité sur le terrain des fonds d’aide, notamment pour valider la correspondance entre les objectifs justifiants de ces fonds et la réalité de leur utilisation. Ceci permet également de favoriser l’enrôlement d’investisseurs en leur donnant confiance sur l’utilité des fonds.

Pourtant, pour aussi cruciale qu’elle soit, cette visibilité peut être complexe à obtenir dans certains pays ou écosystèmes où elle peut être perçue comme forme d’ingérence, au point de freiner la mise en place du fonds. S’il devenait possible de contrôler strictement, sans que cela soit manipulable, qui accède à quel niveau de détails des données du terrain, qui peut ordonner des traitements dessus (IA, reporting, calcul...) ou qui n’accède qu’à leurs résultats, alors les possibilités d’avancer seraient toutes autres.
Ceci permettrait par exemple que certains (ex : autorités locales) aient accès à tout, quand d’autres (ex : investisseurs ou donateurs) n’accéderaient qu’à certains reportings avec les seuls indicateurs tolérés par les diverses parties prenantes.

L’heureuse nouvelle est que ce scénario est aujourd’hui techniquement faisable en combinant la blockchain, pour la gouvernance infalsifiable des droits d’accès aux données pilotée via smart contract, aux technologies de cryptographie appliquée. Ces dernières protègent la confidentialité des données avec des algorithmes tel le Secret Sharing pour la protection des clés de chiffrement, ou l’utilisation d’enclaves comme Intel® SGX pour créer des environnements d’exécution sécurisés (Trusted Execution Environment, TEE) où les programmes sont exécutés de manière strictement confidentielle.

Ces démarches permettent d’envisager la mise en place d’indicateurs fiables sans crainte d’ingérence et respectant toutes autres exigences de confidentialité (RGPD...).

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À PROPOS

- TALIUM est une société d’ingénierie article experte de la blockchain et éditrice d’une plateforme SaaS de tokénisation facilitant l’émission et la gestion du cycle de vie complet d’actifs digitalisés.
- EIC Corporation est un Do-Tank international de coopération économique et de développement réunissant investisseurs, opérateurs économiques, universitaires et acteurs de la société.
- DACSO est une société de développement commercial et de trading physique (courtage/négoce).

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